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Une nouvelle usine pour traiter les eaux polluées à Mercier
le lundi 19 mars 2018
Modifié à 15 h 40 min le 19 mars 2018
Le gouvernement du Québec a annoncé le 19 mars qu’il construira une nouvelle usine sur le site des lagunes de Mercier. Son mandat ne sera pas de décontaminer les lieux, mais de confiner et de traiter plus efficacement les contaminants qui polluent l’eau souterraine.
Cette nouvelle usine qui devrait être construite au coût de 25 M$ d’ici 2025, viendra remplacer l’usine de traitement des eaux souterraines du ministère de l’Environnement qui date de 1984. Cette installation, située sur le site des lagunes Mercier, «assure le confinement hydraulique» et empêche la migration des contaminants dans l’eau souterraine. Rappelons qu’à cet endroit s’est produit ce qui a été baptisé l’une des pires catastrophes écologiques en Amérique du Nord. À la fin des années soixante, des dizaines de millions de litres de déchets liquides toxiques ont été déversés dans ce qu’on appelle les lagunes de Mercier. Selon les données du ministère de l’Environnement, ces liquides ont contaminé environ 400 000 m3 de sable et de gravier et 750 000 m3 de roc fracturé.
Améliorer le traitement de l’eau souterraine
Selon le gouvernement, les mesures de confinement des contaminants «fonctionnent», car la contamination ne progresse plus. La nouvelle usine viendra «optimiser» le travail qui se fait déjà sur le terrain.
L’usine actuelle pompe et traite 4 000 m3 d’eau souterraine par jour et l’eau traitée est rejetée dans un fossé qui se déverse dans la rivière Esturgeon. «On vient même attirer de l’eau, qui en temps normal, ne traverserait pas la zone contaminée. Ça fait de la dilution, mais on tire beaucoup trop d’eau», explique l’hydrogéologue pour le Ministère Michel Ouellet. Le gouvernement souhaite réduire le volume d’eau à traiter et optimiser la chaîne de traitement de l’eau pour «réduire encore plus la concentration des substances» qui sont plus difficiles à traiter.
Une enquête du Journal de Montréal révélait en décembre que l’usine de traitement des eaux souterraines de Mercier déversait «88 fois la norme d’un polluant hautement cancérigène». Le gouvernement allègue de son côté que les eaux traitées rejetées ne représentent pas de danger pour la santé ni pour l’environnement et pour la prise d’eau potable en aval.
Comité de suivi et recherches
En plus de la construction de l’usine, la ministre de l’Environnement Isabelle Melançon a annoncé «une série d’actions afin de nous assurer que la solution mise en place soit à la fine pointe de la science et de la technologie», a-t-elle dit en conférence de presse. Cet automne, un réseau virtuel de chercheurs spécialisés dans le domaine sera mis sur pied. Il servira à «soutenir des activités d’enseignement et de recherche collégiales et universitaires».
Le Ministère s’engage à diffuser sur son site Internet les rapports de suivi de la qualité des eaux souterraines de ce secteur, le rapport de l’Institut national de recherche scientifique, qui sera chargé de valider les technologies les plus récentes, et les connaissances acquises par le réseau virtuel de chercheurs.
Prise en charge du site
Un centre de recherche sur les lagunes de Mercier avait été annoncé par le gouvernement libéral en 2007, sans toutefois qu’il ne se soit mené à terme. Selon le député de Châteauguay Pierre Moreau, le projet n’avait pas fonctionné à l’époque parce que le gouvernement n’était pas en charge du site qui appartient à la compagnie Clean Harbors. «Tant et aussi longtemps qu’on ne prenait pas en charge le site, ça prenait le concours de l’entreprise pour pouvoir mettre en commun les connaissances qui sont là et faire en sorte que des gens puissent aller sur le site pour aller faire de la recherche», explique-t-il.
La ministre de l’Environnement utilise l’article 115 de la Loi sur la qualité de l’environnement pour s’approprier le site, sans toutefois en devenir propriétaire. M. Moreau précise que les sommes investies par le gouvernement dans ce projet seront réclamées à l’entreprise Clean Harbors. Un litige judiciaire est en cours entre Québec et la compagnie depuis plusieurs années.
Une opportunité d’être une «vitrine mondiale»
Pour la mairesse de Mercier Lise Michaud cette annonce se veut une piste d’opportunité que sa municipalité devienne «une vitrine mondiale en innovation» dans le domaine de la décontamination. Elle a rappelé que la catastrophe des lagunes de Mercier a 50 ans cette année.
Mme Michaud a salué le travail du député de Châteauguay Pierre Moreau dans ce dossier. «Je suis convaincue que sans M. Moreau nous ne serions pas ici aujourd’hui», a-t-elle commenté.
Pas de décontamination possible
Le gouvernement affirme qu’à ce jour, aucune technologie n’existe pour décontaminer et réhabiliter le site. Dans le rapport du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement publié en 1994, on y suggérait de l’excavation de sols contaminés. Cette solution n’est pas retenue par Québec car l’excavation ne règlerait pas le problème et risquerait d’empirer la contamination, indique l’hydrogéologue Michel Ouellet.
[caption id="attachment_40190" align="alignnone" width="521"] La salle était bondée de citoyens, d'intervenants du milieu et d'élus lors de la conférence de presse.[/caption]