Culture

Châteauguay 1813 : la victoire par la ruse

le mardi 21 février 2023
Modifié à 14 h 42 min le 17 février 2023

Jean-Baptiste Lagacé, De Salaberry à Châteauguay, Montréal, Granger frères, entre 1921 et 1933.

Dans le rétroviseur
Une collaboration spéciale de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ).

Par Alban Berson, cartothécaire à BAnQ

En 1812, alors que les armées du Royaume-Uni sont mobilisées contre l’Empire français de Napoléon, les États-Unis en profitent pour lui déclarer la guerre. 

Le Bas-Canada est le théâtre de nombreuses opérations. Depuis leur base d’Ogdensburg, les Américains lancent plusieurs raids sur le Saint-Laurent qui entravent le ravitaillement britannique. Fin 1813, les troupes des généraux James Wilkinson d’un côté et de Wade Hampton de l’autre pénètrent au Bas-Canada et convergent vers Montréal.

Hampton s’engage avec 3000 hommes le long de la rivière Châteauguay. Mais la progression des Américains est contrariée par les embuscades tendues par le lieutenant-colonel Charles-Michel de Salaberry. Celui-ci ne dispose que de 1800 hommes, dont 300 miliciens canadiens-français. Ce sont des durs à cuire recrutés dans les quartiers malfamés de Québec et de Montréal. À ceux-ci s’ajoutent les intrépides mais peu aguerris Voltigeurs ainsi que quelques dizaines de volontaires mohawks. 

Bataille de Châteauguay, illustration du livre Le héros de Châteauguay par L. O. David, 1883. 

Le théâtre des opérations se situe près du confluent de la rivière Châteauguay et de la rivière aux Anglais. Les nombreux ravins de la zone offrent des lignes de défense naturelles. 

Les Américains, pour la plupart virginiens, ne sont pas adéquatement vêtus et souffrent du froid. Hampton met en œuvre un plan de contournement qui vire au fiasco, le terrain étant bien trop marécageux et mal connu de ses guides, qui s’égarent. Au matin du 26 octobre 1813, l’affrontement débute mal pour les Américains qui, dans un sous-bois, se prennent mutuellement pour des Britanniques et se tirent les uns sur les autres. 

Salaberry organise ses troupes de manière à donner l’illusion d’une grande supériorité numérique. Sagace, il crie ses ordres en français pour n’être pas compris de l’ennemi. Le lieutenant-colonel ouvre le feu lui-même. Il atteint un officier américain qui bascule de sa monture. Les bois résonnent alors des hourras des Mohawks embusqués sur la droite de la ligne canadienne. Les Américains croient avoir affaire au gros des troupes et canardent les arbres. Salaberry a fait disperser des clairons à travers les bois. En résonnant les uns après les autres, ils simulent une vaste armée. 

Une partie des Canadiens surgissent des bois vêtus de rouge, tirent une salve puis se retranchent avant de revenir en ayant pris soin de retourner leurs tuniques, dont le revers est blanc. Les Américains croient faire face à une autre unité. Dans le même esprit, une vingtaine de Mohawks se montrent furtivement puis disparaissent et ressurgissent plus loin, créant la confusion sur leur nombre réel. 

Après quatre heures d’échanges de tirs chaotiques lors desquels 50 Américains et seulement quatre hommes de Salaberry sont tués, Hampton bat en retraite. Apprenant l’issue de la bataille, Wilkinson se retire également. Après cette victoire canadienne, les Américains renoncent à envahir le Bas-Canada.

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Lieut.-colonel Charles de Salaberry, C. B., commandant le Régiment des Voltigeurs canadiens, illustration du livre Montreal : its history, to which is added biographical sketches, with photographs, of many of its principal citizens par le rév. J. Douglas Borthwick, 1875.