La deuxième phase du projet d’égout et d’aqueduc à Léry a franchi une nouvelle étape, le 13 mai.

Le conseil municipal a adopté un règlement d’emprunt de 40,5 M $ pour le concrétiser. Jugeant la subvention de 20 M $ obtenue trop modeste et la facture trop élevée, des citoyens demandent à la ministre des Affaires municipales Andrée Laforest d’intervenir.

À lire aussi : Précisions sur le sondage

À lire aussi : Léry va de l'avant

À lire aussi : Un énorme projet

Comme l’aide financière du gouvernement du Québec représente 50 % des coûts de son projet, la Ville n’a pas à tenir de référendum. Le Comité citoyen phase 2 proteste. « Le montant de l’emprunt a « été ajusté » par rapport à celui annoncé en octobre dernier afin de se soustraire à l’obligation légale de permettre aux citoyens de demander un référendum. En effet, le coût du projet est maintenant le montant de la subvention fois deux moins 10 000$! Une dépense maintenant subventionnée à 50% bien juste, contrairement au 48% annoncé en octobre dernier, malgré la surchauffe en construction », indique dans un courriel le regroupement représenté par Liette Lamarre, Maryvonne Hamel et Daniel D. Proulx. Le maire Walter Letham réfute leurs allégations. Le règlement d’emprunt reflète les coûts estimés, soutient-il. « Si ça avait été 38,4 M $ avec les estimés des ingénieurs, on aurait mis 38,4 M $. On a mis où est-ce que les ingénieurs nous ont positionnés », affirme-t-il.

À lire aussi : https://www.cybersoleil.com/quebec-debloque-20-m-terminer-branchement-aux-egouts-aqueduc-a-lery/

