Menaces dans les écoles : des parents inquiets
L'école secondaire Louis-Philippe-Paré à Châteauguay a été fermée vendredi par mesure préventive. (Photo : Le Soleil - Paula Dayan-Perez)
L’enquête se poursuit concernant les menaces portées contre deux écoles secondaires de la région. Alors que le Centre de services scolaire des Grandes-Seigneuries (CSSDGS) n’est pas en mesure de déterminer quand il pourra réouvrir les écoles pour l’instant, des parents confient avoir des craintes pour les jours à venir.
Le fils de Karine Martin fréquente l’école secondaire Louis-Philippe-Paré à Châteauguay. Même si elle se dit soulagée que les menaces survenues plus tôt cette semaine aient été interceptées par la police, la dame n’est pas rassurée.
«Il y a une crainte qui persiste, en tant que parent, à savoir si la prochaine fois, les personnes ne passeront pas à l'acte. Cette crainte restera surement jusqu'à la fin de l'année», exprime-t-elle.
Une fin d’année stressante
«Je dois aussi avouer que ça ajoute un stress supplémentaire inconscient à la situation exceptionnelle des deux dernières années, poursuit Mme Martin. Mon fils est en secondaire 5, plus de la moitié de son secondaire a été vécu dans une situation plus que particulière. Avec cette situation qui s'ajoute à moins de quelques jours de la fin des classes, comment se traduiront les résultats de sa fin d'année?»
Les parents de l’école LPP ont été informés ce vendredi matin que l’école serait fermée pour la journée après qu’une menace envoyée par courriel ait été découverte la veille. Des membres de la famille de Mme Martin étudient également à l’école secondaire de la Magdeleine à La Prairie, évacuée d’urgence le même jour pour un courriel semblable, découvert le matin.
Les événements sont liés, confirment la Régie intermunicipale de police de Roussillon et le Service de police de Châteauguay qui collaborent dans ce dossier.
Élèves confinés à La Prairie
Après deux évacuations en une semaine, le stress des parents des élèves de l’école de la Magdeleine à La Prairie commence aussi à se faire sentir.
Patrick Pépin, conseiller municipal à Saint-Mathieu, était inquiet pour sa fille Maxime, qui a dû être confinée dans l’école le 3 juin, avant l’heure du midi. Son bureau étant tout près, il s’est rendu près de l’établissement scolaire lorsqu’elle lui a envoyé un message texte pour lui faire part de la situation.
«Quand je suis arrivé et que j’ai vu les policiers partout mettre des banderoles d’interdiction de passage, j’ai réalisé que c’était sérieux», fait-il savoir.
Des parents étaient rassemblés, dont certains en pleurs et d’autres nerveux, relate M.Pépin. Il a ensuite parlé à un agent qui lui a répondu que les adolescents étaient en sécurité.
Pour sa part, Maxime Pépin a entendu un message à l’interphone demandant aux élèves de rester dans leur classe.
«Puis, on ne savait pas vraiment pourquoi on sortait et pour quelles raisons on s’en allait sur le terrain synthétique», explique-t-elle.
M. Pépin ne cache pas que ces situations répétitives l’inquiètent, surtout avec la fusillade au Texas récemment.
«Avec ce qui s’est passé dans les derniers jours, ça commence à devenir stressant, indique-t-il. Ce matin, lorsque j’ai vu la fermeture de l’école Louis-Philippe-Paré à Châteauguay, je me suis demandé si je devais laisser ma fille aller à l’école.»
Convaincu qu’il n’est pas le seul parent dans cette situation, il se questionne maintenant à savoir s’il enverra son enfant à l’école le lundi 6 juin.
«Je ne sais pas comment je vais négocier avec ça, soutient-il. En revenant au bureau, je me suis assis et je suis devenu un peu émotif, parce que je me suis dit que ça aurait pu arriver.»
Manque d'organisation pour l'évacuation
Pour sa part, Karine Gagnon dénonce le manque d’organisation de l’école après l’évacuation des élèves. Elle affirme que sa fille n’arrivait pas à trouver son autobus lorsqu’elle est sortie et qu’elle peinait à recevoir de l’aide.
«Je sais qu’ils font de leur mieux, mais je veux que les professeurs sachent quoi faire et que l’enfant soit en sécurité jusqu’à la fin du processus, c’est-à-dire du début de l’alarme jusqu’au retour à la maison», explique-t-elle en précisant qu’elle ne veut pas les blâmer.
Lorsqu’elle est allée chercher sa fille à l’école, Mme Gagnon a demandé aux chauffeurs d’autobus présents s’il était au courant de la marche à suivre. À sa surprise, ils ont indiqué qu’ils ne savaient pas quoi faire. Elle se demande s’il existe un protocole pour tout le personnel dans ce genre de situation.
«S’il y a un protocole, il devrait y avoir des pratiques afin [que le personnel, les élèves et les chauffeurs] soient au courant», soutient Mme Gagnon.
Des mesures préventives
Pour sa part, la directrice générale du CSSDGS, Kathlyn Morel, a voulu se faire rassurante.
«Lorsqu’on met en place les mesures, c’est toujours dans une optique d’assurer la sécurité des élèves, d’assurer de la sécurité du personnel, dit-elle. À partir du moment où on rouvre l’école c’est parce qu’on a tout mis en place pour s’assurer que cette sécurité est là.»
Mme Morel affirme que le Centre de services scolaire communique l’information aux parents dès que possible, mais il n’est pas en mesure d’entrer dans les détails pour «ne pas nuire à l’enquête qui est en cours».
En ce qui concerne la récupération des effets personnels, des nouvelles de reprises d’examens et autres, les directions des établissements concernés transmettront les précisions à cet effet, une fois que les lieux seront sécurisés, informe le CSSDGS dans un courriel envoyé aux parents en fin de journée.
Des ressources seront également disponibles pour les élèves et les membres du personnel lors du retour en classe.
(Avec la collaboration de Guillaume Gervais)