Du jour au lendemain, des milliers de personnes ont perdu leur gagne-pain.

« La crise de la COVID-19 devrait nous faire réaliser que la vie de n’importe qui peut basculer dans un éternuement»

Elles se retrouvent en congé forcé, sans salaire. Une situation hors de leur contrôle. Un virus nommé COVID-19 a pris les commandes de leur vie. Comme ces gens ont encore besoin de manger et de se payer un toit, entre autres, les gouvernements volent à leur rescousse. Et pas seulement les gouvernements. Un tsunami de générosité déferle pour calmer les ventres affamés et réduire la pression sur les portefeuilles dégarnis.

Je salue cette fraternelle solidarité. Ce qui me lève le cœur, ce sont les doigts pointés vers un groupe de personnes qu’on fourre dans le même panier à préjugés : les « BS ».

J’ai vu circuler sur les réseaux sociaux des « blagues » tellement méchantes sur les assistés sociaux. Des niaiseries qui les dépeignent comme une bande d’abuseurs, de profiteurs et de paresseux.

J’en ai dans mon entourage et aucun ne correspond à ça. Ce sont des gens vaillants, brillants, aimables, généreux, adorables. C’est juste que, dans leur cas, la misère n’a pas attendu le coronavirus pour leur sauter dessus. Comme dit ma Dulcinée, ils ne sont pas nés avec la bonne carte de bingo.

Ils travaillaient, avaient une vie « normale ». La maladie et diverses circonstances les ont poussés dans le filet social.

Ils ne veulent pas de votre pitié. Ni même de votre argent. Ils ne veulent pas « dépendre des autres » même quand leur Frigidaire est vide parce qu’il n’y avait plus rien d’abordable à l’épicerie. Ça coûte cher être pauvre. Avez-vous remarqué qu’il faut généralement acheter deux ou trois boîtes d’un produit pour avoir droit à un rabais à l’épicerie ? Quand tu vis seul et que tu n’as pas d’auto pour transporter ta commande, t’achètes des petites quantités. Tu payes plus cher. T’en as moins pour ton argent. Et s’il reste juste des gros paquets de boeuf haché à 12 $, tu t’en passes.

Les prestations d’urgence offertes par le gouvernement fédéral portent aussi à réfléchir. 2000 $ par mois. Si le gouvernement offre ce montant, il doit bien être nécessaire pour vivre décemment.

Or, le montant de l’aide sociale avec lequel des bénéficiaires composent est de 700 $ par mois. Une fois acquitté le loyer de 440 $, il n’en reste pas épais pour manger et s’acheter une carte Opus pour aller faire des « applications ».

La crise de la COVID-19 devrait nous faire réaliser que la vie de n’importe qui peut basculer dans un éternuement. En matière de « BS », on en est tous : bon Samaritain ou beau salaud…