Mon cher Québec, c’est à ton tour de te laisser parler d’amour. D’écouter la chorale d’étoiles groupées dans l’une de tes nuits les plus courtes.

Ta fête tombe bien. Le solstice d’été est un beau moment pour célébrer. Avec l’aurore si loin du crépuscule, la clarté étirée au maximum. Du vent chaud sur la peau.

À condition que tu ne te trompes pas de page de calendrier. Il arrive que ton 24 juin ressemble à un 12 novembre. Avec de la pluie.

Mais, pour la pluie, il ne faut pas trop t’en vouloir. C’est un cadeau du ciel. Tu es un géant qui tire son énergie de l’eau. C’est la source de ta force qui nous éclaire, nous réchauffe, transforme la matière en biens. C’est ta beauté, ton essence. Sous forme liquide ou gelée. La neige, la glace ont posé de grands défis à tes premiers habitants. Elles menaçaient la survie. Ta froidure nous a forcés à nous dépasser. On a fini par s’en amuser. Comme en livrant bataille pour la Coupe Stanley.

Mon Québec plein de contrastes. Tantôt glacial, tantôt tropical. Qui passe du blanc aux verts au rouge et ocre au fil des mois. Tes variations nous permettent de goûter les temps qu’on aime le mieux. C’est cliché mais l’hiver nous fait apprécier le printemps. Encore cliché, mais je me compte chanceux d’être né dans ton décor. À cette époque-ci. Car tu as eu des périodes moins glorieuses, avant de tranquilles révolutions.

Voir le jour ici, ça représente un excellent départ dans la vie. Sans faire d’effort ni rien, t’es plus riche et mieux entouré que des centaines de millions de Terriens. Je pense à mes amis à Cuba. Fernando, brillant médecin spécialiste. Il travaille comme un fou. Pour l’équivalent de 75 $ par mois. Ce maigre salaire, il en verse pratiquement la moitié à un homme qui prend soin de ses parents à l’autonomie perdue. «Je dois lui payer un dollar par jour parce que c’est ce qui se paye dans un restaurant», explique mon ami. S’il avait eu la chance de naître dans une de tes villes, cher Québec, avec le même talent, la même ardeur à l’ouvrage, il gagnerait des centaines de milliers de dollars par année. Et, bien sûr, il y a sur cette terre des humains qui vivent dans des conditions encore bien plus terribles. Guerres. Tsunamis. Dictatures. Pour plusieurs, l’exil est la seule voie possible. Pour contrer le mauvais hasard de la naissance, ils doivent aller ailleurs. Et tu fais partie de ces ailleurs.

Mon beau Québec, terre de diversité, heureux univers cher !