(Texte de Marie-Josée Bétournay) Maureen Bofinger, une résidente de Châteauguay, a perdu son poste des six dernières années après que le Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Ouest (CISSSMO) ait alloué le contrat d’entretien ménager de ses installations à une nouvelle entreprise, le 1er avril, à la suite d’un appel d’offres.
Mme Bofinger travaillait pour la firme Aramark, fournisseur précédent du CISSS de la Montérégie-Ouest, depuis 2012. Elle était attitrée à l’entretien du laboratoire et du département d’endoscopie de l’hôpital Anna-Laberge à Châteauguay. Elle occupait un poste 35 heures par semaine.
Le contrat d’Aramark est arrivé à échéance le 31 mars 2018, confirme Jade St-Jean, à ce moment porte-parole du CISSS de la Montérégie-Ouest. Comme il s’agit d’une entente de plus de 100 000 $, l’institution a procédé à un appel d’offres public. «Le nouveau contrat a été donné à GSF Canada puisque c’était le plus bas soumissionnaire conforme», dit Mme St-Jean. GSF Canada a signé un contrat de trois ans, avec deux options de renouvellement d’un an pour un mandat en services d’entretien et salubrité de 11 installations de l’organisation. Deux entreprises étaient du nombre des soumissionnaires. GSF Canada a obtenu le contrat pour un montant de 17 M $. La soumission d’Aramark était de 18,6 M $.
Jusqu’au 31 mars, Aramark voyait à l’entretien de six installations. Les firmes Signature service d’entretien, Entretien ménager Lyna, Service d’entretien Lagoa et Produits et services ménagers Pelletier-Villeneuve s’assuraient de la salubrité des cinq autres établissements, mentionne Dominique Fontaine, agente d’information au CISSS de la Montérégie-Ouest.
L’organisation a octroyé au total 11 contrats d’entretien à ces firmes. Neuf d’entre eux sont arrivés à échéance le 31 mars. Les deux autres contrats ont été respectés, selon le CISSS de la Montérégie-Ouest. «Un de ces deux contrats était détenu par Services d’entretien Lagoa et se terminait le 27 avril 2018. L’entreprise a effectué des services pour notre CISSS jusqu’à l’échéance du contrat. L’autre contrat détenu par Signature service d’entretien viendra à terme le 31 juillet 2018. L’entreprise exécutera des services jusqu’à cette date», précise Mme Fontaine.
Communications avec l’employeur
Dans les communications employeur-employés, Aramark aurait acheminé une première lettre au personnel le 30 octobre 2017. Le 30 janvier, Maureen Bofinger a reçu en mains propres une seconde lettre de son employeur l’avisant que la direction de l’hôpital Anna-Laberge procédait à un appel d’offres pour les services d’entretien ménager. Dans la lettre, Aramark fait part de son intention de présenter une soumission et faute de renouvellement, Mme Bofinger devait «considérer la présente comme une mise à pied définitive à la date précitée», soit le 31 mars 2018. Le lendemain, la résidente de Châteauguay était informée, dans une autre lettre, que les services d’Aramark n’avaient pas été retenus et, en conséquence, qu’elle perdait son emploi.
Maureen Bofinger raconte avoir été convoquée à deux rencontres avec le nouvel employeur, GSF Canada. À la suite du dernier entretien, Mme Bofinger précise que le nouveau fournisseur lui a proposé un emploi les fins de semaine seulement. Elle a refusé l’offre qui ne répondait pas à ses besoins. «Je ne suis pas capable. Je suis seule à travailler (son conjoint est invalide). Si je n’ai pas d’autres heures la semaine je vais faire quoi? J’ai travaillé presque six ans. On me donne deux jours par semaine. Ils ont offert 35 heures par semaine aux autres (des employés) avec qui je travaille, et ils ont la même expérience que moi. D’autres, qui ont moins d’expérience, se sont fait offrir un poste à temps plein», s’indigne-t-elle.
Le conjoint de Maureen Bofinger, Pierre Beauchemin, croit qu’elle a été délaissée en raison de sa langue maternelle, l’anglais. «Au travail, elle parle en français. Tu te poses des questions. Pourquoi deux jours par semaine alors que les autres ont des postes réguliers? Si tu regardes les événements, il reste ça (la communication). Il n’y a pas autre chose», mentionne-t-il. «Je veux travailler, mais je veux être sûre de payer mes comptes», conclut Mme Bofinger.
Une vingtaine d’emplois conservés
Annie Desjardins, porte-parole de GSF Canada, affirme que parmi la trentaine de personnes à l’emploi d’Aramark, une vingtaine d’entre elles ont conservé un poste. «On n’a pas été en mesure de reprendre l’intégralité des employés, dit-elle. Le devis du contrat n’était pas le même, les tâches non plus.» Mme Desjardins ajoute que les critères de sélection de l’entreprise diffèrent de l’ancien fournisseur.
Mme Desjardins précise que GSF Canada a rencontré les employés du secteur de l’entretien ménager des établissements du CISSS de la Montérégie-Ouest lors de journées de recrutement, d’entrevues de groupe et de journées portes-ouvertes. Le nouveau fournisseur s’est informé des disponibilités, du désir d’accomplir des travaux légers ou lourds et des préférences en matière de quarts de travail pour chacun.
GSF Canada soutient qu’à la suite des entrevues, certains travailleurs ont préféré «prendre leur retraite plutôt que de perdre leur ancienneté», devoir travailler avec un nouveau gestionnaire, revêtir un nouvel uniforme et voir leur rémunération à la baisse. D’autres ont refusé de changer de milieu de travail alors que des employés voulaient conserver leur poste de jour. «Malheureusement, on ne leur a pas donné exactement ce qu’ils avaient, ils ont décliné. Des gens étaient là depuis longtemps et envisageaient prendre la retraite là-bas. Ça leur a fauché les jambes de voir Aramark quitter», souligne Mme Desjardins en précisant que l’ancien fournisseur assurait l’entretien des lieux depuis 15 ans.
