L’artiste Steven Spazuk, de Léry, spécialiste du dessin à la chandelle, a immortalisé des portraits d’étudiants du Mexique portés disparus depuis 2014.

C’est dans le cadre d’une campagne de sensibilisation d’Amnistie internationale que le Léryverain a été contacté pour réaliser le concept. «Premièrement, c’est en lien avec mes valeurs parce qu’Amnistie internationale défend les droits humains, et leur logo est une chandelle, le lien se fait. Quelqu’un dessine avec une chandelle, c’est un spot publicitaire, ça fait du sens», commente-t-il.

Le créateur a investi deux semaines de son temps pour achever l’œuvre sensible.

Les 43 portraits ont été créés chez lui. L’idée était de réaliser une vidéo publicitaire dans un studio à Madrid en Espagne où Spazuk fait la narration de sa vision pour conscientiser le monde entier à ces cas de disparitions forcées. L’artiste s’est imprégné du sujet au fil de ses recherches.

«Quand je faisais les portraits, j’avais la face de José ou de Sergio devant moi et je pensais à ses parents. Ces garçons sont âgés de 18 à 22 ans et j’ai un garçon de 19 ans. Je me mettais dans la peau des parents. Ils ont perdu leur enfant, mais ils ne savent même pas s’il est mort. Ils ne savent pas il est où. C’est une torture constante. Tu ne peux pas faire ton deuil de ça», fait-il observer.

Soucieux du détail

À certains moments, il devait se distancier des quelques dessins qu’il produisait par jour. «Je me disais; c’est hyper important que chacun de ces portraits soient le mieux fait possible, parce que, je me mets à la place de ces parents. Quand ils vont voir cette communication, ils vont chercher leur enfant et il faut que leur enfant soit ressemblant, je ne peux pas en négliger un seul. Ça me mettait un stress sur chacun. J’ai mis beaucoup d’effort à les faire le mieux possible», raconte-t-il.

Le principal intéressé songe à élaborer une levée de fonds en vendant les portraits. Il compte remettre les fonds à Amnistie internationale. Entre temps, Spazuk veut réanimer son lien avec l’artiste mexicain Paulo Jacobo Alonso Leon pour jumeler son travail au sien sur le même thème. Il envisage exposer le résultat de leur collaboration à un musée de la ville de Mexico.

Pour les curieux, il est possible de voir une série de ses œuvres à l’exposition Spazuk – Dialogue autour du feu, à la galerie Arts Sutton, jusqu’au 11 septembre.

Les disparus d’Iguala

Pour commémorer la Journée internationale des personnes disparues, nommée le 30 août, Amnistie internationale a choisi d’axer sa campagne publicitaire sur le cas des enlèvements de la ville d’Iguala, dans l’État de Guerrero, au Mexique. La disparition forcée de 43 étudiants de l’école Normale Rurale de Ayotzinapa survenue en septembre 2014 n’est pas résolue. Selon l’organisme dédié aux droits humains, au Mexique, près de 25 000 personnes manquent à l’appel depuis 2007.