Le Dr Roger Laberge à Châteauguay célèbrera un anniversaire peu commun le 1er juillet 2013 : 50 ans à soigner les gens.

(NDLR:Cet article a été originalement publié dans le Soleil de Châteauguay le 22 juin 2013)

«Après 50 ans de pratique, j’aime encore ça comme la première journée. J’étais dans la bonne branche et je vais y rester tant que ma santé le permettra», a confié le médecin, interviewé par surprise entre deux patients mercredi dernier.

Cette première journée de pratique du 1er juillet 1963, le Dr Laberge ne l’a d’ailleurs jamais oubliée. «Je me rappelle de mon tout premier patient comme si c’était hier. Je l’avais visité à la maison à Châteauguay. Il avait une insolation.»

«Au tout début, avec ma petite valise, j’étais un peu nerveux, confie le médecin. J’avais peur de me tromper, de ne pas poser le bon diagnostic, de ne pas prescrire le bon médicament.»

Plus de 4000 accouchements

Pratiquer dans sa ville natale l’a aidé à démarrer, dit-il. «Au départ, 80 % de ma clientèle était des connaissances.»

Toute sa carrière, Roger Laberge a exercé une médecine familiale. À ce titre, il a vu naître pas mal de citoyens de la région. «J’ai réalisé au-delà de 4000 accouchements. Au début, j’en faisais 225-250 par an. C’est la plus belle chose en médecine. On travaille avec des gens heureux !»

Ces bébés sont bien souvent devenus ses patients, qui ont eu des enfants à leur tour, qui profitent des bons soins du vétéran médecin.

Patients connus par coeur

Pour le Dr Laberge, l’approche familiale constitue un grand atout. Il raconte qu’un moment donné, un stagiaire s’était étonné qu’il ne questionne pas les patients sur les maladies de leur père et leur mère. «Je lui ai dit : mon garçon, regarde cette pile de dossiers-là. Prends n’importe quel et je vais te parler jusqu’à son arrière grand-père, parce que je les sais tous par coeur ! Il a trouvé que ça avait de l’allure. Mais il avait raison de me dire ça.»

Des malades pas des maladies

S’il prend toujours soin de 2200 personnes, à 75 ans, c’est manifestement parce que le Dr Laberge aime les gens. «À Châteauguay, on a une clientèle privilégiée. Ce ne sont pas tous des gens riches mais ce sont toutes des bonnes personnes, très affables. C’est très motivant de continuer», dit-il.

«Quand j’ai été reçu médecin avec mes camarades de classe, le doyen de la faculté de médecine, Wilbrod Bonin, nous avait dit une phrase que j’ai retenue, et que j’ai essayé de mettre en pratique tout le temps. Il nous a dit : De tout ce que nous vous avons montré pendant cinq ans, dans deux ans, il y en a la moitié qui ne sera plus vraie, et, aujourd’hui, je ne peux pas vous dire quelle moitié. Et il a ajouté : j’espère que pendant ces cinq ans-là, on vous a montré à traiter des malades et non des maladies.»

C’est ainsi, par exemple, que le Docteur Laberge n’a jamais cessé ses visites à domicile. «Des gens qui venaient me voir depuis 40 ans ne sont plus capables de me visiter. Je ne suis pas capable de les laisser tomber», dit le médecin avec empathie.

Depuis quelques années, il a tout de même réduit le rythme. Il ne travaille plus que 50 heures par semaine. «Quand on en a fait 80 – 90, on se sent en vacances à 50 heures semaine», dit Roger Laberge en riant.

«Il aime ce qu’il fait», dit Louise Mageau, sa secrétaire. «Des fois, des patients reviennent me voir en disant : on (le Dr et le patient) a conté des histoires et j’ai oublié ma prescription.»

Patients reconnaissants

Ses patients apprécient énormément le Dr Laberge. «Les gens sont reconnaissants», affirme le médecin en tendant la main vers un sac cadeau. «Aujourd’hui, j’ai reçu ça. Une tasse où s’est écrit bon 75e anniversaire. C’est une patiente qui me l’a apportée», dit-il. «Dans le temps des Fêtes, ma femme n’a pas besoin de faire de tourtières ni de ketchup. Des bonnes patientes m’amènent ça. Elles savent que j’aime ça.»