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Google à Beauharnois : 3 producteurs touchés

le mercredi 12 juin 2019
Modifié à 14 h 20 min le 12 juin 2019
Martin Primeau - Collaboration spéciale La Terre de chez nous Le projet de changement de zonage d’une terre de 94 ha à Beauharnois pourrait avoir des conséquences importantes sur trois agriculteurs de la Montérégie qui louent chacun une parcelle au propriétaire du site, Hydro-Québec. Germain Leduc fait partie du lot. Le producteur laitier loue depuis des dizaines d’années une terre d’environ 30 ha où il fait pousser son foin. Il en tire 37 % de sa production. « Si je perds l’accès à ces terres, je vais être forcé d’acheter du foin d’ailleurs, confie-t-il. Il n’y a plus rien à louer dans le coin. » Michel Myre et Alain Verstynge, deux producteurs de grandes cultures, ont pour leur part investi chacun plus de 50 000 $ en travaux de nivellement et de drainage sur des parcelles faisant environ 30 ha. Pour M. Myre, l’histoire se répète une troisième fois. Par le passé, il a perdu l’accès à des terres louées en raison du prolongement de l’autoroute 30, puis à la suite de l’aménagement d’un parc industriel à Beauharnois. « Dans les deux cas, c’était déjà zoné blanc, a-t-il expliqué à La Terre. Alors quand j’ai loué ces terres-là en zone verte il y a quatre ans, je me disais que j’allais pouvoir les utiliser aussi longtemps que je le voudrais. » Loi spéciale demandée Lors de la séance du conseil de ville du 14 mai dernier, les élus de Beauharnois ont officiellement demandé au gouvernement québécois d’adopter une loi spéciale qui permettrait de faire passer une terre zonée verte de 94 ha en zone blanche en vue de la construction d’un centre de données sur le site. Selon Le Journal de Montréal, Google serait l’entreprise derrière le projet. Ni Hydro-Québec ni la Ville de Beauharnois n’ont toutefois confirmé l’information à La Terre. « Même nous, à la Ville, on ne sait pas de qui il s’agit, confie le directeur général Alain Gravel. Ils communiquent avec nous par l’entremise d’intermédiaires. » Souhaitant que le projet aille de l’avant, la Ville de Beauharnois s’est adressée à la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) à l’automne 2018. L’organisme a toutefois indiqué dans son orientation préliminaire qu’elle refusait la demande de changement de zonage. Le rapport de la CPTAQ souligne que deux autres sites, ceux-là zonés blancs, ont été considérés par l’acquéreur à Beauharnois. L’un d’eux, d’une superficie de 33 ha, était jugé trop petit pour le projet. Le terrain convoité par Google dispose quant à lui d’une superficie constructible de 62,3 ha, le reste de la parcelle étant réservé à des lignes de transport d’électricité d’Hydro-Québec. La balle se retrouve maintenant dans le camp du gouvernement québécois. Joint par La Terre, le ministère de l’Économie et de l’Innovation (MEI) n’a pas voulu discuter du dossier. « Le MEI n’a pas à intervenir publiquement ou à commenter un changement de zonage réclamé par une ville qui souhaite accueillir éventuellement une entreprise », a-t-on spécifié. Un cas similaire au Luxembourg Google dispose actuellement de 15 centres de données à travers le monde et cherche à en bâtir de nouveaux. L’entreprise a notamment acheté des terres sur une superficie de 34 ha à Bissen au Luxembourg pour cette raison, soulevant l’ire des acteurs locaux alors que les élus cherchent à faire changer le zonage de la parcelle. Charles-Félix Ross, directeur général de l’Union des producteurs agricoles, était justement de passage au Luxembourg en mai dernier. « Comme ici, on sent là-bas qu’il y a une pression du développement urbain sur la zone agricole, dit-il. Nos politiciens prêchent la vertu et disent vouloir protéger les terres et l’environnement, mais concrètement, ce sont toujours les impératifs économiques à court terme qui vont prévaloir. »

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