Santé mentale : des parents endeuillés réclament un meilleur accès aux soins
Bien malgré eux, les parents de Christine Caron, une jeune femme de 25 ans qui s’est enlevée la vie après deux visites aux urgences à l’Hôpital Anna-Laberge à Châteauguay, sont devenu des porte-parole pour réclamer un meilleur accès aux soins en matière de santé mentale.
«On essaie de porter le message de Christine et de faire bouger les choses. C’est ce qu’elle aurait voulu», rapporte au Soleil de Châteauguay son père Stéphane Caron.
Au moment de l’entrevue, le 26 janvier, il venait de discuter avec Lionel Carmant, ministre québécois responsable des services sociaux. Ce dernier a écouté son histoire et lui a parlé notamment de l’idée d’étendre des cellules de crise dédiées à la santé mentale.
Les derniers jours ont été éprouvants pour M. Caron et son épouse, qui ont accordé deux entrevues à des médias montréalais pour dénoncer le fait que leur fille n’a pas eu accès à des soins de santé.
Souffrant du trouble de la personnalité limite, Christine Caron s’est présentée à l’hôpital une première fois le 10 décembre parce qu’elle avait des idées noires et souhaitait être hospitalisée. Après y être restée une nuit, elle est retournée à la maison.
«Ils [les travailleurs du système de santé] se déchargent. Ils ont demandé à mon épouse si on allait être capables de la surveiller. Mais on n’est pas psychologue ni psychiatre», raconte le Châteauguois qui se sentait mal outillé malgré tout son amour pour sa fille.
Christine Caron est retournée à l’hôpital le soir même, toujours aussi mal en point. Elle a séjourné cette fois quatre jours à l’urgence. Elle n’a pas pu non plus être prise en charge par un centre de crise.
«Qu’est-ce qu’il faut mettre en place? On ne saura jamais pourquoi elle n’a pas été hospitalisée en psychiatrie.»
- Stéphane Caron, père
Il reproche que le personnel médical, débordé, ne sache pas comment intervenir en santé mentale.
«Notre fille était en grave danger de mort et elle avait besoin d’être protégée. Elle aurait dû être soignée au même titre que quelqu’un qui a fait un infarctus», dit-il.
Un médecin de l’urgence aurait tourné au ridicule ses pensées suicidaires, a écrit leur fille dans dernière une lettre qu’elle a laissée à ses parents. Elle y mentionnait qu’elle espérait que sa mort fasse changer les choses.
«Elle était en train de se noyer et au lieu de lui donner une bouée, on lui a lancé une roche», image le papa qui a porté plainte auprès de l’hôpital.
Christine Caron a tenté de s’enlever la vie le 18 décembre, puis elle est morte trois jours plus tard après avoir été maintenue en vie artificiellement pour le don d'organes à quatre personnes.
Soutien et pétition
La députée de Québec solidaire Manon Massé – qui était l’idole de Christine Caron – a écrit sur sa page Facebook qu’elle s’engage à «lutter pour qu’on n’échappe plus personne dans les moments de crise».
Puis, une pétition appelée «Christine : ton décès va faire une différence» a été lancée en ligne sur le site change.org dans le but de récolter 1 000 signatures. C’est une initiative de Noëlle Marsh, fondatrice de la communauté TPL facebook: Les Tellement Plus que Limitées. Elle a pour but «que nos professionnels de la santé soient formés adéquatement pour accueillir un(e) TPL adéquatement lors d’une situation de crise, d’évaluer ses déclencheurs et facteurs de risque adéquatement».
En cas de besoin, les gens sont invités à contacter la ligne téléphonique provinciale de prévention du suicide 1 866 APPELLE (277-3553) ou La maison sous les arbres à Châteauguay au 1 855-450-699-5935.