En marche contre le développement de la Terre Faubert
Une quarantaine de personnes, pancartes à la main, ont marché dans les rues de Châteauguay, dimanche après-midi, dénonçant le possible projet immobilier à venir dans la Terre Faubert. Elles demandent à la Ville de mettre les démarches sur pause et ultimement, de protéger ce boisé le long de l’autoroute 30.
Quatre groupes environnementaux, soit SOS Fernand-Séguin, Sauvons la terre à Faubert, Boisés et écologie-Châteauguay et À Châteauguay, quelle ville voulons-nous ?, se sont unis pour organiser cette manifestation, la veille du conseil municipal du 23 septembre où une nouvelle étape vers l’adoption du plan particulier d’urbanisme devrait être franchie.
Les participants se sont d’abord réunis au parc Yvan-Franko avant de se diriger vers le boulevard Saint-Jean-Baptiste et tout près des bâtiments de la Terre Faubert situés derrière l’édifice qui abrite le commerce Piscines René Pitre.
Les manifestants devant la grange de la Terre Faubert dont la démolition a été autorisée en septembre. (Photo : Le Soleil - Valérie Lessard)
Une pause pour réfléchir
«On demande à la Ville de sursoir, c’est-à-dire d’attendre, de réfléchir avant d’agir», a exprimé Chantal Payant, membre du groupe Boisé et écologie-Châteauguay, juste avant le début de la marche. Celle-ci a rappelé que la Ville travaille présentement sur un plan particulier d’urbanisme visant à encadrer les possibilités de développement sur la Terre Faubert, qu’elle a aussi entamé une révision d’ensemble de son plan urbanisme, qu’elle commence son plan de transition écologique et analyse aussi l’état de ses infrastructures souterraines.
«Alors on dit à la Ville : avant de développer de nouveaux quartiers, pouvez-vous juste faire votre planification comme [il le faut] et vous allez vous rendre compte, que, peut-être, vous n’avez pas besoin de développer dans les milieux naturels», mentionne Mme Payant.
Dans le projet préliminaire de plan particulier d’urbanisme présenté par la Ville en juin, il est notamment question de permettre la construction d’édifices variant de deux à huit étages, pour un nombre approximatif de 1500 à 2000 logements. La Ville exigerait de conserver un minimum de 30 % d’espace boisé.
Densifier ailleurs
Guy Turcotte, membre de l’organisme SOS Fernand-Séguin, s’inquiète de ce projet de quartier résidentiel qu’il qualifie de «tout à l’auto» puisqu’il est loin des services. «Ça va prendre une auto que tu veuilles faire n’importe quoi. Si on met 5 à 7000 personnes [dans ce quartier], ça fait 3500 à 5000 autos qui vont circuler tous les jours pour aller à l’épicerie, aller à l’école, à la garderie. C’est fou», souligne-t-il.
Le Châteauguois Florian Rouaud, membre du groupe Sauvons la terre à Faubert, s’implique pour la cause bien qu’il n’habite pas à proximité du site du projet. «Je me sens quand même concerné par le projet parce que c’est dans ma ville et la protection des milieux naturels fait partie de mes valeurs», explique-t-il.
«Nous ne sommes pas contre la construction de logements, nous sommes conscients de la crise du logement, mas peut-on repenser les politiques d’urbanismes pour éviter l’étalement urbain ?» Le Châteauguois fait référence à son pays d’origine, la France, où les centres-villes de nombreuses villes ont été densifiés. Selon lui, le boulevard D’Anjou serait plus approprié pour y construire des immeubles de huit étages que sur le bord d’une autoroute. «On peut redynamiser le boulevard en ayant des commerces en bas et des logements au-dessus», illustre-t-il.
Dans son projet préliminaire de plan particulier d’urbanisme (PPU), la Ville propose de «mitiger le bruit autoroutier par l’implantation de bâtiments plus haut le long de l’autoroute». Les opposants au projet considèrent que c’est contraire aux recommandations de la Direction de santé publique de la Montérégie. Dans une fiche d’intervention publiée en janvier 2024, la Santé publique indique que les «édifices-écrans (ex : rangée d’immeubles commerciaux, à bureaux, industriels) sont les mesures les plus efficaces», en termes d’écran acoustique. Or, dans le PPU, il est uniquement question de construction résidentielle en bordure de la voie rapide.
La Santé publique de la Montérégie indique que «demeurer près d’une route à haut débit de circulation peut entrainer un fardeau de santé important et est notamment associé à l’asthme chez l’enfant et à des maladies respiratoires ou cardiovasculaires chez les personnes âgées».
Prochaines étapes
Le PPU de la Terre Faubert est à l’ordre du jour du conseil municipal ce lundi soir pour modifier certains règlements en vue de son adoption prochainement. Une séance de consultation publique aura également lieu à la mi-octobre.
La Ville avait également recueilli les commentaires des citoyens pendant un mois cet été, après la présentation du projet préliminaire du PPU. Elle a reçu 35 suggestions et commentaires via ce processus. «Certains citoyens ont soumis de simples commentaires, alors que d’autres ont fait parvenir des documents plus étoffés tels des mémoires», informe Eric Laparé, conseiller en communication à la Ville. Celui-ci mentionne que «l’ensemble des commentaires et suggestions seront pris en compte et un résumé de ceux-ci sera présenté lors de la séance de consultation publique» en octobre. La date de cette consultation n’est pas encore connue.