Polydium : d’inquiétants enjeux de sécurité et de santé à analyser

Taux d’humidité dépassant 70 %, taux de chlore dans l’air trop élevé, craintes au niveau de la structure du bâtiment: la Ville de Châteauguay dit ne pas avoir eu le choix de fermer d’urgence le Centre sportif Polydium, la semaine dernière. Alors qu’elle invoque des motifs de santé et de sécurité pour les usagers, ces derniers ont été nombreux à exprimer leur mécontentement au conseil municipal lundi soir.

Christiane Lavoie, une employée du Polydium depuis 20 ans, a contesté d’entrée de jeu la décision soudaine de fermer l’établissement, alors qu’il est connu depuis longtemps que le Polydium est vétuste. «Ça fait 10 ans qu’on se plaint de l’humidité. Qu’est-ce qui a changé ?» a-t-elle questionné.

Le directeur général de la Ville Karl Sacha Langlois dit avoir été mis au courant la semaine dernière de nouvelles données inquiétantes au Polydium.

Trop humide et structure en phase terminale

L’appareil Dry-O-Tron qui sert à la déshumidification de la piscine ne fonctionne qu’à 15%, a indiqué le maire Eric Allard. «On savait qu’il ne fonctionnait pas bien, mais pas à 15%», a-t-il expliqué.

Ce faisant, le taux d’humidité a dépassé 70 % dans l’immeuble. «C’est là que c’est devenu trop dangereux et que la décision a été prise de fermer», a-t-il poursuivi.

M. Langlois ajoute que le taux de chloramine dans l’air est plus prononcé qu’à l’habitude. «La chloramine est une substance très toxique pour l’être humain si elle est absorbée», a-t-il fait valoir.

En plus de ces données, le directeur général s’inquiète de la structure du bâtiment, qui aurait atteint sa fin de vie utile. «Le taux d’humidité a un impact direct sur la structure du bâtiment […].Si le système de ventilation est atteint, ça peut avoir un impact structural important au niveau de la décrépitude du bâtiment», a souligné le directeur général.

 Bien qu’il soit conscient de l’impact négatif qu’a cette fermeture sur les usagers et les employés, M. Langlois martèle que la santé et la sécurité doivent primer. «Tant et aussi longtemps que les analyses ne seront pas terminées, le bâtiment restera fermé» - le directeur général.

Le prélèvement de données devrait commencer cette semaine, mais celles-ci devront être analysées aux États-Unis, puisqu’il n’y a pas de telle expertise ici, ajoute le directeur général.

Lorsque les analyses seront complétées, la Ville prendra une décision pour l’avenir de la piscine et des autres locaux du Polydium.

Des élèves et nageurs privés de piscine

La directrice adjointe du programme sport-études de l’école secondaire Louis-Philippe-Paré Caroline Poirier a déploré cette fermeture sans préavis ainsi que l’absence de solution, pour l’instant, pour les élèves athlètes qui utilisent la piscine. Le maire a répondu que des discussions sont en cours entre la Ville et le Centre de services scolaire des Grandes-Seigneuries.

 «Vous, en avez-vous des idées?» a-t-il demandé. «On a regardé vers  Valleyfield, vers la piscine de Saint-Constant ou encore le cégep André-Laurendeau, a répondu Mme Poirier. Quand c’est une fermeture de la Ville, c’est la Ville qui devrait aussi offrir un service pour ses élèves et le Centre de services scolaire.»

Cette dernière a aussi évoqué que les déplacements vers une piscine d’une autre ville occasionneraient des coûts supplémentaires, demandant du même coup à la Ville la possibilité de réfléchir pour aider à assumer ces coûts.

Une nageuse de Châteauguay qui entraine également une quinzaine d’enfants a aussi des inquiétudes quant à l’accès au transport pour se rendre à une autre piscine en attendant. «Est-ce qu’il y aura du transport pour les nageurs qui ne sont pas en sport-études?, a-t-elle demandé. Ce ne sont pas tous les parents qui peuvent se permettre d’aller à Saint-Constant, Brossard ou Valleyfield.»

«C’est certain qu’on ne pourrait pas payer l’autobus pour tous ceux qui vont se baigner», a répondu le maire de Châteauguay en soulignant que des circuits d’autobus permettent, entre autres, d’accéder à la piscine à LaSalle.  

Pénurie de sauveteurs

Antoine Dolan, superviseur aquatique au Polydium, a quant à lui partagé sa préoccupation au sujet de la rétention de personnel dans le contexte de la pénurie actuelle de sauveteurs et moniteurs. «Tout le monde est inquiet. Si la situation perdure, c’est certain qu’il y en a qui devront se trouver un autre travail et qui ne pourront pas revenir dans l’éventualité que ça rouvre de nouveau», a-t-il dit en ajoutant qu’il y a présentement une liste de 300 personnes de Châteauguay et des environs qui attendent pour des cours de natation ou des cours privés.

Usager du gym du Polydium, Martin Baril a demandé pourquoi le gymnase était aussi fermé si les problèmes concernent surtout la piscine. Le directeur général a mentionné que les problèmes structuraux pouvaient toucher l’ensemble de l’immeuble. Sa réouverture dépendra des résultats d’analyse.