Actualités

Des costumes d'Halloween pour enfants en fauteuil roulant créés par des élèves de Billings

le mardi 07 novembre 2023
Modifié à 11 h 54 min le 08 novembre 2023
Par Valérie Lessard

vlessard@gravitemedia.com

Emilia Alcaine Nolasco est costumée en personnage de Moana sur son bateau. (Photo : Le Soleil - Valérie Lessard)

Avoir un costume d’Halloween pour un enfant en fauteuil roulant est compliqué . L’offre est pratiquement inexistante et peu adaptée. Mais depuis deux ans, grâce à l’initiative d’une Châteauguoise touchée par cette réalité, 25 élèves de l’école régionale Brenda-Milner reçoivent des costumes personnalisés confectionnés de A à Z par des élèves de l’école secondaire Howard S. Billings à Châteauguay.

Ce projet qui unit les deux écoles a vu le jour l’an dernier grâce à la Châteauguoise Johanne Fortin qui adore concevoir des costumes d’Halloween. Quand son petit-fils fréquentait l’école primaire Gérin-Lajoie à Châteauguay, il côtoyait tous les jours des enfants ayant un handicap puisque cet établissement accueillait cette clientèle avant l’ouverture de l’école spécialisée en 2019. Mme Fortin remarquait qu’ils ne portaient pas de costumes d’Halloween. «C’est vrai que dans les magasins, on n’en voit pas, des costumes pour personnes en fauteuil roulant. Pourtant, un enfant en fauteuil roulant mérite d’avoir un costume comme tous les autres enfants», raconte-t-elle.

La Châteauguoise a eu l’idée d’en concevoir elle-même et a parlé de son projet au directeur de l’école Brenda-Milner. Michel Robert s’est réjoui de cette initiative. «C’est compliqué pour les parents d’avoir un costume. J’étais allé à Walt Disney l’été passé et j’avais vu pour la première fois des costumes adaptés, mais c’était tellement cher!» souligne le directeur.

Confection de A à Z

Johanne Fortin a ensuite approché Katrina Smith-Valade, enseignante à l’école secondaire Billings, qui a eu l’idée d’intégrer ce projet dans le cadre du cours de design offert aux élèves du programme d’éducation internationale.

Pour concevoir les costumes, les élèves ont envoyé un formulaire aux parents afin de recueillir différentes informations, dont les dimensions du fauteuil roulant ainsi que les intérêts ou les souhaits de l’enfant pour le costume d’Halloween. Par la suite, ils ont établi un plan et procédé à la création du costume, la majorité conçue à partir de boites de carton.

(Photo : Le Soleil - Denis Germain)

Le Journal a fait un tour dans la classe de Mme Smith-Valade, la veille de l’Halloween alors que les adolescents de troisième secondaire terminaient les costumes. On sentait d’ailleurs une fébrilité et une certaine urgence que tout soit prêt pour le lendemain. Ça découpait, coloriait, peinturait sans relâche… et posait beaucoup de questions de dernière minute à l’enseignante.

Jade Letham et son équipe dessinaient minutieusement le labyrinthe qui figure dans le livre Harry Potter et la Coupe de feu. «Notre enfant aura un costume d’Harry Potter et il voulait vraiment avoir ce thème avec des dragons», explique-t-elle. Cette expérience lui fait prendre conscience que ce n’est pas tout le monde qui a la même chance. «Le fait qu’ils ne peuvent pas faire certaines choses que nous pouvons faire au quotidien, c’est fou.»

Sa collègue Alexa Sénécal travaillait de son côté à un costume à thématique restaurant. «J’aime le fait qu’elle aura un costume pour l’Halloween et que c’est ce qu’elle voulait», commente l’adolescente.

Ouverture à la différence

Katrina Smith-Valade a informé ses élèves sur l’expérience qu’ils s’apprêtaient à vivre le lendemain, moment où ils allaient rencontrer pour la première fois l’élève avec qui ils étaient jumelés. Les adolescents allaient devoir aussi ajuster et installer les costumes sur les fauteuils.

«L’environnement à Brenda-Milner est très calme. Les élèves ne sont pas habitués à un bâtiment comme le nôtre avec 1000 personnes», a-t-elle illustré. Elle a rappelé que la majorité d’entre eux sont non-verbaux, c’est-à-dire qu’ils ne parlent pas.  «Vous devez être préparé au fait que si l’enfant n’aime pas votre costume, ce n’est pas votre faute. Vous n’échouerez pas ou ne perdrez pas de points à cause de ça. Ils ne pourront peut-être pas vous le dire, ils vont peut-être s’agiter ou résister», a expliqué l’enseignante.

Une rencontre unique

Le lendemain, la soixantaine d’élèves de l’école Billings s’est rendue à l’école Brenda-Milner. Comme Mme Smith-Valade l’avait mentionné la veille, l’ambiance était très calme et les adolescents ont ajusté avec délicatesse les costumes sur les fauteuils, aidés par les intervenants qui accompagnent au quotidien les jeunes de Brenda-Milner.

Bryan Vallée entouré de l'équipe d'élèves de l'école secondaire Billings ayant préparé son costume. (Photo : Le Soleil - Valérie Lessard)

Le directeur de Billings, Nick Laframboise, présent aussi, semblait touché par cette initiative unique. «C’est une expérience incroyable pour les élèves», a-t-il commenté.

Johanne Fortin a préparé deux costumes pour les élèves de l'école Brenda-Milner cette année. (Photo : Le Soleil -Valérie Lessard)

Mme Fortin était aussi présente et avait conçu elle-même deux costumes : un véhicule de Barbie et un ensemble de Bumblebee. La matinée d’Halloween s’est terminée avec un défilé des costumes dans les corridors de l’école, sous le regard fier des intervenants, du personnel de l’établissement et des élèves de l’école Billings.