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L’espoir d’une vie meilleure pour une famille de la Côte d’Ivoire

le mercredi 09 avril 2025
Modifié à 16 h 45 min le 09 avril 2025
Par Eric Tremblay

etremblay@gravitemedia.com

Cheick Traoré se sent chez lui et apprécié au Centre nautique de Beauharnois. (Photo Le Soleil : Denis Germain)

Cheick Traoré était prêt à tout pour offrir une meilleure vie à sa famille. Le Centre nautique de Beauharnois était à la recherche d’un mécanicien spécialisé. Deux destins éloignés, entre la Côte d’Ivoire et le Québec, qui ont mené à une union qui semblait improbable il y a quelques mois. Mais, qui aujourd’hui, navigue vers le bonheur. 

L’an dernier, Cheick a opté pour immigrer au Canada. «C’était réfléchi, assure celui qui était mécanicien de bateau dans son pays. Je voulais explorer d’autres aventures. J’étais prêt. J’étais motivé pour une vie meilleure pour mes enfants et une bonne éducation pour mes enfants.»

L’Ivoirien a d’abord quitté seul sa terre natale. Direction l’Abitibi. L’aventure a cependant viré au cauchemar, confronté à certaines personnes intolérantes. 

Une ouverture à Beauharnois

Il a perdu son emploi, ce qui le plaçait devant deux options. Cheick devait trouver un nouveau boulot. Sinon, c’était le retour dans son pays d’origine. Sur les réseaux sociaux, il a amorcé une discussion avec Éric Lamontagne, propriétaire du Centre nautique de Beauharnois.

«J’avais besoin d’un mécanicien et dans le domaine du bateau, il n’y a pas vraiment de formation, laisse entendre l’entrepreneur. Souvent, tu apprends sur le tas. Cheick avait cette expérience et il a rapidement démontré qu’il désirait approfondir ses connaissances.»

Le contact s’est établi à distance. Mais dans le personnel à Beauharnois, les appréhensions se sont fait sentir. 

Ismael a vraiment apprécié son intégration à l’école Marguerite-Bourgeoys. (Photo : gracieuseté)

Un membre de l’équipe

Jean Lamontagne en est un qui a appris à apprécier l’Ivoirien. «Je n’étais pas réticent, mais peut-être méfiant, confie-t-il. J’ai entendu des histoires qui ont mal tourné. J’en ai parlé avec Cheick. Aujourd’hui, je vois qu’il se démarque et qu’il est un super bon mécano.»

Au-delà des aptitudes dans l’atelier, il reconnaît la valeur de l’individu. «Il est courageux aussi, avec les démarches qu’il a dû faire, ajoute-t-il. Ce n’est pas tout le monde qui aurait fait la même chose.»

Marc Descheneaux a abondé dans le même sens. «On est une petite équipe familiale ici, a-t-il fait remarquer. Mais il a démontré une belle énergie, il a un bon tempérament et il fait partie de l’équipe.»

Le personnel a contribué à l’intégration du nouvel employé et a démontré une belle ouverture à sa culture différente.
«Sa venue a littéralement changé notre façon à tous de percevoir les immigrants, soutient Éric Lamontagne. Nous avons beaucoup appris sur la réalité du monde hors de notre beau pays.»

Cheick est d’ailleurs reconnaissant d’avoir trouvé un employeur qui lui a non seulement ouvert la porte de l’entreprise, mais la porte de sa maison. «J’ai obtenu une vraie chance de démontrer ce que je peux faire, a-t-il noté. Je me sentais chez moi.»

Enfin réunis

Depuis le mois de février, Cheick a été rejoint par sa conjointe et leurs deux garçons. Deux refus ont d’abord été essuyés par le gouvernement.

«Cheick était alors devenu un élément important de notre entreprise et nous étions confrontés au fait qu’il ne pourrait pas demeurer loin de sa famille indéfiniment», a fait remarquer Éric Lamontagne.

La conjointe de ce dernier s’est impliquée dans les démarches. Un appel au bureau de la députée fédérale a aussi permis de structurer la demande.

L’équipe du Centre nautique de Beauharnois a pu compter sur la députée Claude DeBellefeuille pour remplir adéquatement les exigences qui ont permis à Cheick de faire venir sa famille au Québec. (Photo : gracieuseté)

Ismael, l’adolescent de la famille, a récemment fait son entrée à l’école Marguerite-Bourgeoys. «Il est bien content de sa nouvelle école, laisse savoir Cheick. Quant à mon plus jeune, il a 4 ans et son adaptation sera très facile. Pour leur offrir la même éducation en Côte d’Ivoire, il aurait fallu que je sois millionnaire.»

Une expérience à répéter

Le Centre nautique de Beauharnois se réjouit de ce succès. Tellement qu’il envisage de récidiver alors que les besoins de main-d’œuvre sont toujours présents au sein de l’entreprise, pour une couturière de toile de bateau.

«C’est très possible que l’on retourne engager à l’étranger,  laisse savoir Éric Lamontagne. On veut encourager local, mais on a trouvé une famille merveilleuse avec Cheick.»

En partageant cette histoire, l’entreprise souhaite démontrer aux autres PME de la région que les démarches pour embaucher à l’étranger sont moins ardues qu’elles peuvent se l’imaginer.