chronique
Le pouvoir des Pays d'en haut
le jeudi 14 février 2019
Modifié à 15 h 44 min le 14 février 2019
La Saint-Valentin se prête bien au partage de coups de cœur.
J’en ai un immense pour Les pays d’en haut. Cette télésérie de Radio-Canada me ravit. Son auteur, Gilles Desjardins, reprend à sa manière Les Belles histoires des pays d’en haut diffusées jadis. Œuvre elle-même inspirée du roman «Un homme et son péché» de Claude-Henri Grignon, mettant en vedette Séraphin, Donalda, Alexis et compagnie.
La version de Desjardins du récit de la colonisation des Laurentides offre une galerie de personnages qu’on pourrait assimiler à des super héros. Chacun possède ou incarne un grand pouvoir. Séraphin, le pouvoir de l’argent. Donalda, l’abnégation. Le Curé Labelle, la religion. Alexis, le pouvoir de la force physique. Honoré Mercier, le pouvoir politique. Mme Curé, la bouffe. Arthur, le pouvoir des mots. Bidou, la fourberie. Et Délima, le pouvoir du sexe féminin, le plus fort.
Avez-vous vu l’épisode du lundi 4 février ? (Si vous répondez non à cette question et que vous ne voulez pas de punch brûlé, allez lire un autre article).
Dans ce 35e volet de la série, on assiste à la naissance d’un nouveau pouvoir : l’union. Les conditions de travail misérables des «bûcheux» sont dénoncées. Des syndicats veulent les rallier, les pousser vers la grève. La perspective d’un débrayage ne fait pas le bonheur du premier ministre, soutenu par les forestières. Il le signifie au Curé Labelle, qui remue ciel et terre pour obtenir son chemin de fer, et ne peut se passer de l’appui d’Honoré Mercier.
Le Curé Labelle, Arthur et Séraphin se retrouvent donc assis à la même table qu’Oscar, leader du mouvement syndical. Le trio essaie de le convaincre de renoncer à la grève. Oscar refuse catégoriquement. Arrive alors à la table Délima, épouse d’Oscar. Elle lui signifie qu’elle a deux mots à lui dire en privé. Oscar la suit à l’écart. «Veux-tu arrêter d’obstiner monsieur le Curé et lâcher cette idée de grève-là !» lui balance Délima. Oscar lui tient tête. «T’es même pas supposée de te mêler de ça !», il martèle. La riposte de Délima fera mouche. Mettant en évidence son décolleté, elle avise son Oscar «qu’il y a pas juste les bûcheux qu’y peuvent striker». En clair, elle le menace de le priver de rapprochements pour longtemps. Ébranlé, le cher Oscar retourne à la table. Et baisse pavillon.
Alors que l’immense pouvoir, à l’époque, de la religion a échoué, celui de Délima réussit.
C’est le jeu habilement mené de toutes ces forces qui confère au Pays d’en haut le pouvoir de m’attirer devant le petit écran chaque lundi.
[caption id="attachment_57901" align="alignleft" width="1024"] Délima Ducresson (Photo gracieuseté Radio-Canada)[/caption]