chronique
À qui appartient le ciel ?
le lundi 17 août 2020
Modifié à 8 h 57 min le 13 août 2020
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En vacances loin de la ville, cet été, j’ai levé les yeux au ciel après le coucher du soleil.
Wow ! Des milliers de points lumineux brillaient dans le noir infini au-dessus de ma tête. La vue de toutes ces étoiles me réconforte. Elle remet les choses en perspective. Combien nous sommes petits dans l’immensité de l’univers.
Ce spectacle grandiose est offert à chacune des rotations de la Terre pour peu que l’atmosphère soit libre de nuages. Hélas, bien des créatures en sont privées en raison de la pollution lumineuse.
Dans les zones urbaines comme la banlieue de Montréal où j’habite, la portion visible des étoiles est très pauvre. C’est pathétique !
Une lueur d’espoir point toutefois à l’horizon. Plusieurs villes se convertissent actuellement à l’éclairage LED. Cette formule réduit la pollution lumineuse, selon un énoncé commun de la Fédération québécoise des municipalités et Énergère, une entreprise de services écoénergétiques.
La région de Montréal offrira peut-être un jour une réserve internationale de ciel étoilé comme celle du Mont-Mégantic.
Si une lueur d’espoir brille aussi faiblement qu’un soleil à mille milliards d’années-lumière, une ombre inquiétante se profile aussi.
Une menace plane qui pourrait faire ressembler la voûte céleste aux bandes de la patinoire du Centre Bell.
En effet, au lieu des planètes et des constellations, nos yeux verront peut-être bientôt des annonces de dentifrice, de boissons gazeuses ou de lunettes à rabais.
Déjà présente partout, la publicité aurait gagné son ciel. Pardon, notre ciel !
L’édition de février 2020 du magazine Science & Vie nous apprend que des entreprises se préparent à utiliser le royaume des oiseaux comme un écran géant. La technologie consiste à envoyer en orbite des mini satellites qui pourront former des images ou des mots. La compagnie russe StartRocket prévoit passer à l’action en janvier 2021. Elle compte utiliser 200 à 300 petits satellites pour former des publicités, fait part le reportage.
« Si cette initiative venait à se généraliser, le ciel nocturne pourrait devenir un nouveau média », indique Science & Vie.
Il n’y a pas seulement de la publicité céleste dans l’air. Pluie d’étoiles filantes artificielles, boule disco et autres divertissements figurent dans les cartons.
Ironiquement, le ciel pourrait devenir un cirque.
Et ce n’est rien de moins que notre rapport au monde qui va en pâtir. « Cela va transformer radicalement notre expérience du ciel nocturne, couper notre lien intime avec l’Univers », estime John Barentine, astronome, responsable de l’International Dark-Sky Association, cité par le magazine.
Qui eût cru qu’un jour la crainte des célèbres Gaulois que le ciel leur tombe sur la tête devienne fondée ?