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La difficile gestion des boites de dons de vêtements

Il y a 3 heures
Modifié à
Par Valérie Lessard

vlessard@gravitemedia.com

La boite de dons à l'intersection du boulevard Saint-Jean-Baptiste et de la rue Parkview débordait régulièrement cet automne. (Photo : gracieuseté Luce Laberge)

Des boites de dons de vêtements qui débordent, des sacs éventrés et éparpillés un peu partout dans la rue ; la gestion de ces installations n’est pas simple pour les organismes qui en sont responsables. Lassés de gérer les vols de vêtements et les poubelles d’autrui, certains organismes ont retiré leurs boites alors que d’autres tentent de fournir à la demande tout en appelant au civisme des citoyens.

Cet automne, des citoyens des rues Laval, Lavallée, Sauvé à Châteauguay se sont retrouvés avec des vêtements éparpillés un peu partout sur la voie publique. Même chose sur les rues Gilmour, Concordia et le boulevard Maple selon une publication diffusée sur la page Spotted Châteauguay en décembre.

Une photo partagée sur Spotted Châteauguay de vêtements éparpillés à l'intersection des rues Concordia et Elmridge en décembre. 

La conseillère municipale de Châteauguay Lucie Laberge l’a remarqué dans son quartier depuis quelques mois, notamment dans le secteur près de la boite de dons située dans le stationnement du dépanneur Couche-Tard à l’angle du boulevard Saint-Jean-Baptiste et de la rue Parkview. «La boite de dons déborde et les gens mettent les sacs par terre à côté. Ces sacs-là sont éventrés et éparpillés un peu partout», a-t-elle constaté.

Bien qu’il soit indiqué clairement sur la boite que l’organisme Le Support n’accepte que des vêtements et des souliers en bon état, il n’est pas rare de voir une foule d’objets aux abords de la boite. Un siège d’auto pour enfants, un jeu de société, un oreiller, un matelas de sol trainaient aux abords de l’une d’entre elles, selon des photos fournies au Journal.

La conseillère municipale a contacté l’organisme Le Support de la Société québécoise de la déficience intellectuelle pour l’informer de la situation et ce dernier a pu ajouter une deuxième boite avec l’accord du partenaire Couche-Tard. «Pour le moment, la deuxième boite semble avoir résolu le problème», indique Mme Laberge.

Une deuxième boite a été ajoutée. (Photo : Le Soleil - Valérie Lessard)

La Ville de Châteauguay a mentionné au Journal que «des interventions sont en cours pour résoudre les situations» liées au débordement et l’étalement de vêtements sur la voie publique. Elle dit toutefois ne pas avoir observé «de hausse notable de ces incidents» dans les derniers mois.

Pas des poubelles

Ginette Grzeszczakowski, directrice du développement des affaires et responsable de l’installation des boites de l’organisme Le Support, suit de près les différentes collectes dans l’espoir d’éviter les enjeux de propreté ou de débordements. «Les gens pensent que l’organisme vide sa boite une fois par mois, mais je vous assure qu’on passe minimum trois à quatre fois par semaine et on a aussi une navette 24 h si jamais ça déborde. Nos partenaires peuvent nous appeler», explique-t-elle. L’organisme, qui se finance via la vente de vêtements dans leurs friperies, tente d’être rapide, mais son travail est souvent ralenti parce que tout et n’importe quoi sont déposés aux abords des boites.

 «Je ne sais pas si c’est parce que les gens sont mal informés et qu’ils ne savent pas où aller porter les trucs, mais on sait que des gens font des tournées de nuit pour déposer leur stock autour des boites. Nos chauffeurs finissent par faire le travail du citoyen à sa place et doivent aller en disposer à l’écocentre», souligne Mme Grzeszczakowski.

Elle demande aux citoyens de vérifier s’il y a de la place dans la boite et d’éviter de déposer des sacs à proximité. «Ça crée un effet d’entrainement. Les gens qui suivent pensent que c’est plein et les laissent par terre.» Mais tous ces vêtements vont être jetés puisqu’ils n’étaient pas à l’abri des intempéries et ne peuvent être récupérés.

Gabriel, un employé de la compagnie Ecorecyclage2016 qui a également des boites à Châteauguay, remarque aussi que les vêtements trainent régulièrement aux abords des boites. «On part avec une boite de 200 sacs neufs vides et on va mettre les vêtements dans les sacs et nettoyer le lieu», explique-t-il.

Manque de civisme

La Châteauguoise Erika Oostveen déplore le manque de civisme autour des boites de vêtements. Elle a fait du ménage à plusieurs reprises pendant le temps des Fêtes près des boites de dons situées derrière le magasin Tigre Géant à Châteauguay.

Capture d'écran de l'état du site derrière le magasin Tigre Géant pendant le temps des Fêtes. 

«Je viens nettoyer et deux jours plus tard c’est encore plein de linge qui n’a pas été déposé dans les contenants et il reste quand même de la place à l’intérieur», souligne-t-elle. Ces vêtements se retrouvent mouillés, certains ont même été lancés sur une butte de neige à proximité.

Le Centre communautaire de Châteauguay, de son côté, a retiré les six boites de dons qu’il avait dans la municipalité depuis environ un an puisque c’était devenu «ingérable», d’après la directrice Nadia Tremblay. «On avait plusieurs enjeux, dont celui de la sécurité. Des gens essayaient de rentrer dans les boites pour fouiller dedans, mais ce qui a fait déborder le vase, en toute honnêteté, c’est quand on a vu une maman envoyer son enfant à l’intérieur», relate Mme Tremblay. La qualité des dons avait aussi diminué, remarque-t-elle.

L’organisme laissait aussi un accès 24 heures sur 24 à l’entrée du centre communautaire pour que les gens y déposent les dons. «Mais depuis deux, trois ans, on a des vols à n’en plus finir», ajoute Mme Tremblay.

Le Centre communautaire a donc augmenté ses heures d’ouverture et les dons doivent être apportés pendant cette période.

Les organismes auxquels le Journal a parlé encouragent les dons puisqu’ils détournent d’importantes quantités de vêtements du dépotoir et leur permettent de se financer, mais demandent aux citoyens d’être responsables dans leur tri de leur matériel… et le dépôt de leurs dons. «On ramasse près de 30 000 livres de dons par boite par année», illustre Ginette Grzeszczakowski.