Si les médecins doivent voir plus de patients en cabinet, ils auront nécessairement moins de temps à consacrer au service de soins à domicile.
C’est l’un des effets de la Loi 2 du gouvernement Legault qu’ont dénoncé des médecins en soins à domicile (SAD) de la Montérégie-Ouest lors d’une rencontre de presse. Le tout combiné aux départs annoncés de plusieurs médecins, en réaction aux mesures préconisées dans cette loi.
Plus de 14 000 personnes ont bénéficié des services de soins à domicile l’an dernier, via les six CLSC affiliés au CISSSMO.

« On travaille depuis des années à construire cette offre de services et la Loi 2 vient tout déconstruire ce qu’on a bâti », se désole Dre Ariane Charliers-Lazure, Chef de service SAD au CISSSMO.
Celle-ci explique que ces bénéficiaires sont des personnes en perte d’autonomie et qui peinent à sortir de chez eux. Sans offre de soins à domicile, ces gens risquent de voir leur condition se détériorer davantage ou de se retrouver aux urgences, déjà très achalandées.
Au CLSC de Châteauguay, l’équipe est déjà amputée de trois médecins, ce qui vient déstabiliser l’offre de services en SAD, indique la Dre Maria Marquicio, qui consacre également des heures à la maison de soins palliatifs de Hudson.
L’an dernier, près de la moitié des patients desservis à domicile étaient des personnes en fin de vie. L’obligation de recevoir davantage de patients en cabinet qu’impose la Loi 2 risque d’affecter cette expertise et d’entraîner un bris de service, craint-elle. Il en est de même pour l’aide médicale à mourir.
Dans le secteur de Vaudreuil, en attendant la mise en service du nouvel hôpital, le service de soins intensifs à domicile a été développé au cours des dernières années. Il permet des interventions 24/7 et constitue un service essentiel en répondant entre 30 et 60 appels chaque jour, fait valoir la Dre Alexandra Massicotte, chef du GMFU de Vaudreuil.
« La Loi 2 qui oblige les médecins à faire plus de bureau créera une surcharge, on ne peut pas faire rouler deux services en même temps », dit-elle, ajoutant que l’avenir des services de santé devrait passer par les soins à domicile.
En fait, l’adoption de cette loi témoigne d’une profonde méconnaissance de la réalité du terrain, note le Dr Sylvain Dufresne, président de l’Association des médecins omnipraticiens du Sud-Ouest.
Celui-ci déplore que les discussions entreprises avec les gestionnaires du CISSSMO vers des pistes de solution n’aient pas été considérées par Santé-Québec, dans une volonté de centraliser les services.
Dr Dufresne a une fois de plus mis en doute la mise en service du nouvel hôpital de Vaudreuil-Soulanges, à la lumière des effectifs médicaux rendus disponibles par la Loi 2.
La situation qui prévaut crée un climat d’incertitude au sein du milieu médical, d’autant plus que les discussions avec le gouvernement semblent avancer mois rapidement que prévu et que l’Assemblée nationale mettra fin à ses travaux ce vendredi.

