Châteauguay emprunte 12 M $ pour augmenter sa production d’eau potable

La Ville de Châteauguay a adopté un règlement d’emprunt de 12 M$ à la séance régulière de septembre pour construire une nouvelle installation qui permettra de produire de 25 000 mètres cubes d’eau supplémentaires par jour.

La Ville avait d’abord évalué la possibilité de louer une unité mobile pour augmenter sa production d’eau potable. «Ça se louait 100 000 $ par année et ça nous aurait donné quelque chose comme 3 à 4000 m d’eau, a expliqué le maire Pierre Paul-Routhier en assemblée publique. Là, on va y aller à long terme dans des équipements qui vont nous appartenir et qui vont être à la fine pointe de la technologie.»

Cette nouvelle installation, qui sera construite à la Station Chèvrefils, permettra de limiter les restrictions d’eau sur le territoire, selon le maire.

Actuellement, la consommation sur le réseau de Châteauguay se chiffre autour de 35 000 m3 par jour, mais elle peut doubler et avoisiner les 65 000 m3 lors des périodes de pointe comme les canicules ou les journées d’arrosage, informe Stéphanie Gosselin, directrice des communications à la Ville de Châteauguay.

Or, ce n’est pas suffisant, puisque la Municipalité produit de l’eau potable pour desservir ses citoyens, mais elle est également tenue légalement d’en fournir aux villes membres de la Régie intermunicipale d’aqueduc de la Vallée de Châteauguay (RIAVC) soit Mercier, Saint-Isidore et Sainte-Martine ainsi qu’à la Ville de Léry. Selon Mme Gosselin, environ 25 % de l’eau produite sert à alimenter les autres villes.

«Les analyses préliminaires indiquent un besoin supplémentaire de 25 000 m3/jour, ce qui nous permettra d’augmenter notre capacité totale à environ 85 000 m3/j, et ainsi pouvoir alimenter correctement lors des périodes plus critiques, non seulement la ville, mais aussi les autres qu’elle doit alimenter», informe la porte-parole.

Prévoir les besoins futurs

Le citoyen et candidat à un poste de conseiller municipal Michel Thibault a questionné les élus sur la capacité du réseau de distribution à recevoir une quantité supplémentaire sachant que le nombre de fuites dans le réseau est très élevé. «Si on a une chaudière qui est percée et qu’on ajoute d’eau, tant qu’on ne bouche pas le trou, ça ne fonctionnera peut-être pas», illustre l’ex-journaliste.

Le maire a répondu que la Ville est justement en train d’analyser les besoins pour colmater les fuites. «Pour les débordements, ça va nous coûter 30 M$ pour être capable que notre vieille ville puisse protéger son eau. Ça, c’est une chose. Il n’en demeure pas moins que le 12 millions de dollars [pour augmenter la production] est justifié, ne serait-ce que pour les nouveaux projets [immobiliers] qu’on a».

Qui va payer ?

Le règlement d’emprunt prévoit que l’ensemble des résidents de Châteauguay seront taxés pour le rembourser. Le conseiller municipal François Le Borgne avait demandé un amendement afin que les villes desservies par Châteauguay paient leur part et que la contribution de la Ville soit plutôt fondée sur des redevances au développement de nouvelles constructions résidentielles, industrielles et commerciales bâties depuis le 1er octobre 2021.

Il proposait également que la tarification soit déterminée annuellement en fonction de la consommation d’eau de ces nouveaux bâtiments. Pour le conseiller, ce règlement d’emprunt crée «un dangereux précédent par lequel les promoteurs immobiliers et leurs acheteurs vont pouvoir alléguer que la ville a déjà payé pour l'infrastructure tout en amont et qu'elle doit payer pour toutes celles en aval. Ils pourront dire : vous avez payé pour l'usine d'eau, maintenant payez pour les tuyaux qu'il faut grossir!»

De son côté, M. Thibault avait également demandé au maire si les Villes desservies par Châteauguay paieront leur part pour le remboursement de cet emprunt. M. Routhier a répondu que ces dernières payaient en fonction de leur consommation d’eau. «Si elles consomment la même quantité d’eau, je ne vois pas pourquoi elles paieraient plus. Si elles consomment plus parce qu’elles se développent, elles vont payer plus», a-t-il dit.

Mme Gosselin a confirmé au Le Soleil de Châteauguay que la Ville pourrait être admissible à une subvention pour un projet comme celui-ci, mais qu’il est trop tôt dans le processus pour s’avancer à ce sujet. «Les demandes se font au moment de la conception et nous ne sommes pas à cette étape encore», mentionne-t-elle.