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Une école pour adultes avec des troubles neurodéveloppementaux

Il y a 18 heures
Modifié à 16 h 31 min le 18 septembre 2024
Par Tristan Ouimet

touimet@gravitemedia.com

Une partie des élèves de l’école-entreprise de L’Hôtel Manoir D’Youville avec Marie-Ève Longtin, leur enseignante (au centre). (Photo : Le Soleil – Tristan Ouimet)

L’Hôtel Manoir D’Youville, en collaboration avec le Centre de formation générale aux adultes des Grandes-Seigneuries, annonce l’ouverture imminente de son école-entreprise destinée aux personnes qui vivent avec le trouble du sceptre de l’autisme (TSA) ou d’une déficience intellectuelle légère. La rentrée se fera le 31 octobre, où dix élèves apprendront notamment des notions essentielles au quotidien et au marché du travail.

«C’est une première au Québec et on pense même au Canada [qu’un établissement hôtelier propose un tel programme]», évoque Jean-Martin Côté, directeur général de l'Hôtel Manoir D'Youville. 

Un aperçu de la classe de l’école-entreprise. (Photo : Le Soleil – Tristan Ouimet)

La formule est simple ; les écoliers seront en classe trois fois par semaine, soit les mardis, mercredis et vendredis, sur une durée de huit mois (octobre à juin).

Encadrés par une enseignante dédiée, ils bénéficieront également d'un accompagnement personnalisé. 

«Je vais leur enseigner des compétences et des habiletés reliées non seulement au marché du travail, mais aussi sur l’entretien d’un premier appartement ou comment faire un budget», fait savoir Marie-Ève Longtin, enseignante des dix élèves.

En plus des notions théoriques, ceux-ci travailleront aussi dans différents départements du Manoir pour expérimenter davantage le marché du travail.

Les employés les encadreront et leur donneront ainsi des tâches, à titre d’exemples, dans la cuisine ou à l’entretien ménager ; une initiative qui a déjà été réalisé, en octobre 2023, alors que des élèves travaillaient au manoir, chaque mercredi. 

Jean-Martin Côté, directeur général de l'Hôtel Manoir D'Youville. (Photo : Le Soleil – Tristan Ouimet)

«On a fait le test l’an dernier et c’est incroyable à quel point les élèves se sont intégrés, explique M. Côté. Si leur estime de soi a grandi, c’est de la musique à mes oreilles. Au Manoir, on avait déjà un côté intégration très fort et on voulait monter de niveau [avec l’école].»

Le parcours académique permettra également aux élèves de développer des compétences, comme le travail en équipe ou le professionnalisme, en plus de renforcer leur motivation, leur autonomie, leur confiance et leur estime de soi, précise l’organisation du Manoir. 

Des élèves motivés

En entrevue avec Gravité Média, Louis-Philippe Terriault, Marie Therrien, Camille Huneault et Alexandre Lepage confient être excités à l’idée de venir apprendre à l’école-entreprise.

Louis-Philippe Terriault, élève. (Photo : Le Soleil – Tristan Ouimet)

Louis-Philippe s’attend à ce que l’école lui permette de pousser davantage sa persévérance ; une aptitude qu’il a su développer en accomplissant des tâches au Manoir D’Youville. 

«Le travail au Manoir a valorisé mon sens de l’initiative et d’améliorer ma persévérance, explique-t-il. Je ne lâche pas tant que je n’ai pas fini ma tâche. Oh que oui, j’ai très hâte de commencer l’école! J’ai une super professeure et des super élèves.»

Marie Therrien, élève. (Photo : Le Soleil – Tristan Ouimet)

Marie, quant à elle, a «très hâte» d’apprendre à vivre en appartement, les mathématiques et «plein d’autres choses».

«J’aime travailler au Manoir, faire de la cuisine, et cela m’a permis d’avoir une confiance en moi», spécifie-t-elle. 

Camille Huneault, élève. (Photo : Le Soleil – Tristan Ouimet)

Camille est convaincue que ce parcours académique l’aidera dans son travail. L’école permettra aussi à celle qui vit dans son premier appartement de développer davantage des compétences, notamment pour vivre en communauté.

Alexandre Lepage, élève. (Photo : Le Soleil – Tristan Ouimet)

Alexandre a hâte à la rentrée, puisque pour lui, les autres écoles auxquelles il a étudié dans le passé, ne lui ont pas appris des notions sur le marché du travail ou la vie quotidienne.   

À long terme

Jean-Martin Côté est ouvert à éventuellement intégrer davantage d’élèves à cette école.

L’Hôtel Manoir D’Youville envisage également à long terme «de diversifier les compétences enseignées et d'étendre le programme à d'autres secteurs de l'hôtellerie et de la restauration».

«Je trouve que ces élèves manquaient de visibilité et n’étaient pas vraiment mis en valeur en entreprise ou dans l’hôtellerie, conclut M. Côté. Tout le monde a le droit à sa place.»