Mettre la violence sur le dos de la santé mentale, c’est assez !
Je reviens cette semaine sur la tragédie survenue à la Garderie éducative Ste-Rose à Laval le 8 février, qui a coûté la vie à deux jeunes enfants.
Dès les premiers instants, des commentaires sur la santé mentale du chauffeur d’autobus qui a embouti la garderie ont fusé de toutes parts sur les réseaux sociaux, dans les médias, etc. En les lisant, j’ai sursauté.
À mon avis, il faut attendre qu’un diagnostic médical clair soit déposé pour déterminer si la maladie mentale entre en ligne de compte dans cette histoire. À ce sujet, j’ai bien aimé les propos de la psychiatre Marie-Ève Cotton. Selon elle, être en détresse et souffrir d’une maladie mentale sont deux choses différentes. La santé mentale n’a pas à toujours prendre le blâme pour des événements tragiques comme celui-ci.
D’ailleurs, selon une étude réalisée en 2015 par une experte, seulement 5% des personnes ayant un diagnostic de maladie mentale deviennent violentes.
Dans le cas de Pierre Ny St-Amand, le chauffeur d’autobus accusé de meurtre au premier degré, il ne consultait pas pour des problèmes de santé mentale, a révélé le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant.
Puis, il avait déjà été en mesure d’effectuer son trajet d’autobus habituel cette journée-là, avant de passer à l’acte.
Attribuer ce drame à la santé mentale est dangereux et je l’ai constaté en lisant le témoignage d’un père que j’ai reçu à la suite de cet événement. Il m’a confié que sa fille vit avec cela et qu’elle a été tellement affectée par tout ce qui a été dit dans les jours suivants qu’elle songeait à s’enlever la vie.
J’en connais moi-même qui ont reçu des diagnostics et qui s’en sortent désormais très bien dans leur quotidien.
Attendons donc de voir ce que l’enquête policière – que je trouve longue d’ailleurs – révélera avant de tirer nos propres conclusions sur l’état psychologique de l’accusé. Tous les éléments devront être pris en considération avant que la cause soit véritablement déterminée. D’ici-là, cessons de faire des raccourcis et de mettre la violence sur le dos de la santé mentale.
10-4!
(Propos recueillis par Gravité Média)