Vandalisme et retards de déneigement : les cols bleus et la Ville devant le tribunal
La Ville de Châteauguay et ses cols bleus sont convoqués au Tribunal administratif du travail le 8 février pour régler leur litige à propos du chargement de la neige. Depuis au moins deux semaines, les opérations de déneigement sont fortement perturbées, au grand dam des citoyens.
Le 4 février, la Municipalité a demandé au Tribunal d’intervenir afin de faire «cesser les moyens de pression qu’elle qualifie d’illégaux et qui seraient exercés par certains de ses salariés cols bleus».
D’après la Ville, les opérations de déneigements ont dû être annulées chaque jour depuis le 31 janvier en raison du refus des opérateurs de souffleuses d’effectuer un retour au travail lors des opérations de nuit. De plus, Châteauguay affirme que les cols bleus se sont entendus pour refuser d’effectuer toutes les heures supplémentaires pour le ramassage de la neige sur les rues et les trottoirs.
Ainsi, en date du 6 février, 50% des artères de Châteauguay étaient encore encombrées par des bancs de neige, a indiqué le maire Eric Allard en entrevue.
Vandalisme et intimidation
Selon lui, les ennuis ont commencé lorsque la Ville a décidé, il y a deux semaines, de faire appel à une clause de la convention collective stipulant que la municipalité pouvait utiliser des camions de compagnies externes pour aider au ramassage et au chargement de la neige.
«Avec les tempêtes récentes, on n’arrivait pas à voir le bout du tunnel, on a décidé alors d’utiliser cette clause et c’est là que des actes totalement inacceptables ont commencé», a-t-il indiqué au Journal.
Des barres d’aciers, qui étaient disposées dans les bancs de neige, ont endommagé certaines souffleuses. Une machine à poinçon a été détruite dans un bureau et un noeud de pendu a été retrouvé par des contremaitres dans un local, a dévoilé le maire qui n’a pas caché son indignation.
«C’est pas mal une vieille mentalité d’agir comme ça, il y a des gens qui refusent catégoriquement toute aide venant de l’extérieur de l’organisation. Ils prennent ça comme une attaque», a-t-il déploré.
De son côté, le Syndicat des cols bleus section 1299 nie toute action concertée de ses membres de refuser les heures de travail supplémentaires.
« Lors d’une rencontre en relations de travail, le syndicat et la direction se sont entendus sur l’encadrement du soufflage. On avait trouvé des solutions, mais malgré cela, la Ville a voulu faire à sa tête et ils ont appelé le privé pour effectuer du travail», a répondu pour sa part, Marie-Christine Morin, conseillère syndicale du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP).
Mme Morin a indiqué qu’elle discutera avec plaisir de cette situation au Tribunal administratif du travail.
Un noeud coulant a été retrouvé par des contremaîtres dans un local. (Photo: gracieuseté - Ville de Châteauguay)
Une barre d'acier a endommagé un véhicule de déneigement. (Photo: gracieuseté - Ville de Châteauguay)
Grève illégale?
Dans son document, le tribunal administratif indique que puisque la Ville et le Syndicat sont liés par une convention collective jusqu’au 31 décembre 2023, les travailleurs n’ont pas le droit de faire la grève ou de faire usage de moyens de pression.
«Lorsque le droit de grève n’est pas acquis dans les services publics, le Tribunal doit s’assurer que le public reçoit le service auquel il a droit», a déclaré Mylène Alder, la juge administrative responsable du dossier.
Grogne citoyenne
Du côté des résidents, l’impatience et l’incompréhension se faire sentir. Sur les réseaux sociaux, ils ont été nombreux à faire part de leur agacement concernant des amoncellements de neige qui n’avaient toujours pas été enlevés par les équipes de la voirie.
C’est le cas chez Denis Sauvé, un résident de la rue Lajoie. «Ma rue et toutes celles avoisinantes n’ont jamais été déneigées une seule fois depuis le début de l’hiver, la neige n’est pas ramassée, à qui faut-il que l’on parle pour que ça bouge enfin?» s’est-il indigné.
Selon lui, ses nombreux appels à la Ville ces dernières semaines n’ont jamais débouché.
Le Journal avait d’ailleurs questionné la Ville sur la lenteur du déneigement il y a quelques jours, mais elle n’avait pas abordé le sujet du conflit de travail qui l’opposait alors à ses cols bleus. Elle s'était contentée de dire que les grandes quantités de neige et les voitures garées dans la rue ralentissaient les opérations.