Vols à répétition à la banque alimentaire Saint-Vincent-de-Paul
Quatre entrées par effraction ont été commises dans le garage du presbytère de l’église Saint-Joachim, à Châteauguay, où loge l’organisme Saint-Vincent-de-Paul. Des milliers de dollars de viandes et autres denrées non-périssables se sont volatilisées. Découragée, une bénévole dénonce ouvertement ces méfaits qui, selon toute vraisemblance, seraient commis par un ancien bénévole.
Nathalie Marchand ne cache pas sa colère devant l’«injustice» que se permet un individu de dérober, à plus d’une reprise, des dons cumulés depuis la Guignolée.
«Ici, d’habitude, il y a beaucoup plus de boites que ça, lance-t-elle, en pointant quelques boites éparses, disposées dans l’une des salles du garage du presbytère. Normalement, la moitié des piles vont jusqu’au plafond.»
Beaucoup de boites ont été volées. (Photo: Le Soleil de Châteauguay - Ali Dostie)
Lorsqu’elle voit les contenants de café, conserves et autres boites de céréales empilés sur les tablettes dans une deuxième pièce, Mme Marchand considère ces étagères «dégarnies» comparativement à leur abondance habituelle à ce moment de l’année. Les produits proviennent des dons en denrées et des produits achetés grâce aux dons en argent.
Depuis, le contenu des tablettes a été vidé, par prévention. (Photo: Le Soleil de Châteauguay - Denis Germain)
En plus de ces produits divers, le voleur a fui avec tout le contenu d’un congélateur horizontal. «Il était plein à ras bord de viandes», évoque Mme Marchand, ouvrant un congélateur maintenant vide.
Le même sort a été réservé au congélateur d’un réfrigérateur : les saucisses hot-dogs qui y étaient conservées sont disparues. Dans le frigo, il ne reste que trois des nombreuses douzaines d’œufs qui le remplissaient.
Même si des serrures et cadenas ont été changés depuis les premiers méfaits, ils ont été brisés et forcés. Des traces d’infraction sont bien visibles sur les portes et cadres de portes.
Une barre de fer a été utilisée pour entrer. (Photo: Le Soleil de Châteauguay - Denis Germain)
Un cadenas a été brisé. (Photo: Le Soleil de Châteauguay - Denis Germain)
Depuis, toutes les denrées ont été relocalisées ailleurs, par mesure de précaution. Mme Marchand souhaiterait vivement trouver un nouveau local pour héberger la Saint-Vincent-de-Paul, alors que les installations sont désuètes. Ses démarches n’ont jusqu’ici malheureusement pas porté fruit.
Et des insultes
Deux plaintes ont d’abord été déposées au Service de police de Châteauguay, les 24 et 30 juillet.
Lors de la visite du Soleil de Châteauguay, Mme Marchand a aussi eu la surprise de découvrir une note d’insultes, laissée par le malfaiteur. «Je suis tellement choquée. Je trouve ça déplorable. On est tous bénévoles, on le fait pour aider nos prochains», dénonce-t-elle.
À la vue de ces mots écrits sur une feuille qui sert à recenser les détails des demandes d’aide alimentaire, Mme Marchand a contacté les policiers.
Cette troisième plainte a permis de confirmer qu’il y avait eu quatre entrées par effraction, en tout. «Les barres sur la porte d’entrée n’étaient pas là avant. Hier, on avait mis un cadenas sur l’autre porte, et là, il n’y en avait plus», décrit-elle.
Des copeaux de bois qui jonchent le sol au bas d’une porte intérieure montrent que le cadre a été brisé pour y entrer.
Michel Miller, un autre bénévole, avait pris des photos la veille de l’ensemble des étagères, ce qui lui a permis de constater qu’il manque des denrées supplémentaires.
«Il est parti avec des contenants de café, des grosses boites de pâte à dent, du papier de toilettes», énumère Mme Marchand, à propos de ce récent épisode.
Ancien bénévole?
La présence de la voiture d’un ancien bénévole sur les lieux a tourné les soupçons vers cet individu, qui a intégré l’équipe en 2022.
Une hypothèse qui confirmerait aussi pourquoi certaines denrées se volatilisaient depuis quelques temps. «Au cours de l’hiver, des choses disparaissaient des tablettes de manière anormale. De la sauce à spaghetti, des céréales», se remémore Michel Miller.
Aucune trace d’infraction à ce moment, mais le bénévole avait une clé des lieux.
Un autre bénévole l’aurait aussi vu voler des items. Mais sans preuve vidéo, il est pour l’instant impossible d’effectuer une arrestation.
Nathalie Marchand admet que ces vols à répétition ébranlent l’équipe. «Il y a des bénévoles qui pleuraient tantôt. Ç’a beaucoup d’impact», relate-t-elle.
La Saint-Vincent-de-Paul organise la guignolée chaque temps des fêtes. Elle distribue aussi des denrées à d’autres organismes comme la Banque de nourriture de Châteauguay (Foodbank) et l’Étincelle communautaire du grand Châteauguay. L’organisme reçoit environ 350 demandes par année. «On est un pilier dans la communauté», fait valoir Mme Marchand.
Elle espère que l’enquête policière mènera à une arrestation, ou à tout le moins que le malfaiteur cessera de s’en prendre à un organisme qui vient en aide aux personnes dans le besoin.
Nathalie Marchand (Photo : Le Soleil de Châteauguay - Denis Germain)