Un nouvel atelier communautaire de réparation de vélos vient de voir le jour dans l’ancien restaurant Il Vicino à Châteauguay. Baptisée Le Tri-cycle, cette initiative vise à redonner une nouvelle vie à des vélos inutilisés tout en permettant à des personnes marginalisées de retrouver une expérience sur le marché du travail.

C’est la Fédération régionale des OSBL d’habitation de la Montérégie et de l’Estrie (FROHME) qui est derrière ce projet. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’atelier est dans l’ancien restaurant Il Vicino sur le boulevard Saint-Jean-Baptiste, qui est également le site des studios Kwé 55 destinés à des personnes en situation d’itinérance.

Jusqu’à maintenant, l’équipe du Tri-cycle a récupéré 119 vélos. De ce nombre, 48 ont été réparés de A à Z et 13 ont été recyclés. La chargée de projet Suzie Genest explique qu’aucune partie du vélo n’est perdue. Les vélos irréparables sont démontés et les pièces sont recyclées à l’écocentre de Saint-Constant, dont l’organisme Le Partage est le gestionnaire.

 Le métal est revendu et les profits sont remis à l’organisme. «Maintenant, les vélos inutilisés deviennent utiles, les personnes marginalisées deviennent employées, formées et reconnues et les pièces récupérées servent à soutenir directement d’autres initiatives locales», explique Suzie Genest, chargée de projet.

Une nouvelle expérience de boulot

Les vélos sont réparés par des personnes en situation d’itinérance ou instabilité résidentielle. Certains sont résidents du Kwé 55. Ce projet leur permet de retrouver une expérience de travail, souvent, après une pause de plusieurs années. «Quand tu es en situation d’itinérance, c’est très difficile de travailler en même temps parce que tu ne sais pas si tu vas dormir. Tu ne sais pas dans quel état tu vas te réveiller parce que pour réussir à dormir dehors, ça se peut que tu sois en consommation», mentionne Mme Genest.

La dizaine de participants reçoit une subvention de 200 $ par mois, pour 20 heures de travail. Les heures supplémentaires sont considérées comme du bénévolat. L’objectif de la FROHME est que les employés aient accès un revenu supplémentaire sans qu’ils soient pénalisés pour leur aide sociale.

Comme ce serait le cas dans un autre emploi, les participants doivent respecter certaines règles, par exemple le respect de l’horaire, des autres collègues de travail et ne pas être en état de consommation.

C’est une belle expérience pour Jacques Duval, un des employés de l’atelier. «Ça nous permet de socialiser et de réintégrer le travail. Je vais pouvoir mettre ça sur mon CV et peut-être que je pourrai aller travailler dans un magasin de vélos», explique-t-il. «Ça fait seulement trois semaines [que je viens ici] et j’ai appris beaucoup de choses», a poursuivi son collègue Vladimir.

Les participants reçoivent une formation de base en réparation de vélo. D’ailleurs l’entreprise d’économie sociale Cyclo Chrome, qui s’occupe de l’entretien de la flotte de vélo Bixi à Montréal, a contribué au soutien à la formation et à l’équipement spécialisé.

Quatre points de dépôt

Les personnes qui ont un vélo inutilisé à la maison, peu importe son état, et qui souhaiteraient le donner au Tri-cycle peuvent le faire dans quatre points de dépôts établis : chez Entraide Mercier dans la ville du même nom, chez Nouvelle chance (nouveau nom du centre communautaire de Châteauguay), chez Sourire sans fin à Saint-Rémi et au complexe Le Partage à Saint-Constant.

Les vélos peuvent être remis gratuitement à une personne dans le besoin ou revendu à faible coût par un organisme partenaire.

Ce projet pilote a vu le jour grâce à une aide financière du ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale. Le financement est garanti jusqu’en avril, mais déjà la FROHME travaille à pérenniser le financement, voyant l’impact positif.