Séances de conseil

Le conseil a adopté l’avis de motion annonçant le règlement d’emprunt à une séance à huis clos par Teams, une plateforme de visioconférence, le 10 mai. Il a adopté le règlement d’emprunt à une assemblée extraordinaire toujours par Teams, le 13 mai. Contrairement à d’autres villes comme Châteauguay, Mercier ou Sainte-Martine, Léry ne permet pas à ses citoyens d’assister aux assemblées des élus à distance. Les vidéos des deux assemblées ont été rendues publiques sur le site internet de la ville, le 17 mai. Une façon de faire dénoncée par les opposants au projet d’égout et d’aqueduc. « Donc, les citoyens ne savent toujours pas que l'avis de motion est devenu à l'ordre du jour, alors que dans les faits, le règlement est adopté. Ce comportement est totalement inacceptable », décrie Jean Leroux dans un courriel. Il considère qu’il s’agit « d'activités très regrettables qui ne respectent certainement pas l'esprit de la loi et fort probablement pas la lettre ». « Tout est légal mais est-ce que c’est moral ? » a exprimé Liette Lamarre en entrevue au journal. « C’est immoral », a renchéri Maryvonne Hamel. Daniel D. Proulx a mentionné qu’il demande à la Ville « depuis des mois » de permettre aux citoyens d’assister aux assemblées du conseil à distance. « Plusieurs personnes peuvent assister simultanément à une réunion sur Zoom », a-t-il souligné. Directeur général de la Ville de Léry, Dale Stewart a assuré que la pratique est conforme aux exigences du gouvernement en cette période de pandémie. « On respecte les règlements. Ce que le ministère demande, c’est de mettre la vidéo de la séance le plus rapidement possible sur le site de la Ville. On tente de le faire le plus rapidement possible », a-t-il fait part. Il a expliqué qu’il était privé de son adjointe présentement et que la responsable des communications était très occupée à préparer la fête de la famille à distance. « Donc, on l’a publicisé dans la mesure du possible. Au niveau de la réglementation, avis de motion est donné et au moins deux jours plus tard on peut adopter le règlement. Ça fait plusieurs années qu’on travaille là-dessus. Ce n’est pas une surprise», dit-il. Pourquoi ne pas permettre aux citoyens d’assister aux séances à distance ? « On espère que le public va être de retour dans un futur rapproché. On est une petite municipalité. Ce n’est pas nécessairement les mêmes technologies que les plus grosses. Jusqu’à présent, c’est la solution qu’on a en place », justifie M. Stewart. « Ils sont les premiers à crier à propos de ça. Il n’y a pas grand-personne qui a crié jusqu’ici. Ils ne l’avaient pas fait avant. On a sorti L’heure juste, là ils commencent à picosser sur les autres items », a observé le maire Letham. L’heure juste est un document de huit pages destinés aux résidents de la ville dans lequel celle-ci défend son projet et le compare à celui proposé par le comité de citoyens qui s’y oppose. Propositions rejetées Au cours des derniers mois, le Comité phase 2 a tenté en vain de convaincre le conseil municipal d’opter pour une solution moins coûteuse et il a essayé de rallier les citoyens à sa cause. « Ils y vont avec la Cadillac, ils font payer le gros prix à tout le monde », se désole Maryvonne Hamel. « Si on obtient une subvention pas assez importante, on pense à un projet plus abordable. Il faut une facture raisonnable », dit Daniel P. Proulx. Le groupe suggère d’installer seulement l’aqueduc et que chaque propriétaire s’occupe de ses eaux usées, avec des subventions disponibles, ou bien de retenir un système d’égout à basse pression. « C’est une option qui diminue les coûts. Les tuyaux peuvent être placés moins profondément dans le roc », explique M. Proulx. « On a fait nos études, ce n’est pas un système qui est propice pour la ville. Ils pensent qu’il y a une économie mais il n’y en n’a pas vraiment », affirme le directeur général de la Ville. Il souligne que le système est plus compliqué pour les citoyens, ce que reconnaît M. Proulx. « Je suis tout à fait d’avis qu’un réseau d’égouts gravitaire serait plus simple à gérer pour le citoyen qu’un réseau basse pression, mais les contraintes de notre secteur le rendent beaucoup plus coûteux », écrit-il dans un courriel. M. Stewart fait aussi valoir que la Ville travaille sur le projet depuis longtemps. « C’est quand même un dossier d’envergure. La phase 1 a quand même prix deux ans à mettre en place. Aussitôt la mise en service en 2012, les gens de la phase II demandaient : quand est-ce que la pelle arrive ? » observe-t-il. Riches et moins nantis Pour Jean Leroux, le projet va pousser des personnes moins fortunées en dehors de à déménager dans une autre ville. « À Léry, la gentrification est souhaitée. La Ville de Léry vient d’adopter un projet d’égout qui va coûter près de 45 000$ par porte, alors que le maire Walter Letham sait très bien que plusieurs résidents ne pourront s’acquitter de cette somme et devront quitter la ville. Les nouveaux propriétaires vont raser les maisons et en construire de plus grosses, donc plus de revenus de taxes pour Léry », affirme le citoyen dans un courriel. Le maire Letham soutient que le projet vise au contraire à permettre aux citoyens moins nantis d’obtenir l’égout et l’aqueduc. Il soutient que les propriétaires de maisons modestes réclament les services. « Dans le village, les gens sont collés les uns sur les autres. L’eau dans leur champlure est comme du café. Ils sont pris. Un moment donné, en compagnie de Pierre Moreau, en 2017, j’ai demandé à une dame de me donner un verre d’eau. C’était comme du Tim Hortons avec beaucoup de lait. C’est ça qui a fait déborder le vase et on a eu la subvention », raconte-t-il. Ministre Le règlement d’emprunt adopté par la Ville reste à être approuvé par le ministère des Affaires municipales. Les opposants au projet encouragent les citoyens à faire suivre à la ministre des courriels lui demandant d’ordonner à la municipalité de tenir un référendum ou de bonifier la subvention à 66 $%. Le maire Letham estime que Léry a obtenu le maximum de subvention et que la municipalité de 2 400 résidents ne verra pas une autre aide financière de cette ampleur si elle la perd.