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Zone inondable : des digues à faire reconnaitre

le mercredi 23 octobre 2024
Modifié à 13 h 49 min le 23 octobre 2024
Par Valérie Lessard

vlessard@gravitemedia.com

On peut voir en bordure de la rivière Châteauguay, une butte qui agit comme digue. (Photo: Le Soleil – Denis Germain)

Dans la nouvelle carte préliminaire des zones inondables rendue publique par la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), environ 400 résidences de Châteauguay se retrouvent en zone inondable bien qu’elles soient protégées par une digue. La Ville de Châteauguay, comme d’autres municipalités au Québec, demande au gouvernement provincial de reconnaitre rapidement l’utilité de ces ouvrages pour éviter des conséquences importantes aux propriétaires habitant ces secteurs.

Le gouvernement du Québec est en voie de moderniser son cadre réglementaire sur les milieux hydriques et les zones inondables. La nouvelle carte préliminaire a été produite par la CMM pour informer les municipalités et les citoyens et elle est «basée sur les modalités du guide méthodologique élaboré par le gouvernement du Québec, afin de leur permettre de visualiser l’impact de la proposition réglementaire sur leur territoire». Elle tient compte des inondations de 2017, 2019 et 2023 ainsi que l’effet anticipé des changements climatiques. Dans de nombreuses villes, cela veut dire qu’un nombre important de résidences seront désormais incluses en zone inondable.

Les zones hachurées sur la carte représentent les endroits où sont situées les digues à Châteauguay. (Photo : capture écran CMM)

Pour Châteauguay, le nombre de résidences en zone inondable passerait de 700 à 1100, selon le maire Éric Allard parce que les digues situées sur les boulevards Salaberry Nord et D’Youville sont, ne sont pas reconnues comme des «ouvrages de protection».

«Pour que ces ouvrages soient pris en considération, il y a une série de critères qui doivent être rencontrés et il faudra que la municipalité prenne la responsabilité de ces ouvrages-là», explique Brent Edwards, chef d’équipe au Bureau de projet de gestion des risques d’inondations à la CMM. C’est le ministère de l’Environnement qui approuvera les ouvrages.

Éviter l’effet yo-yo

La CMM souligne dans son mémoire que cette façon de faire génère de l’inquiétude pour les populations situées près des ouvrages. «Il faut éviter que de façon temporaire des gens se retrouvent en zone de risqué élevé et que un an ou deux après, une fois que le gouvernement approuve le tout, on bascule tout le monde en zone faible. Il faut éviter cet espèce de yo-yo», fait valoir M. Edwards.

Même discours du côté du maire de Châteauguay. «Si on met des digues et on les entretient, c’est sécuritaire. Il n’y a pas de raison qu’on ne  les reconnaisse», mentionne M. Allard en entrevue. Le maire assure que les digues dans la municipalité sont entretenues. «On a entrepris des travaux de conformité de l’entretien de la digue. On est là-dedans parce qu’on avait trouvé une petite brèche où il y avait un peu d’écoulement qui se faisait. C’est réparé», indique-t-il. 

La Ville de Châteauguay a d'ailleurs adopté une résolution au conseil municipal du 21 octobre demandant une reconnaissance de ses ouvrages de protection.

Auparavant, les zones inondables étaient classées selon des zones de grand courant (zone 0-20 ans) et de faible courant (zone de récurrence 20-100 ans). Dans le premier cas, cela voulait dire qu’il y avait 5% d’être inondé chaque année tandis que la deuxième, cela représentait un risque de 1 %. Dans la nouvelle réglementation, il y aura quatre zones allant de faible à très élevé.

Les changements climatiques sont également pris en compte dans les nouveaux calculs. M. Edwards cite en exemple le lac Saint-Louis, dont la hauteur de l’eau est contrôlée par le barrage à Cornwall. «Il n’y a pas eu d’inondations majeures depuis les années 1970 dans le lac Saint-Louis grâce à cette gestion, mais pour le futur, avec les changements climatiques il va y avoir plus d’eau, plus d’événements extrêmes, c’est possible que cette gestion ne soit pas adéquate pour gérer toute cette eau», explique-t-il.