Économie

Gens d'affaires : Planifier sa retraite «ça ne fait pas mourir»

le mercredi 07 mars 2018
Modifié à 21 h 37 min le 07 mars 2018
Par Production Gravite

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(Texte de Joëlle Bergeron) Pour aider les entrepreneurs à passer le flambeau de façon progressive et harmonieuse, la conseillère en gestion de reprise entrepreneuriale, Martine Deschamps, a écrit le livre Planifier sa retraite ou sa relève… ça ne fait pas mourir! «Je trouvais que la littérature disponible sur le sujet était très technique, explique l’auteure de Châteauguay. Avec un bon comptable ou fiscaliste, c’est facile d’y voir clair, mais je trouvais que l’approche manquait d’humanité. Une entreprise, c’est avant tout des êtres humains et il y a toute une préparation psychologique à faire avant de pouvoir la léguer.» Comme plusieurs baby-boomers sont à l’aube de la retraite, la spécialiste trouve que son livre tombe à point. «Le phénomène de l’entrepreneuriat est assez récent au Québec, expose-t-elle. C’est autour de 1950 que les Québécois ont commencé à fonder leurs propres entreprises. Avant, on travaillait pour les autres (des Américains, des familles juives, etc.) Alors c’est normal qu’il nous reste encore du chemin à faire du côté de la passation.» Andropause et ménopause Pour aborder les tabous liés à la planification de la relève et de la retraite, Mme Deschamps s’est entourée de divers spécialistes. Elle transmet notamment les outils du Dr Jean Drouin, fondateur de la Clinique d’andropause de Québec, pour détecter les symptômes de la ménopause et de l’andropause. «On parle souvent de la ménopause des femmes, mais le débalancement hormonal que cause l’andropause chez les hommes est encore méconnu, affirme Mme Deschamps. Les symptômes de l’andropause s’apparentent à ceux de la dépression et les deux peuvent être confondus.» La fondatrice de Syneraction management trouvait important d’aborder la question, puisque les symptômes surviennent souvent au moment où l’entrepreneur songe à préparer sa retraite. «J’ai réalisé que la moitié de ma clientèle, les cédants, était aux prises avec ce phénomène et que je ne pouvais pas faire comme si cela n’existait pas», indique-t-elle.
 Nous ne sommes pas immortels
Mme Deschamps affirme qu’il n’est jamais trop tôt pour penser à la pérennité de son entreprise. «Est-ce que l’entrepreneur souhaite que son entreprise lui survive ou pas? Il n’y a personne d’immortel et si on ne se charge pas de ce dossier-là nous-mêmes, c’est la vie qui s’en chargera», image-t-elle. Pour donner un exemple concret, l’auteure rapporte le témoignage d’une fille dont le père, un homme d’affaires prospère de 59 ans, est décédé de façon subite, sans avoir établi de plan de transfert pour ses entreprises. «Ce fut pour nous, l’apocalypse, un tsunami corporatif, raconte sa fille dans le livre. À peine 24 heures après sa mort, nous sommes convoqués à la banque (son frère et elle) et on nous demande ce que nous avions envisagé comme plan d’action! C’était la panique chez les banquiers et les fournisseurs.» La spécialiste explique que le plan de relève est essentiel. Il faut le planifier au moins dix ans avant l’échéancier fixé pour la retraite, puisqu’il faudra bien souvent deux ou trois personnes pour remplacer le fondateur. «Même si les gens sont très engagés et investis, ils ne souhaitent pas faire du 100 heures par semaine. Si le fondateur, lui, n’a jamais compté ses heures, ces successeurs feront autrement et il faut le prévoir.»   Départ à la retraite 98 000 Selon une enquête menée par le Centre de vigie et de recherche sur la culture entrepreneuriale de la Fondation de l’entrepreneurship, 98 000 entrepreneurs délaisseront leur entreprise pour profiter d’une retraite d’ici 2020 alors qu’à peine 60 000 personnes ont déclaré vouloir reprendre le flambeau, ce qui représente un déficit de 38 000 releveurs.