Les producteurs Jean-François Riendeau et Sylvie Thériault de Sainte-Martine modifient leurs pratiques agricoles depuis plusieurs années. En 2022, ils ont franchi un pas de plus en se joignant au programme Agrisolutions climat du gouvernement fédéral. Leur but : diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre, prioriser la santé de leurs terres agricoles et rendre leur entreprise résiliente aux changements climatiques.
«Les changements climatiques, on les voit, témoigne M. Riendeau. [Cette année, on a connu] une sécheresse comme je n’en ai jamais vue.»
Le couple amplifie la semence de cultures de couverture aux champs. Le trèfle incarnat, le radis fourrager et le ray-grass sont visibles entre les rangs de leurs productions de maïs, soya et blé d’automne. Ces choix de cultures permettent à M. Riendeau de compter sur «des sols plus vivants».
Le couple Thériault-Riendeau privilégie également l’infiltration d’une quantité d’azote «optimale» dans le sol en fonction des productions.
Résultats: «il y a moins de travail au sol au printemps, moins de mauvaises herbes, moins de pétrole utilisé. On a baissé de 40 % l’utilisation de diesel. Les rendements sont stables et les sols plus aérés. Cette année, avec une année sèche, ça paraît», explique Jean-François Riendeau. Le printemps a été pluvieux, se souvient-il. Puis, l’été a fait place à la sécheresse à Sainte-Martine.
D’autres pratiques agricoles s’ajoutent chez les Thériault-Riendeau, dont le travail de la terre en semi-direct. Fini le labourage des sols à l’aide de la machinerie agricole.
M. Riendeau et Mme Thériault poursuivront leur aventure avec Agrisolutions climat jusqu’en 2028, le programme est reconduit grâce à une enveloppe supplémentaire de 38 M$ d’Agriculture et Agroalimentaire Canada. Les producteurs de Sainte-Martine pourront profiter d’une aide financière maximale de 100 000 $ pour la période 2022-2028.

Grand intérêt des producteurs
Dès sa première année, le programme a suscité l’intérêt des producteurs. Au total, 88 entreprises du Québec ont participé à la gestion de l’azote au champ et 618 ont ajouté les cultures de couverture à leurs productions, explique Ghalia Chahine, coordonnatrice environnement à l’Union des producteurs agricoles (UPA). En 2023, 142 sites liés à la gestion de l’azote étaient définis en Montérégie et 470 producteurs ont choisi les cultures de couverture, toujours en Montérégie. «C’est une courbe de croissance assez phénoménale», souligne Mme Chahine.
L’année suivante, 418 entreprises de la Montérégie ont obtenu une aide financière via le programme Agrisolutions climat. Il s’agit de la région où le nombre de participants s’avère le plus élevé, suivi du Centre-du-Québec avec 289 participants.
Des pratiques agricoles pour agir
Le président général de l’Union des producteurs agricoles Martin Caron salue le choix de nombreux producteurs qui «plutôt que de subir, [ils] décident d’agir».
À l’heure actuelle, 403 producteurs québécois gèrent la teneur en azote de leurs terres sur des superficies équivalentes à «environ 6000 terrains de soccer» et 2400 producteurs qui pratiquent les cultures de couverture sur 156 500 hectares, «un espace qui correspond à 1/5 de la Montérégie».
Les agriculteurs sont les mieux placés pour protéger l’environnement et renforcer la compétitivité des fermes, selon la secrétaire parlementaire du ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire du Canada Sophie Chatel. «Pour moi, l’environnement, l’économie, la compétitivité, la rentabilité vont main dans la main. Le secteur agricole et agroalimentaire au Canada a une des meilleures réputations au monde pour la qualité des produits que l’on fait et la qualité de nos pratiques environnementales», convient-elle.
Le président de l’UPA Montérégie Jérémie Letellier ajoute que le programme Agrisolutions climat interpelle la relève agricole. «On entend parler beaucoup chez ces jeunes d’écoanxiété. Plusieurs de ces jeunes sont dans l’action. On met en place des cultures de couverture, on met en place des mesures pour réduire l’apport en azote, notre impact sur l’environnement. C’est stimulant pour eux, Ça sert d’incubateur pour ces jeunes», conclut-il.


