Le chemin de croix d’une dame atteinte de la maladie de Lyme

le dimanche 24 juillet 2022
Modifié à 15 h 20 min le 22 juillet 2022
Par Audrey Leduc-Brodeur

aleduc-brodeur@gravitemedia.com

Nicole Grégoire veut partager son histoire pour sensibiliser la population aux conséquences de la maladie de Lyme. (Photo: Le Reflet – Denis Germain)

À pareille date l’an dernier, Nicole Grégoire souffrait de maux de tête inhabituels et portait une marque rouge de 10 cm sur son genou gauche. La résidente de La Prairie était infectée à la maladie de Lyme. Un an après la confirmation du diagnostic, elle témoigne pour que le système de santé soit mieux préparé.

La sexagénaire garde un mauvais souvenir de cette matinée de juillet 2021. Réveillée par la douleur dans la nuit de samedi à dimanche, elle a remarqué la présence d’une trace cutanée le lendemain matin.  

«C’était évident pour moi que j’avais été piquée par une tique. La marque en forme de cible sur la peau est le signe le plus clair», fait remarquer Mme Grégoire.

Alors que les hôpitaux étaient bondés en raison de la pandémie, la Laprairienne n’a pas voulu s’y rendre, préférant appeler sa pharmacie pour obtenir un médicament. L’accès à des soins s’est alors révélé un véritable chemin de croix.

«La pharmacie m’a recommandé d'aller à l’urgence quand même, le dimanche soir. Le lundi matin, j’ai tenté d’obtenir un rendez-vous auprès de mon médecin de famille, mais il était parti en vacances et on m’a dit que mon cas n’était pas prioritaire pour avoir une consultation. Je me suis donc rendue sur leurs recommandations à une clinique d’urgence à Brossard, qui n’avait malheureusement plus de place. Celle-ci m’a conseillée de revenir le lendemain», témoigne celle qui dénonce la lenteur du système face à la prise en charge des malades.

Mme Grégoire a réussi à consulter un médecin à la clinique lors de sa deuxième tentative, le mardi. Des examens ont confirmé le diagnostic. Préoccupés par les maux de tête, on lui a recommandé de se présenter à l’hôpital Charles-LeMoyne à Longueuil, sans lui donner les médicaments.

«Si je les avais eus, je ne serais probablement pas allée à l’urgence», reconnait celle qui n’a pas eu d’autre choix que de s’y rendre.

Sur place, elle a attendu presque une journée complète.

«J’ai trouvé ça choquant, car je m’y suis présentée avec un rapport détaillé qui confirme la maladie de Lyme et qui requiert une rencontre avec un microbiologiste», fait remarquer la Laprairienne.

Au bout de 18 heures, elle a été reçue par un médecin urgentiste… qui lui a aussi recommandée de voir un microbiologiste.

«J’avais des symptômes depuis 72 heures et je venais d’attendre pour rien», se désole-t-elle.

Elle a finalement rencontré le spécialiste le mercredi, puis est repartie avec le traitement d’antibiotiques de 21 jours tant espéré.

«Mon constat, c’est que le personnel de la santé n’est pas assez au courant de la gravité de la maladie de Lyme. Le docteur m’a dit que le traitement devait débuter le plus tôt possible pour ne pas aggraver les symptômes. Le système nerveux pourrait être attaqué et entrainer la paralysie du visage, souligne-t-elle. C’est le genre de situation qui devrait se régler au coin de la rue!»

Frappés de nouveau

Mme Grégoire n’éprouve plus de maux de tête aussi intenses, mais certains plus faibles surviennent parfois. Son médecin l’a avertie quant à de possibles courbatures, «mais à 65 ans, allez savoir si j’ai mal en raison de mon âge ou de la maladie!» lance-t-elle en riant.

À ce jour, elle ignore quand et où elle a été piquée, puisque les symptômes peuvent apparaitre jusqu’à 30 jours après le contact avec l’insecte. Néanmoins, elle croit que la piqûre est survenue à Bromont, où elle y passe une partie de son temps. La région des Cantons-de-l’Est est fortement affectée par la présence des tiques, selon la Direction de santé publique de l’Estrie. Plus de 50% des cas de maladie de Lyme au Québec y ont été répertoriés en 2021.

«Nous sommes vigilants lorsque nous allons à Bromont, car nous sommes au courant qu’il y en a beaucoup. Mais je n’ai jamais vu la tique et je ne sais donc pas comment j’ai pu être piquée. Je ne fais pas de randonnée en forêt et mes activités extérieures là-bas consistent souvent à faire du vélo et à jardiner dans ma cour», relate celle qui porte des vêtements longs dehors pour éviter les piqûres.

Triste ironie du sort; le conjoint de Mme Grégoire est aussi atteint de la maladie de Lyme depuis deux semaines. Il a retiré la tique, mais celle-ci avait déjà fait son œuvre, confie la Laprairienne.  

Cette dernière appelle à la vigilance, mais rappelle que personne n’est à l’abri malgré tous les efforts possibles. Elle demande des consignes claires lors d’une infection «parce que le temps compte», affirme-t-elle.  

«Il semble y avoir une méconnaissance incroyable autour des piqûres de tiques.»  

-Nicole Grégoire

Hausse de 50% des cas en Montérégie

Les tiques infectées par la bactérie qui cause la maladie de Lyme n’ont pas pris de vacances pendant la pandémie. Le nombre de Montérégiens atteints a augmenté de 50%, passant d’une centaine en 2018 à 147 en 2021. Les tiques se tiennent dans les herbes hautes, parfois sur les terrains de résidences privées, dans les boisés, mais aussi dans les champs, les jardins et les potagers situés tout près. Lorsqu’on entre en contact avec les herbes hautes, les tiques peuvent s’accrocher à la peau et transmettre la maladie si elles en sont porteuses. C’est pour cette raison qu’il est recommandé de marcher dans les sentiers plutôt que dans les herbes hautes et d’utiliser un chasse-moustiques contenant du DEET ou de l’icaridine sur les parties du corps exposées avant de participer à une activité extérieure. Au retour d’une escapade, il est recommandé d’examiner sa peau et de retirer la tique qui pourrait s’y être accrochée en utilisant une pince, sans tourner.

(Avec Yanick Michaud)