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La Yugo va bientôt renaître

le mardi 18 février 2025
Modifié à
Par Luc Gagné

Le nom Yugo, qui a désigné une des pires automobiles jamais vendues en Amérique du Nord de la fin des années 80, réapparaîtra bientôt sur le marché européen. Cette nouvelle a été annoncée le 16 février dans une entrevue présentée par l’émission automobile Emisije SAT de SAT Media Group, un service de télévision sur demande de Serbie.

Dans cette émission animée par Mladen Alvirović, le promoteur de ce projet, Aleksandar Bjelić, a confirmé avoir enregistré la marque de commerce Yugo en 2024, de même que le logo qui servait autrefois à désigner ces voitures.

Économiste et ingénieur de formation, Bjelić dirige aujourd’hui la société Globo Car Care de Gmünd, en Allemagne, qui fabrique une gamme de produits d’entretien réputés pour automobile. La marque Yugo a d’ailleurs été enregistrée au nom de Globo.

Dans cette entrevue, on voit aussi les premières esquisses de la future Yugo et une maquette que le designer serbe Darko Marčeta travaille. Ce dernier parle d’une réinterprétation moderne de la voiture d’antan, avec des proportions nettement plus généreuses et des formes anguleuses contemporaines qui l’assimilent aux sous-compactes actuelles, ses futures rivales. Car cette nouvelle Yugo qu’on prépare sera un modèle à 3 portes d'entrée de gamme qu’on veut abordable — comme son homonyme d’antan.

Les créateurs de cette Yugo misent, dans une certaine mesure, sur l’aspect rétro de la marque afin de susciter l’intérêt de ces acheteurs qui sont interpellés par des nouveautés récentes comme la Renault 5, la fourgonnette Volkswagen ID. Buzz et la Microlino.

Partenariat avec un grand constructeur… inconnu

Bjelić a confirmé que la motorisation proviendra d’un grand constructeur, qu’il se garde toutefois d’identifier. De plus, bien qu'une version électrique soit évoquée, cette Yugo aura d’abord une motorisation thermique. Cela permettra de la rendre abordable et amusante, affirment ses concepteurs.

D’après Bjelić, un concept sera dévoilé cette année. Il sera suivi d’un prototype de présérie qui sera en vedette à Expo 2027, l’exposition mondiale qui sera présentée à Belgrade, capitale de la Serbie, du 15 mai au 15 août 2027.

En outre, pour faire connaître la nouvelle Yugo, Bjelić mise sur un coup d’éclat rappelant une des principales réalisations de Zastava, le constructeur qui à l’origine de la Yugo originale.

En 2027, cinq nouvelles Yugo quitteront la ville de Kragujevac, à 130 kilomètres au sud-est de Belgrade, où se trouvait autrefois l’usine de Zastava, pour entreprendre une expédition devant les mener au pied du mont Kilimandjaro, en Tanzanie, comme l’ont fait en 1975 cinq équipages conduisant des Zastava 101 (une variante yougoslave de la Fiat 128).

L’auto la moins prétentieuse au monde

Fabriquée de 1980 à 2008 par Zastava Automobili en Yougoslavie (pays qui a existé jusqu’en 2006), la Yugo d’autrefois a fait son entrée au Canada à cause de l’homme d’affaires étatsunien Malcolm Bricklin, celui-là même qui est derrière la fondation — et l’échec — de la Bricklin SV-1 à portes en ailes de mouette fabriquée au Nouveau-Brunswick, au milieu des années 70.

En août 1985, les premiers exemplaires de la Yugo sont vendus aux États-Unis. Au Canada, il faudra attendre l’automne 1987 pour qu’arrive cette sous-compacte que la publicité présentait comme « L’auto la moins prétentieuse au monde ».

Avec un prix de base de 6 298 $ (3 990 $ US chez nos voisins du Sud), elle était, en effet, la moins chère de toutes. Au Canada, elle était même moins chère que les trois autres voitures importées d’Europe de l’Est : la Dacia 1310 (6 395 $), la Lada Samara (6 495 $) et la Skoda 120 GLS (6 665 $).

Ce quatuor soviétique établissait d’ailleurs les « prix plancher » du créneau des petites voitures au Canada comparativement à la Suzuki Forsa et la Hyundai Excel (6 995 $), la Colt de Chrysler (7 923 $), la Nissan Micra (7 968 $), la Toyota Tercel (7 998 $), la Mazda 323 (8 385 $), l’Optima de GM (8 750 $) et la Volkswagen Fox (8 690 $).

Prétentieuse, cette puce yougoslave ne pouvait l’être aussi à cause de tous ces échos issus des États-Unis, qui annonçaient une piètre qualité de fabrication et une fiabilité douteuse. De quoi saper tous les efforts déployés par l’importateur canadien et les concessionnaires pour attirer les consommateurs.

D’ailleurs, avec un 4-cylindres atmosphérique léthargique de 1,1 L et 55 ch, une boîte de vitesses manuelle à 4 rapports imprécise et un comportement routier aléatoire, un essai de quelques minutes suffisait à convaincre qui que ce soit de remettre les clés de la voiture au concessionnaire sans attendre !

Photos : Yugo/Emisije SAT, archives LG

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