Hôpital Anna-Laberge : rapport accablant du Protecteur du citoyen
Une enquête du Protecteur du citoyen du Québec a démontré que les multiples problèmes des urgences de l'Hôpital Anna-Laberge à Châteauguay ont des impacts réels sur la santé des patients et la qualité des soins prodigués. L'ombudsman espère que le gouvernement provincial gardera un œil attentif sur ce cas spécifique à la suite de ses recommandations.
En juin 2021, le Protecteur du citoyen a publié un rapport accablant sur la situation qui prévaut depuis plusieurs années aux urgences de l’Hôpital Anna-Laberge. L’enquête, qui aura duré presque neuf mois, a débuté à la suite de témoignages et de signalements faits sur l’état critique des urgences de l’établissement.
Dans leur rapport, les déléguées Marie Noël Collin et Claudie Morin ont constaté « les nombreux impacts de l’engorgement de l’urgence et du manque de fluidité hospitalière sur la qualité des soins et la surveillance des usagers et des usagères ».
Le rapport fait état notamment de soins non donnés, d’erreurs de médication, de manque d’équipement adapté à la condition des usagers, de manque de surveillance des patients ou encore, de soins donnés dans des lieux inadéquats.
Les personnes âgées, qui représentent une grande partie de la clientèle des urgences, sont durement touchés par cette désorganisation, indiquent-elles dans le rapport. Le personnel de l’hôpital a fait mention aux enquêtrices d’une hausse de cas de delirium, de chutes fréquentes, de risque de dénutrition, de syndrome d’immobilisation et d’agitation entre divers usagers.
Une myriade de problèmes
Les causes de ces perturbations aux urgences de l’hôpital Anna-Laberge sont multiples comme l’indique le rapport.
Le manque de ressources humaines est un facteur prédominant dans le mauvais fonctionnement des urgences. Selon l’ombudsman, « toutes les personnes interrogées sont unanimes au sujet de la pénurie de personnel, et ce, indépendamment de leur niveau hiérarchique au sein de l’établissement. Le MSSS reconnaît le déséquilibre de personnel dans la région en défaveur du CISSS de la Montérégie-Ouest ».
L’enquête fait notamment rapport d’un manquement au niveau de la gestion des urgences. Selon le rapport, l’hôpital fait face à une absence de leadership.
« Des changements fréquents de directeur des services professionnels (DSP) sont cependant observés depuis plus de dix ans au sein de l’établissement. Une telle situation nuit au développement d’une vision à long terme pour le département d’urgence », indique les déléguées dans leur analyse de la situation.
Le manque de lits est aussi un élément majeur dans l’équation du problème. Avec 201 lits d’hospitalisation de courte durée et 32 civières d’urgence, l’hôpital n’est pas en mesure de fournir à la demande.
« La nécessité de réserver 39 lits d’hospitalisation dits chauds pour les usagers et les usagères atteints de la COVID-19 a causé une pression supplémentaire sur l’urgence », ont conclu les enquêtrices.
L’enquête soulève également des irrégularités et des déficiences au niveau de l’outillage informatique, des consultations et des admissions aux urgences.
Les recommandations de l’ombudsman
Le centre hospitalier connait de nombreux épisodes de débordement au sein de ses urgences qui accueillent environ 45 000 personnes par année. Le taux d’occupation sur civière se situe très fréquemment autour de 175%, voire de 200%. Le rapport indique notamment que la pandémie de Covid-19 n’a aidé en rien à la situation. Bien au contraire, elle a créé une pression supplémentaire sur l’efficacité et la sécurité des urgences.
Dans le but de rétablir la situation, le Protecteur du citoyen émet plusieurs recommandations au centre hospitalier de Châteauguay ainsi qu’au au ministère de la Santé et des Services sociaux.
Parmi ces conseils, l’ombudsman préconise entre autres un plus grand nombre de personnel infirmier aux urgences, le réaménagement des lieux physiques de l’urgence, l’introduction d’un plan de désencombrement, des outils informatiques plus performants, un mécanisme de surveillance des patients plus poussé ou encore, un meilleur processus de gestion des admissions.
Le CISSS et le Ministère ont assuré le Protecteur du citoyen de leur entière collaboration dans ce dossier. Ils lui ont mentionné qu’ils effectueraient les suivis nécessaires pour répondre adéquatement aux diverses demandes formulées dans le rapport.