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L'agrandissement d'un centre pour handicapés suscite des craintes

le mardi 05 avril 2022
Modifié à 13 h 58 min le 06 avril 2022
Par Jules Gauthier

jgauthier@gravitemedia.com

La police de Châteauguay, les représentants du Centre Horizon et la Ville étaient présents à cette séance d''information le 24 mars. (Photo: Le Soleil - Jules Gauthier)

Le projet d’agrandissement du Centre Horizon à Léry qui accueille les personnes atteintes de déficience physique, intellectuelle et du trouble du spectre de l’autisme ne fait pas l’unanimité. Le permis de construction n’a pas encore été donné que certains craignent déjà pour leur quiétude. Une rencontre réunissant des représentants du Centre, la Ville et des citoyens a eu lieu le 24 mars pour tenter de calmer le jeu.

« Avec cette réunion, on a voulu rassurer les gens et déconstruire les appréhensions que certains citoyens ont. On est totalement dans un esprit de collaboration et on souhaite que les personnes handicapées aient la possibilité d’être là comme les autres citoyens », a indiqué au journal Marie-Josée Michaud, directrice du Centre Horizon.

L’organisme avait dévoilé en septembre 2021 les plans de sa nouvelle aile d’hébergement au grand public. Avec neuf nouvelles chambres, cette annexe de deux étages permettrait au centre de doubler sa capacité d’accueil pour les séjours sur le long terme.

Mettre les choses au clair

Au cours de l’assemblée, certains citoyens se sont questionnés sur une possible augmentation du trafic et de la vitesse automobile sur le chemin du Lac avec la construction de la nouvelle aile du centre. « Vous, vous parlez pour les personnes handicapées mais moi, je parle pour la sécurité de nos enfants ici et je trouve qu’actuellement, il y a déjà beaucoup trop de circulation », a expliqué une résidente de Léry à Mme Michaud.

La directrice du centre n’a pas nié que cela pourrait apporter quelques voitures et taxis de plus sur le chemin mais elle a tenu à rappeler que cette route est publique et qu’elle appartenait à tout le monde.

« Nos participants sont des citoyens à part entière au même titre que les autres résidents, ils ont autant le droit d’être ici que vos enfants et petits-enfants », a rétorqué la directrice.

Le sergent Jean-Philippe Hurteau du Service de police de Châteauguay, qui était présent ce soir-là, s’est voulu rassurant et a confirmé qu’à la suite d’une opération radar menée en mars, le trafic automobile était presque le même depuis 2015 sur ce tronçon de route, soit 20 véhicules par heure en moyenne.

Une citoyenne en a profité pour demander de plus amples informations sur une demande de dérogation mineure ayant été faite pour le futur projet.

« On ne veut pas agrandir notre terrain ou empiéter sur d’autres propriétés, on a demandé cette dérogation afin de pouvoir avoir assez de place pour faire passer des camions d’incendie dans l’entrée », a expliqué Mme Michaud.

L’une des voisines du centre, Ginette Barbeau, s’est demandé si la nouvelle annexe risquerait de transformer davantage le lieu en un concept d’hôpital avec ses ambulances, ses nombreux travailleurs et des aller-retours incessants. Encore une fois, la directrice s’est voulue rassurante en expliquant que cela n’avait rien à voir avec un CHSLD et qu’il s’agissait avant tout d’un lieu de résidence paisible pour les usagers.

La mauvaise cible

Robert Goyette, qui a fait don en 2019 de la chapelle qui abrite l’organisme, s’est dit indigné par la tournure des évènements et dénonce ceux et celles qui cherchent à mettre des bâtons dans les roues.

« Je trouve déplorable que certains chipotent sur une petite dérogation mineure comme prétexte pour attaquer un projet d’agrandissement qui n’a même encore reçu son permis de construction. L’origine de cette contestation est mal fondée selon moi », a-t-il dénoncé.

Une nécessité pour les parents

Béatrice Duquette, de son côté, est la mère d’un homme de 56 ans vivant avec une déficience intellectuelle. Son fils est un habitué du Centre Horizon. Elle fait appel depuis plusieurs années aux services de jour et ceux de répit les fins de semaine.

« Les parents comme moi, on a besoin de tous les services qu’offre le centre et cela inclut l’hébergement à long terme. Nous on est rendu vieux, on a besoin de savoir qu’il va être dans un endroit sécuritaire et agréable avant que l’on parte », a confié la résidente de Châteauguay. Avant de quitter l’assemblée, la dame a confié qu’elle était bien contente malgré tout de cette rencontre et espère que les gens seront plus sensibles à ce que vivent les parents d’enfants handicapés au quotidien.

Une meilleure compréhension

« Les gens qui ont parlé ce soir, ce n’est pas parce qu’ils ne veulent pas du centre ici. Ils avaient des interrogations. Nous par exemple, c’est la question du trafic qui importait, car on a des petits-enfants qui jouent souvent sur le bord de l’eau. Sinon l’idée du centre est très bonne, on n’est pas contre du tout », ont signalé Lise et Bernard Prégent, un couple de Léry.

Le maire de la ville, Kevin Boyle abonde dans le même sens et estime donc qu’il faut que le projet d’agrandissement aille de l’avant. L'élu insiste cependant pour dire qu’il faut impérativement que la municipalité ait complété les travaux d’égouts et d’aqueduc qui sont sur la table depuis plusieurs années déjà.

« On veut trouver un terrain d’entente et faire en sorte que tous les citoyens connaissent les réalités du Centre Horizon. C’est un must, on veut vraiment pousser fort pour commencer les travaux d'égouts et d'aqueduc le plus rapidement possible ».