Un ancien homme d’affaires de la région, aujourd’hui mentor pour plusieurs jeunes entrepreneurs, vient de recevoir un doctorat honorifique d’une université américaine, où il s’est impliqué pendant de nombreuses années. «C’est pour moi une grande surprise qui vient couronner une vie de bénévolat débutée après ma retraite», confie le nouveau diplômé.

À 85 ans, Jean-Claude Marchand croit avoir encore beaucoup à partager. «La plupart des retraités sous-estiment la valeur de l’expérience qu’ils ont acquise dans leur vie, confie-t-il lors d’une entrevue accordée au Journal le Soleil de Châteauguay. J’aimerais qu’ils comprennent qu’il y a encore beaucoup de choses possibles après 60 ans».

Seconde carrière

Dans sa première vie, le Châteauguois originaire de Gatineau a créé son entreprise, Laurentian Valve & Fittings, à Ville Saint-Laurent, qu’il a pilotée pendant une trentaine d’années avant de la vendre. C’est alors que débute ce qu’il nomme sa «seconde carrière». «J’ai plongé dans le bénévolat en devenant, entre autres, mentor avec la Fondation de l’entrepreneuriat du Québec», relate-t-il.

Entre-temps, il retourne à l’école et obtient, à 70 ans, un MBA de l’école des sciences de la gestion de l’UQAM. Suivant quoi l’UQAM l’aide à mettre sur pied un cours sur la création d’entreprise. Sujet qu’il enseignera à titre de chargé de cours pendant huit ans. «Les étudiants appréciaient un cours basé sur l’expérience et le vécu, plutôt que sur la théorie. Pour moi, ç’a été une belle fin de carrière.»

Ici et ailleurs

Il est ensuite devenu une personne ressource au Paul Smith’s College, une petite université privée située dans l’état de New York. Celle qui lui a décerné, le 20 mai, un doctorat honorifique. Il s’y rendait chaque trimestre pour parler des relations d’affaires USA-Canada. Il a également organisé des visites d’étudiants américains dans les universités montréalaises. De ce côté de la frontière, il a participé à la création du Centre de l’entrepreneurship technologique (Centech) à l’École de technologie supérieure (ÉTS). Un programme d’accompagnement pour les ingénieurs diplômés qui voudraient se lancer en affaires. Il a de plus créé une bourse au nom de sa mère, la bourse Clémentine Pilon-Marchand, pour épauler les femmes ingénieures.

Hausse des entrepreneurs québécois

Après ces 30 ans d’implication active, l’octogénaire trace un bilan plutôt positif de la progression de l’entrepreneuriat au Québec. «On a accompli un rattrapage marqué au Québec, observe-t-il. J’ai vu l’esprit changer au cours de ma vie de mentor : les gens qui se lancent en affaires sont en forte hausse.» Et il faut continuer de créer, selon lui, «puisque l’entrepreneuriat reste une richesse pour notre économie collective, dit-il. Les compagnies qui sont créées ici, qui ont leurs racines dans la communauté, restent bien souvent dans la communauté.»

 

La recette du succès :

La plus grande qualité d’un entrepreneur, selon Jean Claude Marchand, est sa capacité de privilégier «le bénéfice futur plutôt que la gratification du présent». «Je dis souvent occupe-toi de ton entreprise d’abord et elle s’occupera de toi ensuite, avise-t-il. Parfois, des entrepreneurs qui débutent cherchent immédiatement la richesse. C’est une erreur, selon moi. Car bien souvent, ceux qui réussissent sont devenus riches par conséquence plutôt que par objectif. Ceux qui sont capables de réinvestir les premiers 10 000$ de profits dans l’avenir de leur compagnie, plutôt que de les garder pour eux-mêmes, ont souvent de beaux succès d’entreprise», illustre l’ancien homme d’affaires.