chronique
Pourquoi c'est bête de nourrir un cerf
le vendredi 11 décembre 2020
Modifié à 10 h 10 min le 11 décembre 2020
Je vantais récemment le comportement des oiseaux à l’heure des repas. Des cerfs, je traiterai cette semaine.
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La région en abrite plusieurs spécimens dans le secteur de l’île Saint-Bernard en particulier. Pour en avoir croisé régulièrement, je conviens que ces bêtes sont majestueuses et attachantes. Les petites pousses d’arbres ont sans doute une opinion différente. Pour elles, le cerf est un ennemi juré qui les arrache à la vie à coups de dents. On l’a vu récemment à Longueuil. Un grand nombre de cerfs dans un espace réduit nuit à la régénération de la forêt. Des spécimens en trop ont failli finir dans les assiettes des humains. Finalement, ils seront déplacés plutôt que mangés.
On peut se réjouir de voir ces animaux graciés. Par contre, un geste rempli de bonnes intentions peut parfois engendrer de funestes conséquences. En voulant bien faire, on peut nuire à mort.
C’est le cas de ceux qui nourrissent les Cerfs de Virginie dans leur cour ou à proximité de leur demeure. Ce geste pourtant guidé par l’amour des animaux peut leur être fatal.
Fruit de l’évolution, les cerfs sont dotés d’un système digestif qui se transforme au fil des saisons pour assimiler la nourriture disponible, nous apprend le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs.
« Durant l’été, le cerf se nourrit de plantes herbacées, de ramilles d’arbustes (extrémités des branches) et de fruits. Son alimentation change progressivement à l’arrivée de l’hiver alors que les ramilles d’arbres et d’arbustes deviennent la principale source de nourriture disponible. Le système digestif du cerf optimise alors la digestion de cette nourriture riche en fibres mais pauvre en protéines et en énergie », explique le ministère.
Ainsi, le cerf ne peut digérer, par exemple, des pommes et des carottes en hiver. Ça lui donne des diarrhées et peut même le tuer. « Des cerfs en santé sont parfois trouvés morts en hiver, l’estomac plein d’aliments inadéquats », fait part le ministère.
[caption id="attachment_95782" align="alignnone" width="2560"] Un panneau prévient les conducteurs à l'entrée du boulevard René-Lévesque. (Photo Michel Thibault)[/caption]
Il énumère plusieurs autres raisons de s’abstenir de sustenter les chevreuils. La bouffe les motive à traverser des routes où ils risquent de laisser leur fourrure. Des coyotes peuvent les suivre et se répandre dans les quartiers habités.
En attirant des cerfs au même endroit pour manger, on augmente les chances de transmission de maladies et de parasites d’un animal à l’autre.
Et on accroît le risque de propagation de la maladie de Lyme. Comme chacun sait, la tique à pattes noires s’appelle aussi tique à chevreuil.
Quand on aime les cerfs, vaut mieux pour eux que les humains les admirent de loin. Ce sera pareil avec les grands-parents à Noël cette année. Vaut mieux garder nos distances pour éviter qu’un repas partagé dégénère en funérailles.