Des citoyens veulent faire changer le règlement
Une récente altercation entre un policier et un propriétaire de chien pitbull lance le débat sur la pertinence du règlement interdisant cette race de chien à Châteauguay. Une Châteauguoise outrée par ce règlement a d'ailleurs lancé une pétition dans l'espoir d'enlever cette distinction des races dans la règlementation.
Hugh-Patrick McGurnaghan vit depuis 10 ans avec son chien Murphy à Châteauguay. À l’époque où il s’est procuré l’animal, il ne savait pas que les chiens de type pitbull étaient interdits à Châteauguay. «Je l’ai su environ six mois après (l’achat) que c’était interdit à Châteauguay», confie-t-il. Il paie la licence de Murphy annuellement à la Ville de Châteauguay, en indiquant qu’il s’agit d’un American Staffordshire terrier (race interdite) et a déjà eu une contravention à ce sujet dans le passé.
340$ de contravention
Mais le 7 juillet dernier, les choses sont devenues plus sérieuses. Hugh-Patrick McGurnaghan attendait sa copine à l’extérieur d’un dépanneur de Châteauguay en compagnie de son chien. Un policier de Châteauguay l’a interpellé pour lui dire qu’il est interdit d’avoir un pitbull à Châteauguay et que son chien devait être tenu en laisse. «Il m’a dit : je te donne deux contraventions que tu recevras par la poste dans une semaine. Et dans une semaine j’irai chez toi, et si tu as toujours ton chien je le prendrai pour le faire euthanasier», raconte M. McGurnaghan. Il a écopé de deux contraventions de 168 $. À ce jour, le policier de Châteauguay n’est toujours pas allé au domicile du Châteauguois, mais Hugh-Patrick McGurnaghan ne prend pas de chance : Murphy vit désormais dans un endroit à l’extérieur de la juridiction de la police de Châteauguay. «Mon chien a dix ans. Il est bien socialisé. J’ai toujours fait attention pour qu’il n’ait pas l’air effrayant. Je ne veux pas avoir un chien qui fait peur», confie-t-il.
Un règlement «barbare»
Mis au parfum de cette situation, la Châteauguoise Susan Mckasey a décidé d’aider Murphy et son maître en lançant une pétition pour abolir ce règlement. «Elle a été mon ange jusqu’à maintenant», soutient Hugh-Patrick McGurnaghan. «C’est une loi discriminatoire, barbare, croit Mme Mckasey. Elle ne fait aucun sens. Je déteste le dire ainsi, mais c’est comme juger quelqu’un selon sa couleur de peau.» Mme McKasey a lancé une pétition en ligne et a récolté plus de 3000 signatures jusqu’à maintenant. Elle est d’avis qu’il est important d’avoir des règlements encadrant la présence d’animaux dans la ville, mais pas selon la race. «En interdisant une race en particulier, les gens baissent leur garde en se disant qu’il n’y aura plus de problème de morsure de chien. Mais un chihuaha aussi peut mordre un enfant. Tout dépend de la façon dont le chien a été élevé», soutient Susan McKasey. Elle croit que les propriétaires de chiens doivent se responsabiliser par rapport à leur animal, et ce, peu importe la race. «Le problème n’est pas de ce côté de la laisse», illustre-t-elle. Elle compte se présenter à la prochaine assemblée publique de la Ville de Châteauguay pour faire valoir son point.
Les propriétaires de chiens devront se responsabiliser
Sans s’avancer sur la réglementation spécifique aux pitbulls, la mairesse de Châteauguay, Nathalie Simon, précise que la Ville s’apprête à revoir l’ensemble des règlements sur le contrôle animalier.
Le règlement qui interdit la présence de certaines races de chien à Châteauguay ne date pas d’hier. Il est en vigueur depuis 1990. «À l’époque, il y avait eu une série d’incidents et les villes avaient adopté ce règlement en masse», relate la mairesse. La Ville a récemment calculé qu’une soixantaine de villes avaient toujours un tel règlement. Informée qu’une pétition circulait sur le web, Mme Simon a indiqué qu’il y aura une revue de l’ensemble des règlements sur le contrôle animalier. «Les gens vont devoir se responsabiliser. On a encore eu des cas de morsures et, dans un cas, il s’agissait d’un pitbull», souligne-t-elle. Elle mentionne également qu’à l’inverse, d’autres citoyens déplorent que le règlement ne soit pas plus appliqué.
La Ville étudiera la question tant avec le département du greffe (responsable de la réglementation) que de la Sécurité publique.
La Ville de Sherbrooke avait le même règlement que Châteauguay. Depuis janvier 2015, la municipalité a revu son règlement. Les chiens dangereux sont tous traités de la même façon sans égard à la race.
Ce qu'en pense l'Ordre des vétérinaires du Québec:
L’Ordre des vétérinaires du Québec est contre le bannissement de certaines races de chien. Elle défend cette position depuis 1988, époque où de tels règlements ont fait leur apparition dans les villes. L’ordre professionnel croit que le problème est entre les mains des propriétaires des chiens et non de l’animal lui-même. «L’agressivité que démontrent certaines races de chien envers les humains est largement imputable aux méthodes de sélection génétique, d’élevage et de dressage utilisées par d’autres humains, explique l’Ordre. Il s’avère inutile de bannir une race en particulier, car une autre race pourrait prendre la relève très rapidement.»
Un règlement subjectif
L’Ordre précise également que le pitbull n’est pas une race en soit, mais plutôt plusieurs races ayant une morphologie semblable. «Combien de croisements entre des individus de races tout à fait ‘’normales’’ risquent de se voir ainsi soumis à une identification aléatoire, avec des conséquences dévastatrices!» écrivait le Dr Joël Bergeron, président de l’Ordre dans un dossier sur la question publié en 2012 dans la revue Le Vétérinarius.
Chiens interdits à Châteauguay
- Chien de race bull-terrier,
- Staffordshire bull-terrier,
- American bull-terrier,
- American Stafforshire terrier
- tout chien hybride issu d’un chien d’une de ces races.
Le même règlement est en vigueur à Beauharnois et Léry.