Châteauguay: le décès d’une dame dans une grange barricadée est accidentel
Le décès de Sonia Lefebvre, 38 ans, dans l’incendie d’un garage centenaire appartenant à la Ville de Châteauguay à l’été 2022 est d’origine accidentel, mais un tel drame pourrait être évité à l’avenir, croit le coroner Yves Lambert, chargé de faire la lumière sur cette mort violente.
Dans son rapport d’investigation dont Le Soleil de Châteauguay a obtenu copie, il formule trois recommandations à la Municipalité. D’abord, de «mettre en place une procédure afin qu’une propriété soit barricadée de façon sécuritaire». Puis, que «les employés des Travaux publics demandent l’assistance policière pour faire l’inspection complète du bâtiment pour s’assurer de la sécurité des lieux et l’absence d’occupant avant de le barricader».
Concernant la première recommandation, le maire de Châteauguay Eric Allard a affirmé, lors de la séance du conseil municipal du 15 mai, qu’un protocole a été mis en place «dès le lendemain» de cette tragédie.
Le coroner suggère aussi à la Ville d’envisager la démolition de cette propriété désaffectée du 4, chemin Haute-Rivière, fréquemment occupée illégalement. À ce sujet, le maire a indiqué que l’édifice centenaire sera démoli et que la Ville travaille sur un projet pour reconnaitre la valeur patrimoniale du site.
Décédée par asphyxie
Selon le rapport du coroner, la dame est décédée après avoir respiré de la fumée dégagée par l’incendie. Incapable de sortir du bâtiment, elle a appelé à l’aide. C’est une voisine qui a composé le 911 vers 19h55 pour rapporter l’incendie et dire qu’il y avait quelqu’un à l’intérieur.
Le coroner n’identifie pas la cause de l’incendie, mais il rapporte que le bâtiment n’est pas pourvu d’électricité. À la mezzanine, les services d’urgence ont découvert un matelas, un contenant d’alcool à fondue, une bouteille de Naphta, un briquet, des allumettes, des chandelles ainsi qu’un contenant de peinture calciné «qui semble avoir servi pour faire un feu».
La trame des événements
Vers 14h30, une voisine avait signalé que des jeunes étaient entrés par effraction à l’intérieur du garage. Des policiers s’étaient rendus sur place, mais les jeunes avaient quitté.
Vers 16h30, des employés de la Ville ont remis des meubles à l’intérieur qui avaient été sortis du garage. Ils n’ont pas inspecté le bâtiment en profondeur avant de le barricader, affirmant cependant avoir crié pour s’assurer qu’il n’y avait personne.
«Il est possible que Mme Lefebvre se soit endormie ou qu’elle n’ait pas entendu les employés de la Ville, mais il [est] plus probable qu’elle se soit cachée par crainte d’être évincée», avance le coroner.
La victime, sans adresse fixe, souffrait de schizophrénie paranoïde et d’un trouble de la personnalité limite. Elle avait aussi reçu un diagnostic de toxicomanie chronique avec dépendance aux amphétamines et à la marijuana.
«Elle a été suivie en psychiatrie dans différentes régions du Québec, mais a abandonné volontairement les soins», rapporte le Dr Lambert.
Deux jours avant son décès, elle avait été référée à un organisme de Vaudreuil par la Maison sous les arbres à Châteauguay. «Mme Lefebvre a quitté les lieux en disant qu’elle s’arrangerait par elle-même», est-il indiqué dans le rapport.