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L’OHR obligée de réintégrer deux employés qu’il avait congédiés

le mardi 12 septembre 2023
Modifié à 14 h 39 min le 14 septembre 2023
Par Eric Tremblay

etremblay@gravitemedia.com

Le Tribunal administratif du travail a ordonné à l'Office d'habitation du Roussillon de réintégrer deux employés congédiés.

Le Tribunal administratif du travail a ordonné à l’Office d’habitation du Roussillon (OHR) la réintégration de deux employés congédiés au mois de juillet. Ce contexte survient alors que la douzaine d’employés était en démarche de syndicalisation.
La juge administrative Véronique Girard a accueilli en partie la demande formulée par quatre employés et le Syndicat des travailleuses et travailleurs de l’OHR, organisme qui administre et développe des logements pour les personnes est familles à faible revenu.
L’ordonnance provisoire déposée au Tribunal alléguait que l’employeur avait entravé les activités syndicales et exercé des mesures de représailles à l’encontre des plaignants en les congédiant ou en les suspendant administrativement en raison de l’exercice de leurs droits résultant du Code.
Yves Cody, responsable de l’entretien depuis près de 20 ans, et Annie Desjardins, intervenante de milieu pendant près de trois ans, ont été réintégrés jusqu’à ce qu’une décision finale soit rendue sur le fond des plaintes.
La suspension de Christine Rochon, technicienne en administration depuis 2014, et le congédiement de Nadine Van Eslande, intervenante de milieu depuis octobre 2020, sont toutefois maintenus.
La décision de la juge Girard demande aussi à l’OHR, ses dirigeants, représentants et mandataires doivent cesser immédiatement toute mesure d’intimidation, d’ingérence, d’entrave ou de représailles à l’encontre des officiers et des membres du syndicat.
Les deux parties qui se confrontent dans ce dossier sont convoquées cet automne à une audience pour statuer sur le fond des plaintes aux bureaux du Tribunal.
Accréditation syndicale
Le 8 mai dernier, le directeur de l’organisme a été suspendu pour fins d’enquête.
Environ deux mois plus tard, soit le 6 juillet, Mme Van Eslande a communiqué avec les autres plaignants afin de vérifier leur intérêt d’une démarche de syndicalisation.
Moins d’une semaine plus tard, la directrice générale par intérim, Catherine Fontaine, a informé qu’elle n’entravera pas la démarche de ses employés.
Entre les deux moments, Christine Rochon a été suspendue par l’employeur en lien avec des comportements qualifiés d’abusifs. Une décision prise le 21 juin par le conseil d’administration par voie de résolution. Une suspension avec solde toujours en vigueur, le temps de l’enquête qui concerne également le directeur général relevé de ses fonctions.
On lui offre une promotion puis on la congédie
Le cas de Mme Van Eslande est  particulier. Au mois de juin, le poste de directrice générale par intérim lui a été offert par la présidente du conseil d’administration. Elle témoigne ses inquiétudes en lien avec les allégations de fraude à son endroit. La présidente lui aurait tout de même alors signifié que le conseil d’administration avait confiance en elle.
Le 11 juillet, Mme Van Eslande est congédiée, alors qu’on lui reproche d’avoir falsifié des dossiers. L’employée avait auparavant reconnu à une avocate avoir faussé un dossier dans la préparation d’un avis de reprise de logement. Un concept non applicable à l’Office. Si bien que le conseil d’administration avait décidé de la congédier le 21 juin. Cette décision a ainsi été prise avant le début des démarches de syndicalisation.
Les cas de M. Cody et Mme Desjardins
Deux semaines plus tard, les deux autres employés sont à leur tour congédiés. L’employeur reproche à M. Cody d’avoir harcelé et intimidé des collègues, ce qui a contribué à un climat de travail malsain. Pour ce qui est de Mme Desjardins, on l’accuse d’avoir illégalement communiqué des informations sur des locataires en plus de s’être approprié sans droit une ligne téléphonique de l’employeur. Elle et M. Cody font aussi l’objet d’une plainte pour avoir participé à des démarches de critiques de la direction sous de fausses allégations.
Dans ces deux cas, le Tribunal affirme que les circonstances entourant leurs congédiements démontrent l’existence apparente d’un prétexte et par conséquent, son illégalité. «En somme, pour le Tribunal, il est nécessaire et urgent d’intervenir afin de rendre les ordonnances provisoires de réintégration de M. Cody et Mme Desjardins afin de protéger leur droit d’association et rétablir l’équilibre des forces en présence», écrit la juge Girard.

Rappelons qu'une manifestation devant les bureaux de la députée Marie-Belle Gendron à propos de l'OHR a eu lieu lundi après-midi.