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Menaces tarifaires américaines : retrouver la fierté d'acheter canadien

Il y a 3 heures
Modifié à 10 h 56 min le 07 février 2025
Par Valérie Lessard

vlessard@gravitemedia.com

Lorsqu’on entre dans la pâtisserie Obsession à Châteauguay, on se croirait à l’approche des festivités de la Fête du Canada puisque des drapeaux unifoliés côtoient les cœurs de la Saint-Valentin. La copropriétaire Anne Fradette-Brunet a récupéré ce matériel promotionnel chez la députée fédérale Brenda Shanahan la semaine dernière pour rappeler aux clients la fierté d’acheter canadien.

«On voit souvent les Américains qui portent des drapeaux et ils les affichent à l’année longue. C’est leur fierté, power to them. Mais pour nous, c’est un jour par année et ce n’est pas suffisant», croit Mme Fradette-Brunet.

Anne Fradette-Brunet de la pâtisserie Obsession à Châteauguay incite les consommateurs à retrouver leur fierté canadienne. (Photo : Le Soleil - Valérie Lessard)

Depuis que le président des États-Unis Donald Trump brandit sa menace d’imposer des tarifs douaniers au Canada, la femme d’affaires remarque une hausse de la fierté canadienne de même qu’une solidarité.  Elle raconte être émue devant cette unité qui est généralement plus rare au Québec en raison des conflits Québec-Canada. Un sondage de l’Institut Angus-Reid confirme d’ailleurs cette perception. Le sentiment de fierté canadienne a passé de 34 à 44 % depuis le mois de décembre. Cet attachement au pays a d’ailleurs augmenté davantage au Québec passant de 30 % à 45 %.

À la recherche de fournisseurs canadiens

Au-delà des unifoliés symboliques, Anne Fradette-Brunet fait aussi des démarches auprès de ses fournisseurs pour voir si elle peut encourager uniquement des entreprises canadiennes. «On sait qu’un de nos fournisseurs majeurs pour tout ce qui est décoration de gâteau est américain. Il n’y a pas tant de producteurs canadiens. J’en ai trouvé un à Toronto, je suis en communication avec eux», explique-t-elle. L’entreprise châteauguoise souhaite encourager les fournisseurs locaux, tout en limitant la hausse de prix que cela peut occasionner.

L’achat local : un réflexe permanent ?

La Chambre de commerce et d’industrie du Grand Roussillon multiplie depuis des années les initiatives pour promouvoir l’achat local et son PDG David Bergeron remarque que l’intérêt vient par cycle, comme lors de la pandémie par exemple. «Le message est galvaudé quand il y a une situation exceptionnelle alors que ça devrait être un réflexe permanent. On ne devrait pas avoir à dire aux gens : hey ! achetez les produits de chez vous. Malheureusement il faut le faire», souligne M. Bergeron. La mondialisation fait en sorte tous les produits, peu importe leur provenance, semblent à portée de main, mentionne-t-il. Le contexte actuel vient mettre en perspective nos choix de consommateur.

David Bergeron, PDG de la Chambre de commerce et d'industrie du Grand Roussillon. (Photo : gracieuseté - Geneviève Gagnon photographie)

«Tout ce qu’on réussit à acheter qui a été produit ici et qui n’est pas sorti d’ici : on encourage l’économie locale au lieu d’aller engraisser les coffres de grandes compagnies américaines par exemple», fait-il valoir.

Questionné sur le pouls des entreprises de la région qui ont des opérations aux États-Unis, David Bergeron parle de climat d’incertitude. «Présentement, personne sait sur quel pied danser. Les gens ont peur de ce qui va se passer. Ce sont quand même des montants qui sont substantiels par rapport aux exportations et qui vont impacter les chiffres d’affaires. Est-ce que c’est un bluff ? C’est un peu difficile de quantifier la réponse à avoir quand la personne de l’autre côté n’est pas rationnelle», évoque le PDG.

Il salue les volontés du gouvernement d’éventuellement faciliter les exportations interprovinciales.  Les entreprises n’auront pas d’autres choix que de diversifier leurs exportations, souligne David Bergeron.