Un couple ouvre à Châteauguay une épicerie zéro déchet et multiculturelle

En pleine pandémie, Bintou Diallo et Samba Félix Diop ont ouvert en mars à Châteauguay un petit commerce de produits en vrac. Avec sa poudre de baobab, ses épices, ses variétés de riz, de café, de noix, de tisanes et bien d’autres, le Marché du Château conjugue alimentation, écologie et échanges culturels, selon ses propriétaires originaires du Sénégal. Occupant chacun un emploi à l’extérieur du magasin et parents de trois enfants, Mme Diallo et M. Diop ont un agenda bien rempli. Voici leurs réponses à quelques questions du Soleil de Châteauguay. [caption id="attachment_102476" align="alignnone" width="2560"] Les clients doivent apporter leurs propres contenants. (Photo Michel Thibault)[/caption]

Vous êtes originaires du Sénégal. Dans quelles circonstances avez-vous avez émigré au Canada ?

Samba Félix : En 2001 je quittais mon pays natal le Sénégal pour la France dans le cadre de mes études universitaires à Marseille. Après 7 années passées en France, un diplôme d’ingénierie mécanique en poche, j’émigrais au Canada en octobre 2008. En 2008 la situation économique a commencé à se détériorer un peu partout dans le monde. Je venais de finir mon premier contrat de travail à Paris et s’en était suivi plusieurs mois de recherche d’emploi infructueux. Je décidais alors de venir tenter ma chance au Québec, comme beaucoup d’autres jeunes Français à l’époque. Bintou : Je suis arrivée au Québec dans le cadre d’un regroupement familial en décembre 2008, je venais directement du Sénégal.

Quel a été votre cheminement de votre arrivée au Canada jusqu’à l’ouverture de votre commerce ? Où avez-vous habité ? Étudié ? Travaillé ?

SF : Depuis plus de 10 ans je travaille comme analyste développeur en technologies de l’information. Je suis actuellement en train de finaliser une maîtrise en gouvernance audit et sécurité des TI à l’Université de Sherbrooke (en rédaction de mon mémoire). Bintou : Dès mon arrivée, je me suis directement inscrite à l’UQAM en janvier 2009 pour un BAC en science politique, puis j’ai fait une maitrise en études politiques appliquées à l’Université de Sherbrooke et un MBA plus que la moitié complétée. Actuellement, je suis entrain de finaliser un Certificat en gestion philanthropique à l’UdeM. J’ai 10 ans d’expérience dans le domaine de la philanthropie, recherche de financement. Actuellement, je travaille à la Fondation Papillon comme responsable au financement et je suis membre du CA de l’Action Cancer du Sein du Québec depuis 2018. Nous habitons depuis trois années à la ville de Mercier, et habitions à Montréal à l’Ile des sœurs avant. [caption id="attachment_102482" align="alignnone" width="2560"] Maïs, flocons d'avoine et autres. (Photo Michel Thibault)[/caption]

Est-ce que le Marché du Château est une première expérience d’entrepreneuriat pour vous ?  Si oui, qu’est-ce que ça représente pour vous de vous lancer en affaires ?

Le Marché du Château est notre première expérience accomplie d’entrepreneuriat. Nous avons pu le mettre en place après une année complète de travail de planification, de démarches, etc. c’est une entreprise qui reflète beaucoup nos valeurs. Nous avons voulu avoir une épicerie inclusive, où il est possible de trouver les produits pour toutes les communautés culturelles. Notre objectif est d’être le pont reliant les différentes cultures, promouvoir l’inclusion et l’ouverture.

Pourquoi avoir choisi le domaine du vrac ?

Le vrac est un outil formidable de réduction des déchets, de réduction du gaspillage et par conséquent de réalisation d’économies substantielles. Nous voulons inciter nos clients à réutiliser leurs contenants. Par exemple, nous avons tous acheté des pots en verre de sauce tomate ou de moutarde, ces pots une fois bien lavés peuvent servir de contenant pour du café, des graines, des légumineuses, etc. C’est exactement là où nous voulons amener nos clients, à avoir le réflexe de réutiliser leurs contenant le plus longtemps possible donc de réduire les déchets ménagers.   [caption id="attachment_102484" align="alignnone" width="2560"] Samba Félix Diop servant un client[/caption]  

En cette période de pandémie, quels ont été les étapes et défis pour démarrer votre entreprise ?

La pandémie de la covid19 avec les restrictions sociales qu’elle induit et la situation sanitaire délétère a eu pour nous des aspects positifs. Nous avons commencé à mûrir le projet du Marché du château au début du confinement en mars 2020, car nous avions plus de temps sans activités. Nous avions procédé aux démarches administratives de création de notre entreprise, puis la rédaction de notre plan d’affaire, la réalisation d’un sondage d’opinion dans la région, la complétion du financement des activités, la recherche de local, les rénovations, l’achat des présentoirs, l’achat des fournitures en général, etc. [caption id="attachment_102485" align="alignnone" width="2560"] Bintou Diallo affairée à remplir un pot apporté par un client.[/caption]

Comment fonctionnez-vous pour servir les clients ?

Nous remplissons les produits pour nos clients, pour respecter les consignes de la santé publique en ce qui concerne les pelles. Les clients peuvent se servir avec les silos et nous les désinfectons entre les passages.

Quels sont les avantages du vrac pour les consommateurs ?

Les avantages sont nombreux comme mentionné un peu plus haut, le vrac est un choix de consommer, nous dirons même un mode de vivre en décidant d’acheter moins et mieux, on économise tout en protégeant notre environnement.

D’où viennent vos produits ?

Tous nos fournisseurs sont au Québec même si les produits sont d’origine très diverses.

À qui s’adressent-ils ?

Tout le monde, toutes les communautés, nous nous voulons inclusifs. Le Marché du Château est une épicerie inclusive.

Qu’est-ce que votre boutique représente pour vous ?

Un accomplissement, nous nous sommes démenés durant une année pour enfin voir le résultat, nous avons mis en place une structure que nous pensons utile pour la société, mais aussi un véhicule de partage idéologique (pour l’environnement) et culturel (par la diversité de nos produits).

Combien de personnes y travaillent ?

Nous avons une employée en temps plein et nous-même.

Comment conciliez-vous travail et famille ?

Nous avons trois merveilleux enfants qui sont aussi excités que nous pour notre épicerie. Nous avons engagé une employée pour aussi avoir du temps pour nos enfants et pour continuer nos travails respectifs car nos domaines de travail aussi nous passionnent. (Le Marché du Château est situé au 259, boulevard D'Anjou)