Le visage des directions d’école a beaucoup changé dans les deux dernières décennies.

La fonction était auparavant occupée principalement par des hommes, dans un monde où les femmes dominaient dans les classes, alors qu’aujourd’hui, ce sont majoritairement des femmes à la tête de nos écoles.

Si plus de femmes dirigent les milieux scolaires, c’est notamment parce que le travail de directeur a beaucoup évolué, selon la présidente de la Commission scolaire des Grandes-Seigneuries, Marie-Louise Kerneïs. «Avant, être directeur c’était surtout une tâche d’administration alors qu’aujourd’hui ce n’est plus du tout ça, explique Mme Kerneïs. Les directions ont maintenant un grand rôle de leader pédagogique.»

L’image du directeur a également changé, ce n’est plus seulement celle du préfet de discipline que les élèves vont visiter quand ça va mal dans la classe. Le Soleil de Châteauguay a rencontré la directrice de l’école primaire de la Rive de Châteauguay Chantal Deslauriers alors qu’elle participait à l’activité de patinage organisée par l’école au Centre multisport. «Je m’implique beaucoup dans les activités et j’ai besoin de reconnecter avec les jeunes. Quand je fais trop de bureau, c’est pratiquement déprimant. Ce n’est pas pour ça que je suis en direction», mentionne-t-elle.

Elle précise tout de même qu’elle a parfois un rôle de discipline à faire. «C’est sûr que des enfants viennent encore dans mon bureau et ils pleurent, même si je vais patiner avec eux. Ils savent qu’ils sont rendus à l’étape ultime», explique-t-elle.

Un travail d’équipe

Lina Ouimet, directrice de l’école primaire Saint-Joseph de Mercier depuis cinq ans, ne se perçoit pas non plus comme celle qui fait régner l’ordre. «Je me vois comme une petite roue dans un engrenage, dans un système composé des parents, des membres de mon équipe, dont l’objectif est d’aider l’enfant à réussir et à se développer à son plein potentiel», illustre-t-elle.

La directrice de l’école Saint-Joseph à Mercier (Photo : Gracieuseté)

Des défis

Elles conviennent que gérer une école de plusieurs centaines d’élèves comporte son lot de défis et exige un grand nombre d’heures d’ouvrage. «Ce n’est pas un travail facile, reconnait Mme Deslauriers. C’est stressant. Tu ne sais jamais comment se passera ta journée. Tu peux avoir une journée où tu n’as pas de rendez-vous de planifié, ça peut être la pire de ton année.» Les directrices gèrent le budget, les ressources humaines, les ressources matérielles, par exemple à l’occasion de rénovation d’école, en plus de développer des outils ou projets pour leur école. «Faut être passionnée d’éducation à la base», croit Mme Ouimet.

L’influence de la famille

De son côté, on pourrait dire qu’elle est tombée dans la marmite éducative lorsqu’elle était petite, car sa mère et quatre de ses tantes ont été enseignantes. «Ma mère c’est mon plus grand modèle. Elle a enseigné toute sa vie. Le seul moment où elle a arrêté, c’est trois mois après ma naissance», raconte Mme Ouimet. Elle a elle-même toujours soif d’apprendre puisqu’elle entame sa troisième maîtrise.

La famille a également eu une influence dans le choix de Mme Deslauriers de faire le saut dans la direction d’école. «Ma famille y croyait plus que moi. Je leur disais : vous savez, vous allez être négligés. Ils me voyaient là-dedans et m’encourageaient», explique la mère de deux enfants. Elle souhaite maintenant être un modèle pour ses deux filles devenues adultes. «Je veux qu’elles sachent que rien ne peut les empêcher de faire ce qu’elles veulent», confie-t-elle.

L’équilibre par le sport  

Malgré leur agenda chargé, les deux directrices consacrent du temps à l’activité physique, car cela leur permet de maintenir un équilibre dans leur vie. Ne reculant devant rien, Mme Deslauriers et Mme Ouimet ont décidé de s’impliquer cette année dans le Grand Défi Pierre-Lavoie en participant au défi du 1000 km en juin avec trois autres collègues féminines à la commission scolaire.

Cette équipe fait d’ailleurs partie des trois équipes coups de cœur de la province. En plus de veiller au bon fonctionnement de leur école, elles s’entraînent et amassent des sous pour une cause destinée aux enfants. Passionnées, vous dites? Difficile d’en douter.

Pas de favoritisme féminin

À la Commission scolaire des Grandes-Seigneuries, lorsque vient le temps de recruter un directeur, le sexe de la personne n’a pas d’influence, indique la présidente de la Commission scolaire Marie-Louise Kerneïs. «Les candidats sont choisis en fonction de leurs compétences et de leurs expériences», explique-t-elle. Comme les directeurs sont issus du milieu enseignant et que les femmes y sont majoritaires, il est naturel pour Mme Kerneïs qu’un plus grand nombre d’entre elles accèdent à des postes de cadres.

Féminisation de l’emploi

73% :Pour l’année scolaire actuelle, le secteur ouest (Châteauguay, Mercier, Saint-Isidore) de la Commission scolaire des Grandes-Seigneuries compte 73 % de postes de directions occupés par des femmes, soit 17 sur 23. Si on recule de près de 30 ans, en 1989, à l’échelle de la province c’était plutôt l’inverse. 72 % des postes étaient occupés par des hommes.