Terre Faubert : une pétition de 3700 noms contre son développement
Le comité citoyen Sauvons la terre à Faubert a remis une pétition de plus de 3700 noms au conseil municipal de Châteauguay lundi. Les signataires demandent à la Ville de protéger le terrain boisé qui contient des milieux humides «contre toute destruction ou développement résidentiels futurs». Une consultation publique à ce sujet est prévue le 20 juin, a annoncé la Ville. Elle y entendra les citoyens et présentera le projet préliminaire du plan particulier d'urbanisme (PPU) qui encadrera le développement du secteur.
Le comité citoyen reproche, entre autres, à la Ville de Châteauguay son manque de transparence et d’information sur le développement du terrain qui longe l’autoroute 30 entre les boulevards Saint-Jean-Baptiste et Pierre-Boursier. Jusqu’à maintenant, aucun projet concret quant au nombre d’unités projeté ou à la forme que prendra le développement n’a été présenté aux citoyens. Dans une résolution de la Ville qui date de juin 2023, il est question d’une «densité minimale de 100 logements à l’hectare».
Vue aérienne de la terre Faubert. (Photo : gracieuseté)
«On a obtenu 488 signatures au porte-à-porte seulement dans le quartier des musiciens [voisin du terrain en question] en plus des 3200 signatures sur la pétition en ligne. Je pense que ça démontre l’importance d’être plus transparent par rapport à tout ça. Les gens sont contre le développement de ce terrain-là», a exprimé le citoyen Jean-Guy Tremblay en déposant la pétition.
Le maire Eric Allard a reçu la pétition et a suggéré au groupe d’en envoyer une copie au ministère de l’Environnement, puisque la protection des milieux humides est sous sa juridiction.
«On a vraiment l’intention de respecter la réglementation de ce que le ministère de l’Environnement décide. On est très favorable à protéger les milieux humides d’intérêt, il n’y a aucun doute là-dessus», a répondu M. Allard. Plus tard dans la soirée, le maire a répété que le boisé ne sera pas complètement détruit.
«Notre objectif, ce n’est pas de raser complètement le boisé. J’aimerais ça que les gens qui répandent cette info-là arrêtent. Je suis persuadé qu’il y a moyen de faire des choses intéressantes dans un développement durable et que ce soit intéressant pour tout le monde», a-t-il rétorqué.
L’encadrement du PPU
Le maire se défend aussi de ne pas consulter la population pour la terre Faubert. Il affirme que le processus de plan particulier d’urbanisme vise au contraire à prendre le pouls de la population et d’encadrer le développement dans ce secteur. «Est-ce qu’on veut de la densification plus haute, de la densification légère, où est-ce qu’on veut la protection des espaces verts, des parcs ? Est-ce qu’on veut des sentiers ? Comment on veut organiser le secteur ?» a-t-il expliqué.
M. Allard a également évoqué que le PPU permettra à la Ville d’exproprier des terrains si nécessaire. «Ultimement, on aimerait ça qu’il y ait un accès via le boulevard Saint-Jean-Baptiste pour limiter la circulation dans le secteur existant», a-t-il dit en ajoutant que la construction se ferait en plusieurs phases sur un horizon de 10 ans.
Le premier calendrier des étapes présenté aux citoyens cet hiver prévoyait une adoption du PPU au début du mois de juillet. Le maire a indiqué au conseil municipal du 13 mai que l’adoption n’ira pas avant l’automne.
Remboursement du PPU : le promoteur retire son offre
La Ville a annoncé au conseil lundi que le promoteur du projet a retiré son offre de payer les frais de l’étude du PPU. «C’est triste parce qu’on a perdu la possibilité de récupérer jusqu’à 100 000 $», a commenté le maire.
La semaine dernière, le média Pivot a questionné Danielle Pilette, professeure associée au département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l’UQAM sur cette pratique qu’elle jugeait «hautement critiquable». Elle est d’avis que la Commission municipale du Québec devrait se pencher sur la question.
La Ville avait répondu à Pivot qu’il n’y avait pas de conflit d’intérêts puisque le promoteur n’avait aucun droit de regard dans le processus d’élaboration du plan particulier d’urbanisme.
Questionné à ce sujet par le Journal, le président de AI Développement immobilier Louis Conrad Migneault, qui figure comme un des administrateurs de la compagnie propriétaire de la terre Faubert, dit avoir initialement fait cette proposition puisqu’ils «étaient conscients de l’importance pour les municipalités de minimiser leurs dépenses».
«Cette proposition émanait d'une volonté sincère de soutien envers la Ville. Dans le contexte, nous avons pris la décision de retirer notre offre de remboursement», écrit M. Migneault dans un courriel.
Il a indiqué que son entreprise ne commentera pas davantage le dossier de la terre Faubert, souhaitant laisser la Ville réaliser son PPU.
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