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Opinion - La terre à Faubert: un exemple parfait de ce qu’il ne faut plus faire!

Il y a 7 heures
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Plusieurs signataires de la lettre étaient présents lors de la manifestation du 22 septembre. (photo : Le Soleil - Archives)

Malgré une opposition citoyenne forte d’une pétition de près de 8 000 noms, la Ville de Châteauguay s’apprête à autoriser un projet de développement immobilier dans des milieux humides sensibles, des boisés et une terre agricole propice à l’agriculture, dans un contexte où l’on devrait plutôt freiner l’étalement urbain pour atteindre nos cibles en matière de protection du territoire naturel et agricole.

C’est pourquoi nous, groupes environnementaux et de santé, communautaires, citoyennes et citoyens, avons décidé de prendre le crayon pour dénoncer un manque de vision, par rapport à un projet d’aménagement du territoire complètement dans le champ.

Le projet résidentiel prévu sur la terre à Faubert, une ancienne terre agricole de 28 hectares en bordure de l’autoroute 30 est un parfait contre-exemple en matière d’aménagement : 2 000 habitations (dont un grand nombre dans des immeubles en bordure de l’autoroute 30) sur un terrain qui nous offre gratuitement à l’heure actuelle d’énormes services écosystémiques, et sur une terre nourricière qui abritait jusqu’à tout récemment (avant qu’on les rase) des bâtiments agricoles d’intérêt patrimonial.

Soyons clairs: nous appuyons l’augmentation de l’offre de logements à Châteauguay pour répondre à la crise de l’habitation qui a cours présentement, mais pas au détriment du territoire nourricier et des milieux naturels sensibles, d’autant plus que le projet qui est sur la table actuellement ne prévoit aucun logement social ou abordable, une stratégie contre-productive dans le contexte actuel.

Rappelons également que la Santé publique de la Montérégie déconseille l’aménagement de logements devant servir de murs anti bruits le long des autoroutes : on recommande plutôt des édifices à bureaux, des commerces ou des industries, pas des logements!

La Ville de Châteauguay n’est pas pour autant condamnée à devoir s’étaler en développant des secteurs qui sont encore vierges (comme la terre à Faubert) pour les nouveaux logements dont elle a besoin. Il y a une solution qui permet d’éviter l’empiètement sur les milieux naturels et agricoles, essentiels en pleine crise climatique et de la biodiversité : la densification urbaine par la consolidation des quartiers centraux et des secteurs déjà bâtis.

À l’heure où les municipalités veulent améliorer l’accessibilité aux espaces naturels et accroître l’autonomie alimentaire de leur collectivité, protéger ces milieux est essentiel.

Le projet prévu dans la terre à Faubert va à l’encontre de ces objectifs: mauvaise localisation, non-respect des orientations gouvernementales en aménagement du territoire (OGAT), et surtout, incompatibilité avec le Projet de Plan métropolitain d’aménagement et de développement révisé (PPMADR) de la Communauté métropolitaine de Montréal, présentement à l’étude.

« Comme de nombreuses municipalités, Châteauguay fait face à des défis majeurs liés aux changements climatiques. Il est donc essentiel d’agir dès maintenant, collectivement et individuellement, en adoptant des mesures concrètes pour diminuer notre empreinte écologique. C’est en favorisant des moyens de transport plus propres, en verdissant nos quartiers, ou encore en utilisant l’espace de manière à limiter l’étalement urbain, que nous rendrons notre ville et nos milieux de vie plus résilients. Châteauguay doit devenir un modèle à suivre pour garantir le bien-être des générations futures. »

Ces mots sont ceux du maire de Châteauguay, Monsieur Éric Allard. Nous sommes d’accord avec Monsieur Allard : la Ville de Châteauguay doit faire preuve d'ambition, d’autant plus qu’elle amorce présentement l’élaboration de son premier Plan de transition écologique, qui vise justement à faire d’elle une ville plus durable et résiliente.

La Ville de Châteauguay doit passer de la parole aux actes et prêcher par l’exemple. Elle doit prioriser la construction des nouveaux logements (avec un nombre non négligeable de logements sociaux) dans les secteurs déjà existants et près du transport collectif, et protéger dès maintenant du développement tous les milieux naturels et agricoles sur son territoire, y compris sur la terre à Faubert.


Florian Rouaud
Porte-parole, Sauvons la terre à Faubert (STAF)
Chantal Payant
Coordonnatrice, Boisés et écologie-Châteauguay (BEC)
Claude Boileau
Administrateur, À Châteauguay, quelle ville voulons-nous? (ACQVVN?)
Guy Turcotte
Président, SOS Forêt Fernand-Seguin
Stéphane Moreau
Comité logement Rive-Sud (Châteauguay)
Martin Legault
Co-coordonnateur, Mouvement d’action régionale en environnement (MARE)
Caroline Mainville
Mères au Front - Rive-Sud
Christine Dandurand
Mères au Front - Vaudreuil-Soulanges
Marie-Andrée Foucreault-Therrien
Mères au front du Haut-Richelieu et ses allié-es
Patricia Clermont
Organisatrice, Ph.D, Association québécoise des médecins en environnement (AQME)
Olivier Flamand-Lapointe
Analyste en agriculture durable, Équiterre