La seule fois que j’ai senti que la couleur de ma peau était blanche était la fois où je vivais une belle histoire d’amitié.
Pour avoir été le yin dans le yang lors d’un souper d’amis où la nationalité majoritaire était sénégalaise, jamais je ne me suis sentie discriminée par ma couleur de peau. À cette soirée, on me voyait comme une Québécoise à part entière. Je pouvais dire mes idées et elles étaient écoutées dans le respect. C’était un bien bon souper d’Africains somptueux et délicieux. Laissez-moi vous raconter une fable. Je trouve qu’elle est tellement à propos avec l’arrivée des Syriens au Canada. En 2010, j’ai eu la chance d’aller aux Jeux olympiques d’hiver à Vancouver. Assise sur un bloc de béton dans le quartier général des festivités, un vieil homme était à côté de moi en train de sculpter des petits tomahawks en bois. Ce qu’il était habile avec son canif! Je l’ai observé pendant plusieurs minutes avant d’engager une discussion avec lui. Je lui ai demandé : Pourquoi faites-vous ce genre de sculpture, avez-vous du sang amérindien? Sa réponse a complètement changé ma perception de la vie. Savez-vous ce qu’il m’a répondu? «Nous sommes tous du même sang», a-t-il calmement répondu en coupant un autre morceau de bois. L’homme m’a demandé mon nom et a gravé les lettres «VAL» sur la petite hache avant de me donner son œuvre.
Encore aujourd’hui
Je suis touchée par la série de reportages du journaliste Christian Latreille à Radio-Canada. Il parle des ravages du racisme au Mississippi. Ce phénomène est encore présent aux États-Unis et le peuple n’en parle pratiquement pas, selon ce qui est rapporté. Des images captées montrent un musée instigué sur le site de la Plantation Whitney, le long du fleuve Mississippi, où plusieurs Noirs y ont travaillé à l’époque de l’esclavage. Une information a retenu mon attention : un seul musée est consacré à l’esclavagisme et 200 à l’Holocauste, «ces chiffres disent tout», commentait la lectrice de nouvelle Céline Galipeau après la présentation du deuxième reportage de la série.
Le racisme est une réaction de peur, selon moi. Pourquoi ne pas accepter l’autre dans sa différence? J’ai toujours vu mes rencontres avec les autres nationalités comme étant une opportunité de m’enrichir. Dès mon tout jeune âge, à l’école, nous avons été en contact avec des Africains pour qu’ils nous racontent leurs coutumes. Cette expérience m’a profondément marquée. Je me rappelle encore de la hâte qui m’habitait à l’idée de voir un Noir habillé de ses vêtements que je trouvais si beau. Leur tissu coloré, leur peau couleur café…
