Nathalie Simon, mairesse de Châteauguay et préfète de la MRC de Roussillon, était une jeune journaliste à l’été 90, alors qu’éclatait la crise d’Oka. Elle croit qu’encore aujourd’hui, on sous-estime les blessures qu’a laissées cette crise tant du côté de Châteauguay que de Kahnawake.

«Il y a d’abord eu beaucoup d’incompréhension, parce que les tensions n’ont pas commencé ici. Puis après est venue la colère. Car, du jour au lendemain, les gens ne pouvaient plus se rendre au travail sans faire des détours de plusieurs heures», se remémore Nathalie Simon, qui a passé la première nuit du blocus du pont Mercier devant les barricades, croyant que celles-ci seraient levées au petit matin. «Ça a finalement duré plus de deux mois. Et il faut l’avoir vécu pour comprendre toutes les séquelles que ça a laissées», affirme-t-elle.

Car cette crise aura créé des tensions dans les familles, des pertes d’emplois, des épuisements. Et pour ces raisons, le sujet du pont Mercier serait encore extrêmement sensible aujourd’hui, selon la mairesse.

Des avancées encourageantes

Depuis cette époque, les relations ont toutefois évolué. «On fait des efforts pour inclure Kahnawake dans les discussions des municipalités sur les grands enjeux du secteur, indique Mme Simon, notamment dans les dossiers du développement du territoire et du transport. Et il ne faut pas oublier que nos frontières ne sont pas imperméables : des familles viennent ici, des enfants fréquentes nos écoles. Ce qu’on remarque, c’est qu’il y a une plus grande stabilité au niveau social, avec des groupes communautaires qui travaillent ensemble. Et ça, c’est déjà un beau signe qu’il y a des choses qui fonctionnent», observe-t-elle.

Quant au retour de l’ancien Grand Chef Joe Norton à la tête du conseil de bande de Kahanwake, Mme Simon, qui mentionne avoir beaucoup apprécié travailler avec le Grand Chef sortant Michael Delisle, dit bien vouloir laisser la chance au coureur.