En cette douzième journée de blocus des voies ferrées au pays, notamment à Khanawake, le premier ministre du Canada Justin Trudeau demande aux Canadiens «d’être patients», car selon lui c’est par le dialogue que se réglera la crise qui a mené aux perturbations ferroviaires.

Des manifestants bloquent des rails de train depuis plus d’une semaine en guise de soutien à la communauté Wet’suwet’en, en Colombie-Britannique où des chefs héréditaires s’opposent à un projet de gazoduc sur leur territoire.

Dans un discours prononcé à la Chambre des communes en matinée le mardi 18 février, Justin Trudeau a insisté sur le fait qu’il souhaitait trouver une «solution pacifique» à ce conflit. «Il y en a qui aimeraient qu’on agisse à la va-vite ou qu’on utilise la force. La patience est peut-être rare de nos jours elle est d’autant plus précieuse plus que jamais», a commenté le premier ministre.

Le chef conservateur Andrew Sheer a de son côté critiqué le gouvernement fédéral. «On s’attendait à une annonce, à  un plan d’action concret. Personne n’a le droit de prendre notre économie en otage», a réagi M. Sheer en faisant référence au fait que le transport de passagers et de marchandises était paralysé depuis une semaine.

Le premier ministre du Québec François Legault, a dit en point de presse en après-midi, qu’il n’était pas satisfait du discours de son homologue fédéral. «La situation ne fait qu’empirer», a-t-il exprimé. M. Legault craint, entre autres, un embouteillage au port de Montréal, car des marchandises ne peuvent pas être livrées par train.

Les chefs autochtones réagissent

Juste avant le discours du premier ministre canadien, cinq grands chefs de l’Assemblée des premières nations, dont le grand chef  de Kahnawake Joseph Tokwiro Norton, ont pris la parole devant les médias à Ottawa. Ceux-ci ont aussi parlé d’un appel au dialogue. Le chef national de l’Assemblée des Premières nations Perry Bellegrade a rappelé que la communauté Wet’suwet’en avait formulé trois demandes pour résoudre la crise : que la Gendarmerie royale du Canada se retire de leur territoire traditionnel; que les responsables de l’industrie pétrolière soient ouverts à différentes options dans leur projet et qu’un processus formel soit mis en place avec l’État.

Le grand chef de Kahnawake a, quant à lui, souligné que la situation lui rappelait des souvenirs, lui qui était grand chef à l’époque de la crise d’Oka en 1990. Il croit que la relation doit changer entre les gouvernements et les Premières nations. Il a également souligné que les revendications environnementales des autochtones trouvaient aussi écho chez des Canadiens, en particulier chez les jeunes. «Vos jeunes savent que ça concerne leur avenir également. Ils sont sensibilisés à l’environnement. Ils comprennent que les deux forces peuvent s’unir, mentionne M. Norton. On défend notre territoire, notre environnement, mais pas seulement le nôtre, celui de tous les Canadiens.»

Le blocus ferroviaire à Kahnawake empêche notamment le train de banlieue de la ligne Exo 4 qui relie Candiac à Montréal de circuler. Par voie de communiqué le 14 février, la députée fédérale de Châteauguay-Lacolle Brenda Shanahan a indiqué avoir reçu de nombreux appels et courriels de citoyens de la circonscription concernant l’annulation du train de banlieue. «Je comprends leur frustration et je les remercie pour leur patience et leur compréhension. Je suis en contact avec les ministres fédéraux concernés et mon homologue provinciale et je tiendrai la population informée de l’évolution de la situation», mentionne Mme Shanahan.