Maternelle : une grande étape pour les petits
Alice, 5 ans et demi, compte les dodos avec excitation avant sa première journée d’école à vie. La rentrée à la maternelle a quelque chose d’unique et vient avec son lot d’émotion autant pour l’enfant que le parent. Les professionnels du milieu préscolaire sont là pour les accompagner dans cette transition importante.
«J’ai hâte de voir ça va être quoi les activités que je vais faire comme aller au gym, faire des cours de danse, faire des chansons, créer des Legos», énumère la fillette.
À quelques semaines de la première rentrée scolaire de sa fille Stella, Myriam Lebrun est très confiante à l’idée de commencer cette nouvelle étape avec elle, puisque sa fille a un caractère «fonceur» et sociable. «Je vois ça quand même super positif, raconte la Merciéroise. Pour moi, c’est le chemin qui suit son cours. Peut-être que la première journée je serai plus stressée, mais je le vois comme une belle expérience qui s’en vient.» Bien qu’un peu réservée lors du passage du Journal, Stella montrait avec fierté les effets scolaires achetés avec sa maman.
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Pour Marc-Olivier Samson, père de trois enfants, bientôt quatre, il s’agira d’une première rentrée scolaire avec son ainé Pier-Olivier à l’école Elisabeth-Monette à Salaberry-de-Valleyfield. «À l’inscription (à la maternelle), on a réalisé que ça grandissait vite !» témoigne-t-il. Malgré tout, il a confiance que le passage à l’école se passera bien pour son fils. «Pier-Olivier, c’est quelqu’un qui parle beaucoup. S’il a des inquiétudes, j’ai confiance qu’il va nous en parler et que ça va juste bien aller», exprime-t-il.
Une grande adaptation
«La maternelle, c’est un des moments très importants en termes d’adaptation, fait savoir Marie-Hélène Gougeon, agente de développement en première transition scolaire au centre de services scolaire de la Vallée-des-Tisserands. Ça amène un stress. Aucun enfant n’est indifférent à l’entrée à l’école.» C’est le moment où l’enfant découvre pour la première fois l’univers scolaire : l’école, les lunchs, les «grands» de cinq, sixième année, parfois l’autobus scolaire.
Preuve que cette transition est prise au sérieux dans le milieu scolaire, des postes comme celui qu’occupe Mme Gougeon ont été créés pour justement développer des outils pour faciliter cette transition. Avant l’entrée à l’école, elle fait le pont entre les milieux de garde, les familles et l’école pour s’assurer que les établissements scolaires aient toutes les informations pour bien accompagner les enfants. Des outils ont aussi été développés pour aider les enfants et leurs parents, qu’on pense par exemple à la journée d’accueil, ou la rentrée progressive.
«Le stress que l’enfant vit n’est pas nécessairement perceptible, mais prendre soin de cette transition-là, ça peut vraiment faire une différence dans la motivation, dans l’engagement puis ça c’est précieux à long terme» -Marie-Hélène Gougeon.
Dans les échanges qu’elle a avec les parents, elle remarque que leurs inquiétudes tournent souvent autour des aptitudes sociales. «Est-ce qu’il va se faire des amis ? Est-ce qu’il va être accepté ? Est-ce qu’il va être victime de moqueries de la part des plus grands ?» souligne Marie-Hélène Gougeon. Pour se rassurer, elle recommande aux parents d’établir un bon lien avec l’enseignante de maternelle et de ne pas hésiter à partager des informations et inquiétudes avec elle.
En équipe avec l’enseignante
Si la rentrée scolaire est souvent accompagnée d’une certaine fébrilité, excitation ou inquiétude, elle l’est encore plus quand il s’agit de la première expérience. Les enseignantes à la maternelle ont un rôle particulier, puisqu’elles accueillent des élèves qui n’ont jamais mis les pieds dans une classe auparavant.
«Quand on est au primaire, on les a vu les élèves dans l’école, des collègues les ont côtoyés alors que là, en préscolaire, on rencontre de nouveaux enfants qui arrivent à l’école pour la première fois», souligne Isabelle Lapierre, enseignante de maternelle à l’école de l’Archipel à Léry.
«Il y a quelque chose de beau avec la carte blanche, croit sa collègue Julie Tratt, enseignante en maternelle à la même école. Ils n’ont pas de vécu encore. Tu leur apprends, tu les moules un petit peu à la vision de l’école. »
Isabelle Lapierre, enseignante de maternelle à Léry. (Photo : Le Soleil - Denis Germain)
Mme Lapierre, qui a enseigné au niveau primaire avant de se tourner vers le préscolaire, remarque que le lien avec le parent est particulièrement fort en maternelle. « Ce que je trouve vraiment intéressant du préscolaire, c’est qu’on fait le lien avec la famille. On est le premier contact avec le parent quand c’est un premier enfant qui entre à l’école. C’est totalement différent la relation que j’ai avec le parent», raconte-t-elle.
À la rentrée scolaire, les enseignantes en maternelle doivent s’adapter au rythme et aux émotions des enfants qui sont confrontés à une foule de nouveautés. «Pour certains enfants, c’est la première fois qu’ils sont séparés de leurs parents. Mon but, c’est qu’ils soient bien. Ça peut vouloir dire de s’assoir dans la chaise berçante avec eux pour leur permettre que leur chagrin passe», explique Katie Bernier-Lévesque, enseignante en maternelle 4 ans.
«Le but, c’est vraiment d’y aller sans pression, ce n’est pas de terminer les quatre tâches qu’on avait prévues dans la journée, le but c’est que l’enfant reparte à la maison avec le sourire», ajoute sa collègue Marie-Josée Chabot.
La flexibilité et la spontanéité sont d’ailleurs des avantages du programme préscolaire selon les enseignantes rencontrées. Elles doivent observer leurs élèves et saisir les opportunités en fonction des intérêts des enfants. «Tout part du jeu. Par exemple, si on joue avec des blocs, on peut les classer par couleur, les dénombrer. Ils sont en train de jouer, ils n’ont pas connaissance qu’ils sont en train de faire l’éveil aux mathématiques», mentionne Mme Bernier-Lévesque.
Et ce n’est pas un cliché qu’en maternelle, «on ne fait que jouer», car c’est spécifiquement exigé dans le programme préscolaire révisé en 2021. «Tant mieux si la perception que l’enfant a c’est : je fais juste jouer, souligne Marie-Josée Chabot. Ça ne nous dérange pas qu’ils aient cette perception-là, parce que nous, comme professionnelle, on joue notre rôle de les faire développer. »