L'UPA déçue de voir arriver Google en zone agricole à Beauharnois
L'Union des producteurs agricoles (UPA) de la Montérégie est «déçue» de la confirmation de la venue de la multinationale Google à Beauharnois. L'organisme s'opposait au projet depuis le début puisqu'il impliquera l'exclusion de terrains à la zone agricole et déplore l'intervention du gouvernement du Québec dans ce dossier. Ce dernier a outrepassé les pouvoirs de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) pour accueillir Google en Montérégie.
« Préférer le développement résidentiel, commercial ou industriel à la vocation nourricière de nos terres agricoles et contourner les mécanismes en place pour les protéger, ne permettra pas d’assurer l’autonomie alimentaire du Québec, a commenté par voie de communiqué Jérémie Letellier, président de l'UPA de la Montérégie. L’adoption d’un décret permettant à une multinationale étrangère de mettre la main sur un terrain visé sans passer par le processus établi crée un précédent déplorable et inquiétant.»
Outrepasser la CPTAQ
En juin 2018, la Ville de Beauharnois a fait une demande d’exclusion en zone agricole d’un terrain d’une superficie de 94 hectares appartenant à Hydro-Québec pour une entreprise « qui projette d’implanter un centre de données informatiques». La CPTAQ avait refusé cette exclusion dans une orientation préliminaire publiée en décembre 2018. La Commission était d’avis que «les impacts négatifs appréhendés sur la ressource agricole, sur le territoire agricole de cette région, sur les activités agricoles actuelles et futures ayant cours sur les lots visés et sur les lots avoisinants, surpassent les retombées positives de la concrétisation du projet pour la ville».
Le gouvernement du Québec a utilisé l’article 96 de la Loi sur la protection du territoire des activités agricoles qui permet de soustraire une affaire de la compétence de la CPTAQ et de prendre les pouvoirs de l’organisme. Ce sera maintenant 62.4 hectares de terres agricoles qui seront exclus pour permettre la venue de Google à Beauharnois. L'UPA fait valoir que la zone agricole cultivable au Québec représente 2 % du territoire québécois. «C'est en Montérégie, où on retrouve le meilleur amalgame de terres agricoles de grande qualité et de conditions climatiques favorables».
Elle fait valoir que c'est également dans cette région où l'étalement urbain exerce une pression sur le milieu agricole. «En agissant comme il le fait dans le dossier Google, le gouvernement accorde à une entreprise privée, par décret, un droit de regard important sur une richesse collective limitée, non renouvelable et essentielle à la société québécoise», dénonce l'UPA.
L'organisation est d'avis que le gouvernement aurait dû laisser la CPTAQ faire son travail jusqu'au bout. « Compte tenu des compensations annoncées, on ne peut en aucun cas douter de la bonne foi des intervenants. Il reste que le gouvernement du Québec, en ne laissant pas la Commission faire son travail, s’est privé d’une analyse professionnelle indépendante qui aurait également pu permettre à Google de s’installer au Québec, tout en faisant preuve de transparence et en protégeant au maximum les terres plus fertiles de la province. Cet exemple, qui ouvre la porte à une politisation du dézonage au Québec, ne doit jamais se répéter», affirme M. Letellier.
Mesures compensatoires annoncées
Lors de l'annonce de la venue de Google à Beauharnois ce lundi 10 mai, le gouvernement a annoncé des mesures compensatoires pour le milieu agricole. Des terrains d’une superficie équivalente, hors zone agricole appartenant à Hydro-Québec et voisins de ceux qui seront achetés par Google, seront inclus dans la zone agricole pour ensuite être cédés ou confiés à long terme à la Fiducie agricole UPA-Fondaction pour soutenir ses activités visant notamment à préserver le patrimoine agricole québécois. Des aides financières, de plus de 6,2 M$ seront également versées pour favoriser le démarrage des activités de la Fiducie agricole UPA-Fondaction ainsi que la mise en oeuvre du Parc métropolitain agricole. Hydro-Québec accepte également de céder un terrain de 150 hectares situé à Saint-Stanislas-de-Kostka à la Fiducie agricole UPA-Fondaction. Celui-ci permettra d’appuyer le démarrage des activités de la Fiducie.
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