Manger comme un oiseau
https://www.dailymotion.com/video/x7xrj6k Une mangeoire en forme de maison rouge calme l’appétit des oiseaux dans un coin de ma cour. Les mésanges composent la majorité de la clientèle. Quelques moineaux domestiques profitent aussi du festin. De la visite rare. Quand j’étais jeune, ce volatile pullulait mais je n’en voyais plus beaucoup ces dernières années. L’espèce serait en voie de disparition dans toutes les villes de la planète, selon un reportage de Radio-Canada diffusé en mars 2019. Bien content de contribuer un brin à la survie de quelques spécimens. [caption id="attachment_95104" align="alignnone" width="1921"] Les mésanges forment la majorité de la clientèle. (Photo Michel Thibault)[/caption] J’aime observer les êtres volants s’alimenter. Une mésange se pose sur la mangeoire. Sa tête noire plonge vers l’avant. Une graine dans le bec, elle s’envole illico vers la haie de cèdres voisine. Une autre la remplace ou un geai bleu, ou un junco, ou une sitelle. Chacun prend une petite part et cède rapidement la place. Pas comme les écureuils qui s’empiffrent tant qu’on ne sonne pas la fin du repas. Sans doute que les oiseaux évitent les excès alimentaires pour conserver leur ligne aérienne. Mais j’aime à penser qu’ils ont le sens du partage. D’ailleurs, certains le témoignent sans équivoque. Les cardinaux, par exemple. Un couple de ces magnifiques représentants de la faune à plumes m’a offert un moment grandiose un jour de la fête des Mères. Le 8 mai 2010. Sans doute l’avez-vous oublié, mais, la météo n’était vraiment pas digne du « mois de Marie » cette année-là. On gelait. Le vent soufflait comme en novembre. Il neigeait. Dans le pommier en fleurs derrière notre maison, Madame Cardinal se cramponnait à une branche, l’air piteux. Des flocons lui fondaient sur la tête. Monsieur Cardinal, de son côté, affrontait la tempête. Il battait des ailes contre le vent. Se posait sur la mangeoire accrochée à l’arbre. Retenait une graine de tournesol dans son bec et prenait son envol. Ses petites pattes allaient entourer la branche où se tenait sa compagne frigorifiée. Comme dans un baiser, il lui servait la nourriture. Mme Cardinal mangeait avec appétit. Elle restait immobile. M. Cardinal retournait braver les éléments pour lui ramener une autre becquée de tournesol. La scène, le jour de la fête des Mères, m’a bien ému. Pour les intéressés, j’ai réussi à prendre quelques photos à travers la fenêtre de la cuisine. Elles sont publiées avec la présente chronique sur le site internet du journal. Pour ceux qui aiment nourrir les oiseaux, des chercheurs comptent sur la population pour observer leur comportement aux mangeoires. À cet effet, ils ont mis au point une application, BirdLab, pour recueillir l’information. En cette période où les loisirs sont limités, ça peut constituer un passe-temps amusant tout en aidant la science de la nature. [caption id="attachment_95036" align="alignnone" width="2560"] M. Cardinal brave le vent et la neige pour livrer à manger à son épouse.[/caption] [caption id="attachment_95034" align="alignnone" width="2560"] Madame Cardinal avait l'air piteux avec les flocons qui lui fondaient sur la tête. (Photo Michel Thibault)[/caption]