Comment Noël se passait quand grand-mère était une petite fille ?

Neuf personnes âgées ont bien voulu raconter au journal Le Soleil de Châteauguay leurs souvenirs d’enfance du temps des Fêtes, bien avant l’invention du téléphone intelligent, du GPS, des amis Facebook et même de la télévision. Les huit femmes et un homme nés entre 1921 et 1939 se sont regroupés dans une salle de la résidence Quatre Saisons à Châteauguay où ils habitent pour témoigner.  

Les mêmes poupées

Irène St-Cyr est née en 1929. L’année du grand krach boursier. Elle avait 4 ou 5 ans. «On était trois filles. On voulait des poupées. On avait reçu en cadeau nos poupées mais habillées différemment. On pleurait ! On voulait des poupées neuves, se rappelle-t-elle. Mais il n’y avait pas d’argent. Qu’est-ce que tu veux, c’était la crise.» Un livre à colorier a toutefois fait son bonheur. «Il n’y avait pas une page qui n’était pas faite», assure-t-elle. Mais plus que tout, c’est la vie de famille qui la rendait heureuse. «On avait une belle vie. Nos parents étaient ensemble. Le bonheur, c’était d’être avec nos parents. Je ne changerais pas ma jeunesse avec celle d’aujourd’hui. Les jeunes n’apprécient plus les cadeaux, ils en ont trop», soutient Mme St-Cyr.

Le petit char

«On n’avait pas grand cadeau. Une poupée en carton avec du linge à découper. Dans un bas, on trouvait une orange, une pomme, une patate aussi et peut-être un cinq sous», relate Germaine Durocher Beauchamp. Elle habitait dans le nord de Montréal. «La famille se réunissait à Saint-Henri chez grand-maman. On prenait le tramway pour y aller, le petit char. On chantait, on faisait de la musique. On mangeait de la dinde et de la tourtière», relate-t-elle. Elle aimait jouer à la bataille et au paquet voleur avec sa grand-mère, laisse-t-elle entendre.

Hockey sous la lune

Marcellin Néron avait cinq ou six ans. «Au jour de l’An, mon père nous amenait jouer au hockey sur la patinoire. La lune nous éclairait. De retour à la maison, ma mère nous donnait du chocolat chaud. C’est un beau souvenir», fait part l’homme de 88 ans. Il se rappelle d’un oncle ingénieur de locomotive qui racontait des anecdotes dans les fêtes familiales. «Il en mettait un peu. Il faisait des poop, poop ! On trouvait ça drôle, on avait le fou rire», dit-il.

Des œufs dans le sapin

«La veille de Noël, papa achetait un sapin naturel. On avait quelques boules pour le décorer. Maman prenait des œufs. Elle faisait un petit trou pour les vider puis elle les coloriait et les mettait dans l’arbre», se remémore Thérèse Laurin. Elle se rappelle qu’elle suspendait un bas après un bouton du vaisselier. Comme c’était souvent le cas à l’époque, elle y trouvait une pomme, une orange, des fruits qui n’étaient pas disponibles durant l’hiver à l’époque. «Mon père travaillait dans une manufacture de meubles. Il ne faisait pas un gros salaire», précise la dame. «J’aimais les chips !» avoue-t-elle.

Une grande poupée

Marie-Claire Payant avait cinq ou six ans. «On avait eu comme cadeau, avec ma sœur, c’était le même cadeau pour les deux, un super gros carrosse avec une grosse poupée, explique-t-elle. Mais ils avaient pris la poupée trop grosse. Elle ne rentrait pas dans le carrosse. Elle habillait du deux ans. On a gardé ça très longtemps, ma soeur et moi.»

À la messe en carriole

Ce souvenir de son enfance, Céline Petit dit le classer parmi «les douceurs de la vie» : «On était sur une ferme. L’arbre de Noël, on le faisait dans la soirée avant la messe de minuit. On se couchait puis ils nous réveillaient pour la messe de minuit. Mon beau souvenir, c’est le cheval, la voiture puis les grelots. Ils chauffaient des briques et les mettaient dans le fond de la carriole pour nous tenir au chaud. On n’était pas habillés chaudement. Même à ça on était gelés. Mais c’était le fun. Tout était illuminé. S’en aller avec le cheval et les grelots qui se faisaient aller, les gens qui arrivaient à l’église pratiquement tous en même temps, c’est vraiment un beau souvenir.»

Vraiment joyeux

Thérèse Tardivel se rappelle particulièrement les fêtes chez ses grands-parents maternels. «Il y avait beaucoup d’enfants parce que c’était toute la famille qui était invitée. On chantait, on dansait, c’était vraiment le party. C’était un régal. C’était vraiment joyeux. Pas comme aujourd’hui, a-t-elle observé. C’est pas pareil aujourd’hui. On a beau faire des partys mais c’est pas la même affaire. C’est moins familial. Mais c’est vrai qu’à notre âge la famille est moins grande. Il y a des gens qui sont partis.»

Jour de l’An important

La famille de Thérèse Brousseau ne fêtait pas Noël. «Chez nous, c’était plutôt le jour de l’An qui était important, précise-t-elle. On étendait notre bas la veille et on avait des surprises le lendemain : une pomme, une orange, deux-trois petits bonbons et des pelures de patates. Nos frères nous jouaient des tours. C’était leur façon de nous faire rire. On avait des petits cadeaux mais c’était surtout des choses pratiques. On avait des vêtements. Nous étions 11 autour de la table et, dans ce temps-là, l’argent était rare.»

On était heureux

Avant la messe de minuit, sa mère dressait la table pour le réveillon, se rappelle Rita Boyer. «On n’avait pas des gros cadeaux parce qu’on était sept. Mon père était juste journalier. Il ne faisait pas un gros salaire mais on était bien. On s’est toujours bien arrangés. On ne s’est jamais chicanés chez nous. On s’adaptait tous. On s’aimait. C’est ça qu’y avait : l’amour était dans la maison. On était heureux.»